Chapitre 1

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Il était 23 heures lorsque je sortis de chez moi. En fait, ce n'était pas chez moi mais plutôt l'hôtel dans lequel je vivais de manière temporaire. Les journées étaient longues et épuisantes ; pas de repos, pas de vacances, et les choses seraient deux fois plus compliquées lorsque je quitterais définitivement le gouvernement, j'avais beaucoup de choses à faire, des idées à bâtir et des projets ambitieux à accomplir. Et une journée entière ne suffisait pas, ce qui faisait que j'avais juste eu le temps de rentrer prendre une douche et changer de costume avant de repartir.


Je pris l'ascenseur, j'y pénétrai et appuyais sur le premier bouton. Et alors que les portes se refermaient j'entendis une voix :


— S'il vous plaît attendez ! Retenez la porte !


Instinctivement je posais mes mains sur les portes pour les empêcher de se refermer. Une jeune femme y entra. Je la connaissais. Enfin... connaître est un bien grand mot. Je vivais dans cet hôtel depuis deux mois maintenant et cette femme dont je ne connaissais pas le nom avait commencé à le fréquenter il y a deux semaines de cela. Je la voyais souvent le matin et elle était toujours accompagnée d'une de ses amies.


Je ne la croisais que dans l'ascenseur, jamais dans les couloirs, dans le restaurant de l'hôtel ou autre. Juste dans ce petit habitacle mécanique. Elle était belle, très belle. Le genre de femme qui ne laissait personne indifférent ; brune, les yeux d'un vert que je n'avais jamais vu jusqu'à présent ; souvent elle n'était vêtu que d'un jeans déchiré et d'un tee-shirt qui laissait voir le bas de son dos, souvent elle ressemblait à l'une de ses mannequins que l'on voyait en couverture des magazines. Mais l'un comme l'autre, je trouvais qu'elle avait quelque chose en plus.


Mais cela n'allait pas plus loin, je n'ai jamais rien tenté, je n'y avais jamais pensé d'ailleurs. L'on se croisait, l'on se saluait, je ne sais pas si elle savait qui j'étais, elle semblait s'en foutre royalement et nous retournions chacun à nos préoccupations journalières.


— Merci beaucoup, vous me sauvez la vie, dit-elle en entrant avec moi. Il faut toujours attendre vingt minutes pour que ce stupide engin veuille bien revenir à nous.


— Il n'y a pas de problème.


Ce fut nos seuls mots échangés. Je m'adossais contre l'une des parois de l'ascenseur et quant à elle, elle resta dos à moi.


Et puis il y eu un grincement, un bruit de fond, l'ascenseur perdit de la vitesse et cala. Il s'arrêta définitivement. L'on resta quelques secondes à ne rien faire, pensant peut-être qu'il allait repartir, mais toujours rien. La jeune femme se retourna vers moi, faisant de gros yeux.


— Non c'est pas possible, marmonna-t-elle. Ah j'ai pas le temps moi, j'ai un rendez-vous, allez !


Elle tapa du pied et son talon claque au sol. Je levai les yeux au ciel, elle n'était pas la seule à ne pas se réjouir de la situation.


— Eh bien ne restez pas planté là vous, faîtes quelques choses !


Les marquis de la politique (Emmanuel Macron)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant