Chapitre 10

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Le médecin me demande de me rappeler les dernières choses que j'ai faites et vécues avant de me prendre une voiture en pleine face. Alors j'essaye de me rappeler chaque détail. 

La pluie tapait contre ma voiture. Il était vingt et une heure. Ma voiture était garée sur le trottoir, à côté de la forêt et face au lac.Je mangeais mon menu, j'étais légèrement troublée du comportement de Lucy. Depuis qu'on avait commandé au fast-food, elle n'avait plus parlé. Elle s'était renfermée dans sa carapace. Je n'aimais pas le silence qu'il y avait entre nous. C'était un silence gênant, je sentais que Lucy avait honte, qu'elle était mal à l'aise et qu'elle voulait partir. Je la sentais regretter son comportement. 

Je la regardais légèrement. Elle mangeait doucement son hamburger. J'avais l'impression qu'elle se forçait. Qu'elle se forçait à manger. Elle n'a même pas mangé ses frites, alors je lui ai demandé si je pouvais les manger à sa place, pour essayer de briser le silence. Sauf que Lucy a simplement hoché la tête. Et j'avais compris qu'elle ne voulait pas parler, ni même me regarder. Elle était dans son monde, elle regardait le lac. Je crois même qu'elle avait oublié ma présence.

Puis, elle m'a demandée de la ramener. Alors j'ai fermé ma bouche et je l'ai fait. Je l'ai ramené dans le plus grand des silences. Lucy regardait par la fenêtre et ne m'a pas calculée. Elle était dans ses pensés. Je me posais mille question. Je me demandais pourquoi elle agissait comme ça. Pourquoi elle changeait d'humeur d'une seconde à l'autre. Pourquoi je ne la vois presque jamais au lycée. Je me demandais à quoi sa vie ressemblait.

Puis on est arrivé devant chez elle. Devant ce grand portail noir, d'où j'aimerais découvrir le derrière. Elle m'a simplement remerciée, sans me regarder. Elle a claqué la porte et à ouvert le portillon à côté du grand portail noir. Je suis restée pas mal de minute devant son portail. Il devait être vingt deux heure, j'étais épuisée du match, mais je n'ai pas bougé. Je me suis demandée si je n'étais pas trop collante avec elle. Je me suis demandée si je n'essayais pas trop de rentrer dans son monde, et que ça la perturbait. Puis, comme je sentais que j'étais épuisée, j'ai démarré. Sauf que je ne suis pas rentrée chez moi, puisque je me suis pris une voiture à contre-sens qui avait grillé le feu rouge. 

Je dis au médecin simplement que j'étais à un restaurant rapide, que j'ai mangé avec un ami et que je l'ai ramenée, d'une voix tremblante. Je lui dis que j'étais épuisée d'un match de foot. Que je n'ai pas vu la voiture qui avait grillé le feu rouge face à moi. Il prend note et refait le bandage autour de mon épaule. À mon réveil, il y a quelques heures, j'ai eu le droit à un test sur mon identité, et j'étais tellement troublée de tout ce qu'il m'arrivait que j'ai répondu n'importe quoi. 

J'aurais pu éviter la voiture, mais j'étais tellement dans mes pensés, que je l'ai vu au dernier moment. Heureusement, j'avais la ceinture de sécurité qui me protégeait. Mais la voiture roulait tellement vite, qu'en tapant ma voiture, elle a exercé une forte pression, et ma voiture s'est envoyé dans tout les sens. J'ai perdu connaissance dès que la voiture s'est arrêté de tourner, d'après le médecin, car sur le moment j'ai eu peur. 

J'ai une fracture à l'épaule, une coupure à la hanche et des ouvertures sur le visage. Mais mon médecin m'a rassuré en me disant que ça va disparaître dans quelques mois. La vitre de ma voiture s'est éclatée, et un bout de verre s'est enfoncé dans ma hanche, donc a du m'opérer. J'ai légèrement mal, mais les calmants m'apaisent et me font supporter la douleur. 

L'accident s'est passé hier soir, après avoir ramené Lucy. Et là, j'attend mes parents qui ont été averti.

Je regarde autour de moi. Je n'aime pas vraiment les chambres d'hôpital, mais je suis obligée d'y rester quelques jours pour mon épaule fracturée. Le lit n'est pas confortable, et je déteste l'odeur. C'est l'odeur des malades, des morts. Je soupire et m'adosse contre le lit. Je sens déjà ma mère inquiète et paniquée, et mon père furieux et énervé. Mais là j'ai besoin d'être seule. 

Le Pari (Laucy) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant