Chapitre 18

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Je n'ose plus sortir, je reste dans ma chambre, allongée sur mon lit à regarder le plafond et à écouter le silence. J'ai l'impression d'avoir été arraché, d'avoir des déchirements de partout et d'être brisé. J'ai l'impression que ces déchirures ne sont plus guérissables car j'ai perdu la seule personne qui pouvait les soigner, les guérir et refermer les plaies.

Je passe mes journées, mes nuits à repenser au dernier regard que Lucy m'a fait, je repasse en boucle dans ma tête son murmure, quand elle m'a dit de dégager, et ça me brise un peu plus chaque fois.

Je n'ai réalisé qu'une fois chez moi, que j'avais réussi ce pari, qu'elle était tombé amoureuse et ça m'a donné envie d'arracher mon propre cœur, parce que j'ai réalisé que j'aurais préféré perdre le pari, et ne pas faire souffrir Lucy, mais j'étais tellement à fond dans cette guerre que je n'ai pas regardé autour de moi.

J'ai perdu Lucy, j'ai perdu la personne qui m'a changée, qui m'a fait découvrir un autre monde, qui m'a fait ouvrir les yeux. J'ai découvert une Lucy, pendant ces deux mois, une Lucy renfermée, qui souffre et qui cache beaucoup trop sa tristesse et je l'ai détruite encore plus qu'elle ne l'étais déjà.

J'ai réalisé que cette souffrance que je ressentais ne venait pas de la perte d'une amie, mais plutôt d'un amour.

Il y a deux jours, quand je regardais Lucy pendant que Dylan brisait ma vie en dévoilant le pari, j'ai réalisé que j'étais tombée amoureuse de Lucy, de ses yeux montrant de la souffrance, de sa voix cassée exprimant du mal, et de ses actes prouvant sa tristesse. Je crois ça m'a tellement fait mal, que en deux jours je me suis habituée à cette douleur au cœur et au ventre.

À vrai dire, je dors, ça fait deux jours que je dors, que je ne réponds plus à mes amis quand ils m'envoient des messages. Mes parents ne disent rien, je les croisent au dîner mais ils ne me calculent plus. J'ai tellement eu un mal profond et qui creusait bien l'intérieur de moi, que quand je suis rentrée directement chez moi à pied après que Dylan ait tout dévoilé, j'ai couru et je hurlais dans ma tête que j'étais une connasse qui n'avait pas vu la réalité à face. Et je suis arrivée chez moi, j'ai regardé les médicaments que je prenais le soir pour endormir la douleur de mon épaule et qui m'endort aussi et j'en ai pris plusieurs d'un seul coup, j'ai donc dormi toute la journée et toute la nuit, et j'ai oublié cette déchirure à l'intérieur de moi, j'ai oublié la douleur de perdre un être chère, et la douleur d'être amoureuse et de souffrir pour la connerie qu'on a fait.

Je n'ose plus sortir de chez moi, parce que là, je suis dans ma chambre, je suis dans mon monde, dans ma vie et même si j'ai mal à l'intérieur de moi, le fait d'être dans ma chambre m'aide à apaiser la douleur, elle la cache, elle la rend rassurante parce je suis dans mon cocon, toute seule et je n'ai pas la réalité affichée en pleine face. Je n'ai pas le regard de Lucy, je n'ai pas ses murmures et ses larmes sous mes yeux, même si je les aient dans ma tête.

Je ne pensais pas que ça ferait autant mal, je ne pensais pas qu'un putain de pari allait autant me déchirer, me détruire. Je ne pensais pas m'attacher à cette fille qui m'ignorait, me repoussait au début, je ne pensais pas pouvoir tenir à cette fille qui avait plein de rumeurs sur son dos, je ne pensais pas tomber amoureuse de cette fille qui m'a fait partager son mal intérieur sans forcément me le montrer, je ne pensais pas rentrer dans sa souffrance qu'elle faisait ressentir, je ne pensais pas réussir ce pari que je voulait tant gagner, mais que je voulais tant arrêter pour arrêter tout ce mal.

Je ne sais même pas quel jour on est, je ne sais pas où est Lucy, je ne sais pas ce qu'elle ressent. Je me sens juste vide, sans émotion, j'ai l'impression d'avoir seulement mon corps, j'ai l'impression de ne plus avoir d'âme tellement je me sens vide, et seule.

Le Pari (Laucy) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant