Le Pari (Laucy)

Chapitre 14

19h30 : " Inconnu à Lauren : C'est Lucy, viens vite j'ai un problème " 

Je me redresse de mon lit, brusquement. Mon cœur bat tellement fort qu'il arrache ma poitrine. Je suis surprise, troublée et ma respiration s'accélère. Je m'en voudrais plus tard de réagir comme ça, mais là je m'en fous. Je me relève de mon lit et j'enfile un jean. Je ne ressens même pas la douleur à mon épaule tellement je suis chamboulée. Je ne sais pas comment Lucy a eu mon numéro, je ne sais pas pourquoi elle veut que je vienne moi, je suis perdue et surprise. Je ne l'ai plus vu depuis trois jours, je ne suis pas allée au lac, et je ne suis pas allée en cours par rapport à mon épaule. 

Je descends les escaliers à toute vitesse, mes parents sont à un dîner et ça m'arrange beaucoup. J'ai reçu ma nouvelle voiture hier, mais mon père ne veut pas que je la conduise, mais là, j'en ai rien à faire de son ordre. J'entre dans son grand bureau et j'ouvre le premier tiroir où il cache les choses qu'il refuse que je touche ou fasse. Il croit que je ne connais pas cette cachette, mais je la connais. 

Je prends la clef et je prends le temps de bien tout remettre en place. Je me dépêche de sortir et de fermer la porte de son bureau. J'éteins toutes les lumières et je me dirige dans le garage. Ma voiture est différente de celle que j'avais avant. Elle est un peu plus grosse et elle roule moins vite. Je monte et je démarre d'un coup sec en repensant au message de Lucy. 

Pendant la route, je me pose mille questions. Je me demande où elle peut se trouver, je me demande ce qui lui arrive, et je me demande pourquoi elle a envoyé ce message à moi. Je relis plusieurs fois son message pendant un feu rouge. Mon ventre se serre à chaque accélération que je fais. J'ai peur de découvrir le problème de Lucy, j'ai peur de ressentir ce sentiment de peine quand je vais croiser ses yeux. J'ai peur d'échouer. J'angoisse à l'idée de la revoir après trois jours. J'ai peur. 

Je roule devant le lac et je m'arrête quelques instants pour regarder l'horizon. Il n'y aucune ombre de Lucy et je commence à paniquer parce que le problème de Lucy peut s'aggraver si j'arrive trop tard. Je re-démarre à toute vitesse. Elle se fait peut être frapper par les deux jumeaux qui l'avaient frappée au parking du lycée, quand je ne la connaissais pas trop. Elle est peut être dans mon endroit, sur le toit, entrain de pleurer. Elle est peut être...

Je panique et je rate une vitesse. La voiture s'arrête et je pile. Ma tête part en avant mais la ceinture bloque mon torse. Je respire fort, car la peur a bloqué mon souffle. Les images de mon accidents ré-surgissent et mes mains se crispent sur le volant. Je secoue la tête, je ne dois pas laisser ces souvenirs me figer et me bloquer. Je dois me reprendre, Lucy a besoin de moi. 

Je re-démarre et je prends l'autre route, qui mène au centre de Londres, chez Lucy. Il y a trois jours encore, je n'arrêtais pas de me dire que je devais m'en foutre d'elle, que je devais simplement jouer un jeu, un rôle, un pari. Je devais mettre sa souffrance de côté et essayer de la faire tomber amoureuse de moi. J'avais cette puissante haine en moi, qui m'aidait à repousser mes limites et à tenter d'embrasser Lucy. Mais là, j'ai seulement ce sentiment d'inquiétude. 

Je roule vite, car les routes sont vides en ce mercredi soir. J'ai les mains tremblantes, et je ne sais pas si c'est parce que j'ai peur par rapport à Lucy, ou bien de rouler alors que j'ai eu un accident de voiture il y deux semaines. Mais j'oublie ces pensés, je ne me focalise que sur Lucy. Et plus je roule, plus je regrette d'avoir ressenti ce sentiment de pitié et de haine envers elle alors qu'elle n'a rien demandé. Je regrette de m'être laissé emporter par les moqueries de Dylan et d'avoir mise de côté la souffrance de Lucy.

Plus je pense, et plus j'arrive proche de sa maison. Je m'imagine tout les problèmes possibles. Je ne sais pas si elle est chez elle, je ne sais rien et mon ventre commence à se tordre encore plus fort. J'arrive dans sa rue, qui paraît calme. Je roule moins vite et j'arrive devant chez elle. Je respire de soulagement quand il n'y a pas de fumée ou de feu. Je sors de la voiture et je me précipite vers son portillon. Je ne sais pas si je dois sonner, escalader ce portillon si Lucy ne réponds pas ou si je dois l'appeler. Mais je sonne sur l'interphone, et j'attends.