Chapitre 6

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— Regarde ce que j'ai trouvé hier en faisant les boutiques.

Emilia se trouvait face à moi et abordait désormais un serre-tête avec des oreilles de... de chat ? Mais c'était quoi ça ?

— C'est pas la chose la plus mignonne que tu n'as jamais vu de toute ta vie ?

— C'est la chose la plus ridicule que je n'ai jamais vu de toute ma vie.

Elle me lança une moue boudeuse.

— Tu veux l'essayer ?

— T'approche pas de moi avec se truc ! dis-je en reculant. Tu ne veux pas te poser un peu ?

— Je suis épuisée, je n'ai pratiquement pas dormi depuis deux jours donc si je suis aussi agitée c'est simplement parce que je manque de sommeil, se justifia-t-elle.


Je passai outre son excuse. Depuis le soir dernier, celui où Marc nous avait surpris dans une position embarrassante, plus j'étais loin d'Emilia et mieux c'était. Cette histoire de tension sexuelle qu'il y avait entre nous, c'était vrai. Elle m'attirait et je savais que je l'attirais mais je savais aussi que je ne pouvais pas me permettre ce genre d'égarement pour le moment, tout comme il était certain qu'elle tentait de rester dans une optique exclusivement professionnelle.


Alors chaque fois qu'il fallait qu'il y ait un contact physique je faisais en sorte que l'acte soit bref et rapide et je pense que sans le vouloir je pouvais me montrer froid et distant comme tout à l'heure.


Nous prenions une courte pause, juste le temps de boire un remontant. Elle marchait lentement dans la pièce, sa tasse de chocolat chaud dans les mains. Elle avait les cheveux lâchés et ils tombaient jusqu'au bas de son dos. Aujourd'hui, elle semblait être encore plus belle que d'habitude.

— Tu as manger ?


Je sursautai et me tournai vers Marc, je ne l'avais même pas entendu arriver derrière moi.


— C'est quoi cette question, bien sur que oui j'ai mangé.

— Alors pourquoi tu la regardes comme si tu voulais la bouffer ?


Je ne sus pas quoi répondre face à ça. Je savais que mes regards ne passent pas inaperçus mais je pensais que ce n'étais que des regards totalement innocent. Il fallait que j'arrête ! Je lançai un regard désespéré à Marc. Lui et moi nous nous connaissions depuis l'ENA, depuis qu'il m'avait traité d'étudiant tibétain bobo à cause de mes cheveux que je refusais de couper. Il avait rejoint mon cercle de conseiller dès le moment où je lui avais parlé de mes ambitions.

— Je veux bien croire qu'il ne s'est rien passé entre vous, mais essayez de vous contenir.

Je tournai les yeux incapable de répondre à sa remarque. Ce n'est pas comme si j'étais totalement accroc à elle, il ne fallait pas exagérer, je la trouvais juste attirante, rien de plus.

Une heure s'écroula pendant laquelle l'on prépara la rencontre avec le maire de Paris. Elle avait toujours été une socialiste dans l'âme et elle avait tenu à ce que nos deux équipes se rencontre, ce qui n'était pas mal.

— Bien, moi j'y vais, dit alors Emilia en regroupant ses affaires.

— Eh où vas-tu ?

— Je rentre chez moi, répliqua-t-elle comme si c'était l'évidence même.

Les marquis de la politique (Emmanuel Macron)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant