Chapitre 8: abandon

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        Maxim souleva la jeune blessée par la taille, se cramponna aussi fermement à moi comme je lui avais ordonné. Et ce fut à ce moment-là qu'un phénomène qu'ils n'eurent certainement jamais vu se produisit. Je me décollai du sol et une force invisible et extravagante nous projeta au loin, vers la terre naturelle. Aïe! Grimaçai-je en mon for intérieur, j'avais oublié que je ne maîtrisai pas totalement ce technique. Les quatre jeunes gens qui n'avaient rien perdu du spectacle, fascinés, les yeux globuleux, ne réagirent pas immédiatement lorsque nous atterrîmes avec fracas non loin d'eux. Ce fut seulement lorsque les gémissements de douleur de Maria leurs parvinrent qu'ils semblaient revenir à eux et se précipitèrent vers cette dernière.

- Vous allez bien? S'enquit Jona en me serrant puis en serrant Maxim de ses bras potelets aussi naturellement avant de nous regarder un à un d'un œil inquiet.

- Mais oui...enfin moi, fit ce dernier en s'asseyant sur les hautes herbes et secouant légèrement la tête quelque peu sonné par l'atterrissage plus que brutal.

- Moi aussi, rien à signaler, ajoutai-je en massant néanmoins mon bras gauche endoloris par ma chute. Par contre, nous ferions mieux de nous inquiéter plutôt de l'état de Maria.

En effet, Maria était quasiment allongée sur le chef qui avait voulu amortir la chute de cette dernière. Son visage se déformait sous les grimaces de souffrance et des larmes coulèrent imperceptiblement le long de ses joues roses et rebondies.

- Nous devrions nous arrêter un instant pour la soigner, intervint Marco d'un ton hésitant en lançant un regard vers le chef.

- Ça ne sert à rien, murmura Maria qui était calée sur le torse de Maxim son pied saignant abondamment. Je ne pourrai en supporter davantage. Cette blessure me fait un mal de chien.

- Tu...tu abandonnes? S'enquièrent ensemble Clio et Jona d'un ton offusqué.

- Tu ne suggères tout de même pas cette éventualité ? Je veux dire pas maintenant...nous ne sommes qu'au début de l'épreuve et si tu abandonnes, nous partons avec un handicap. De plus, on a besoin de chacun de nous dans la partie. Nous avons besoin de toi.

- Je le sais bien, acquiesça la jeune blessée d'une voix faible et ayant de plus en plus de mal à garder ses paupières ouvertes. Mais je ne ferais que vous retarder et là vous avez déjà perdu assez de temps.

- Mais bien sûr que non, tenta Aïcia de la persuader du contraire et de la faire changer d'avis.

- Tu vas voir, après le soin qu'on va t'administrer tu te sentiras beaucoup mieux j'en suis certaine, appuya Jona en lui souriant d'un air apaisant.

- Non, Maria a raison, elle ne fera que nous retarder, intervint Maxim d'un ton ferme et imperturbable. Pour l'instant, nous n'avions trouvé aucune enveloppe et si nous continuions à ce rythme-là, les autres équipes s'en occuperont à notre place et je les connais suffisamment pour vous affirmer de leur détermination à remporter cette victoire qui est fondamentale pour la sélection de fin d'année.

- On ne peut pas faire ça, s'offusqua Aïcia en lançant un regard meurtrier au jeune blond. Nous sommes une équipe bordel...

- Assez Aïcia, merci mais ceci est ma décision, lui coupa Maria en la regardant dans les yeux mais la voix affaiblie. Je suis désolée mais je veux renter, je suis tellement fatiguée. Je t'en prie, respecte mon choix s'il...s'il te plait.

- Ok, ok, on fera comme tu veux, paniqua Aïcia en regardant son amie qui à vue d'œil faiblissait de plus en plus. On fait quoi du coup?

- Je présume que les Observateurs sont déjà au courant de tout cela et qu'ils sont déjà en route. Nous n'avons donc plus qu'à attendre.

Moi qui n'avais pas vraiment eu le temps de lire en détail les règles du jeu, écoutai attentivement l'explication de Clio. Cependant personne ne voulant rester là les bras croisés à attendre sans rien faire, Maxim fouilla dans son sacoche noir mais n'y trouvant visiblement pas ce qu'il cherchait, il arracha un morceau de son tee-shirt et banda la blessure béante de Maria. Pendant ce temps-là, Marco éloigna Jona qui semblait avoir quelque difficulté à voir tout ce sang et la prit dans ces bras alors que moi, je m'assis devant Maria et lui prit la main.

- Avant de partir, je voulais te remercier Laura. Tu es vraiment une fille exceptionnelle, s'enquit celle-ci en faisant un effort évident pour sourire, un sourire qui se transforma en grimace sous le coup de la douleur. Si tu n'étais pas là tout à l'heure, je ne veux même pas imaginer ce qui me serait arrivée. Étant un peu mal à l'aise par le compliment de la jeune fille, je me surpris pourtant à lui sourire à mon tour en resserrant ma prise sur sa main et déposant un baiser léger sur son front. Aussitôt le visage de Maria s'éclaircit et semblait soudain moins tendu, plus apaisé. Cette dernière semblant prise au dépourvu ouvrit la bouche pour parler mais fut aussitôt interrompu par l'arrivée de Clio qui s'écrit:

- Ils arrivent! Ils arrivent!!!

- Bien, fit Maxim retrouvant son visage impassible. Est-ce que tu peux éviter par contre de crier. Tu vois bien que Maria s'est endormie là.

- Ah merde, scuse, répondît l'intéressé déconfit.

En effet, quelques secondes plus tard, on vit un petit avion sortir de nulle part et atterrir délicatement non loin de nous et dans un silence presque impossible pour ce genre d'engin. Un homme métisse comme nous n'avions pas l'habitude d'en voir dans ce pays en sorti avec une agilité et une élégance féline malgré sa carrure imposante. Il était tout de noir vêtus y compris ses grosses lunettes qui cachait quasiment la moitié de son visage lisse et beau. Il devait sûrement s'agir d'un ancien bien que grâce à son pouvoir il gardait cette forme de jeunesse. Il se dirigeait droit vers Maria et l'embarqua avec lui tout aussi facilement qu'une plume. Sans un mot, il monta dans l'avion qui aussitôt disparut aussi brusquement qu'il était venu.

- Dire que je n'ai même pas eu le temps de lui dire au revoir, soupira Jona tristement.

Clio lui sourit et entoura les épaules de cette dernière de son grand bras certainement réconfortant étant donné que Jona s'y blottit avec un plaisir évident tout en lui rendant son sourire timidement.

- Ne perdons plus de temps, coupa Maxim de sa voix dénuée de tous sentiments. Nous avons là une autre bonne raison de remporter cette victoire.

Je suis née pour protégerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant