XII. La vérité sur Flore

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Je pense que cette salle de classe délaissée va devenir mon refuge, la pièce où je pourrais penser ou même verser une larme sans avoir peur du regard des autres. Je sais ce qu'ils pensent, ils doivent tous se dire que je suis le frère asociale, le perturbé, le moins bien des deux jumeaux et encore pleins d'autres caractéristiques me reflétant, même si je ne l'assume pas entièrement, je m'en rends bien compte, je suis celui d'entre nous qui manquerait le moins, voir, pas du tout.

Même si Laurys n'était pas lui même quand il m'a dit que je courrais derrière sa copine, au fond, il n'avait pas tord. Lina continue à me rendre encore plus faible que je le suis. Mais pour ce qui est d'Alice, il a tord, je ne suis pas attiré par ses formes, encore moins par son caractère impulsif et incroyablement lunatique qui m'agace à un haut point, même si cela peut être, à certains moments, assez marrant, cela reste dérangeant.

J'ai toujours cette impression que personne ne me comprend, que personne n'arrive à percevoir ce que je ressens vraiment, tout le monde imagine que tout m'est indifférent, seul Flore aurait pu détecter chaque sentiment que je ressens à chaque seconde. Nous nous ressemblions tellement que rien ne pouvait échapper à l'autre, et cela, malgré notre différence d'âge. Enfin, il y a une fois où je n'ai pas réussi à détecter ce qu'elle ressentait, où je n'ai pas vu ce qu'elle cachait au plus profond d'elle et cela a causé sa disparition dans ma vie. Je me demande presque tous les jours si je m'en étais rendu compte, les choses se seraient passées différemment, si j'aurais pu l'aider, malgré mon jeune âge.

Elle me manque... Tout chez elle me manque... Son sourire, son odeur, sa voix, sa joie, tout, rien ne me déplaisait chez elle. Nous nous ressemblions fort physiquement. Nos yeux et nos cheveux possédaient les mêmes couleurs, tout comme notre peau pâle. Nous étions des opposés niveau personnalité, sauf sur la réserve de nos sentiments, sinon, le reste du temps, nous ne nous ressemblions pas mais cela nous a rendu encore plus proche et ce partage entre nous qui n'existe plus que dans mon cœur continue à me détruire à petits feux chaque jours. J'ai l'impression que cette douleur plus grande que toutes les autres que j'ai pu rencontrer dans ma vie va me détruire, m'écraser et se moquer de moi pour le restant de ma vie. Cela fait trois ans qu'elle reste collée à moi, pourquoi s'en irait-elle?

Je laissais cette larme couler sur la joue, pour une fois que j'ai le droit de laisser mes émotions s'échapper sans être jugées, je n'arrêterais ce moment pour rien au monde. Enfin, quand la porte de cette classe abandonnée s'ouvrit, je passais instantanément ma main sur mes joues.

- Oh... Aiden, fit-elle déçue.

- C'est moi.

- As-tu vu ton frère? Il est introuvable, reprit-elle.

- Non, répondis-je froidement.

Tout ce que je veux, c'est qu'elle s'en aille, je ne veux pas que cet Ara bleu me voit dans ce moment vulnérable.

- Tu vas bien?

Quelle question idiote.

- Alice, peux-tu t'en aller? S'il te plaît...

Elle ne songea pas une seule seconde à obéir à ma demande et referma la porte derrière elle pour ensuite, s'asseoir par terre, juste à côté de moi.

- Je n'aurais jamais cru voir des sentiments sur ton visage, fit-elle avec humour.

Je pouffais et laissas ma tête s'appuyer sur le mur, me donnant une vue sur ce plafond aussi vieux que le pays.

- Dis-moi ce qui se passe.

Elle dirigea son regard vers ma main et s'attarda sur la photo de Flore.

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