Chapitre 3: Sanction

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         Une semaine après mon arrivée à Ter, je finissais cette journée de mercredi par du sport en plein air, je me dirigeai alors vers le grand terrain d'entraînement. J'étais la première arrivée sur le lieu et comptais bien en profiter pour étirer mes muscles tendus par la pression de la journée. Je regardai à droite puis à gauche, à la recherche d'un potentiel voyeur mais n'apercevant rien d'anormal, je commençai mon échauffement. Prenant mon pendentif dans mes paumes et la serrant de toutes mes forces en ferment les yeux pour mieux me concentrer, le bijou brilla, diffusant des rayons de lumière aveuglants pour le monde extérieur. Je vidais​ mon cerveau et bientôt mes pieds décollèrent du sol mais je n'eus même pas le loisir d'être satisfaite car tout à coup, comme bloquée par une force invisible, je m'écroulais telle une poupée de chiffon sur le sol dur. Ahurie, je fronçais les sourcils car d'habitude ce genre de tour était pour moi un jeu d'enfant, et là, j'avais lamentablement échoué. Je me levai à grand peine, grimaçant de douleur au niveau de mes fesses que ma chute violente n'avait pas raté. Lorsque je fus enfin debout, ce ne fut ma surprise en me heurtant à...M. Walker qui me jaugea d'un regard noir. Il était si proche de moi que si l'un de nous deux faisait ne serais ce qu'un pas, nous pouvions très facilement nous toucher. Je constatai alors, que mes yeux arrivèrent exactement à la même hauteur que les lèvres du jeune entraîneur. Troublée, je reculais​ de deux pas en frissonnant légèrement. Quant à John il croisa les bras puis reprit rapidement:

     - N'es-tu pas au courant qu'il est interdit de manipuler cette technique dans cet établissement?

Il me regarda calmement mais utilisait cependant un ton sec. Je clignai des yeux comme si c'était la chose la plus absurde que je n'avais jamais entendue et fis mine de ne pas comprendre ce qu'il me disait.

     - La Résurrection est une méthode difficile à contrôler. Ton imprudence aurait pu entraîner de nombreux et importants dégâts matériels mais également humains si tu n'avais commis ne serait-ce qu'une petite erreur de manipulation. En es-tu consciente ?

- Désolée...c'est que...mais..

- Il n'y a pas de mais qui tienne. Que je ne te surprenne plus à manier cette technique sinon je te ferais passer un sale quart d'heure d'avoir désobéi à la règle n°13 de Létoulerr, me suis-je bien fait comprendre?

    - Oui, Monsieur! acquiesçai-je quelque peu irritée par son comportement envers moi.

   - Bien, pour la peine, tu vas me faire cinquante tours du terrain. Comme ça, je pense que tu ne commettras plus ce genre d'impair.

J'en fus sidérée. J'avais à peine participé à une semaine de cours que j'étais déjà punis. Je n'étais pas censée connaître les règlements de mon nouvel établissement aussi tôt, si ? Je le détestais déjà avant mais aujourd'hui, c'était encore pire. Cet homme était si hautain et prenait tant un malin plaisir à me réprimander à la moindre occasion, comme si j'étais un enfant incapable,  que j'eus cette envie incessante de lui en coller une à tout moment. Je voulus protester face à cette injustice mais me contins à temps et m'éloignais​ exécuter l'ordre de mon supérieur.

Je mis une demi-heure à faire mes cinquante tours de terrain dont un tour équivalait à 500 mètres. J'étais néanmoins très fière de moi car à mon arrivée, je n'étais nullement essoufflée. Les autres élèves avaient déjà commencé lorsque je les rejoignis. Je me faufilai entre mes camarades ni vue ni connue, enfin c'était ce que je pensais jusqu'au moment où Walker me regarda les sourcils froncés mais un sourire mauvais étirant discrètement ses lèvres. Je l'ignorai royalement. L'entraînement consistait à souffler dans l'air de manière à former une bulle de vapeur. J'en fis alors une, si énorme qu'elle attira l'attention des autres apprentis. Consciente qu'encore une fois, j'étais le centre de l'attention, je cessai de souffler et instantanément, la bulle explosa en formant de la fumée autour de moi. Dans l'établissement de ma ville natale, j'étais toujours la meilleure de ma classe, c'est pourquoi, l'exercice de Létoulerr de Ter était pour moi un jeu d'enfant.

La fascination et l'admiration que ressentaient mes camarades à mon égard m'enchantèrent beaucoup et me firent sourire de fierté. Mais lorsque je me tournai vers M. Walker, celui-ci me lança un regard noir. Je fus intriguée par ce regard si plein de reproche et qui semblait si méprisant. J'arrêtai tout à coup de fixer cet homme que je détestai tant puis décidai de ne plus me faire remarquer jusqu'à la fin de mon entraînement.

L'exercice fut long pour moi qui trépignais d'impatience de m'éloigner de mon instituteur qui depuis le début du cours n'arrêtait pas de me lancer des remarques désobligeants ou alors qui me reprochait tout ce que je faisais, même de bien. John n'arrêtait pas non plus de me fixer quand il croyait que personne ne le remarquait, ce qui me gênait et m'étonnait à la fois. Deux heures plus tard, quand l'entraîneur annonça enfin la fin du cours, je soufflai de soulagement, ramassai mes affaires puis quittai le lieu à la hâte. Je marchai rapidement. Perdue dans mes pensées, je n'entendis même pas l'appelle de Romi derrière moi qui pourtant, lui, criait mon prénom à gorge déployé pour attirer mon attention. Ce fut seulement lorsque le jeune garçon m'attrapa par le bras que je réagis.

     - Enfin! s'exclama Romi, goguenard. Cela fait presque deux bonnes minutes que je t'appelle et tu n'as même pas daignée me répondre.

     - Ah merde, je suis vraiment désolée, j'étais tellement ailleurs que je n'ai rien entendu.

    - Ça, je l'ai remarqué mais t'inquiètes.....Par contre, ça doit être sacrément important pour que tu t'y perdes à ce point!

Il me fit un petit clin d'œil coquin mais ne s'attendait évidemment pas à ma réaction qui précéda son mimique. Je partais d'un rire si spontané, strident et tellement communicatif que le jeune homme ne put que m'imiter. Tout à coup, semblant être fasciné par quelqu'un  ou quelque chose, Romi arrêta de rire et m'observa attentivement. Quant à moi, je détournais la tête d'un air gêné lorsque je m'aperçus de l'intensité de ce regard dont la signification m'étais de plus en plus familier à force de le côtoyer. Voyant ma gêne, Romi baissa les yeux et chercha un sujet de conversation pour combler le silence qui s'était établie entre nous. Nous continuâmes notre chemin chacun perdu dans ses pensées.

    - Tu es prête pour demain ? Me demandai enfin Romi semblant soulagé d'avoir trouvé une file de conversation.

     - Euh oui, bégayai-je intriguée par cette question. Comme d'habitude je pense.

Romi me souris puis continua :

     - As-tu déjà fait cela dans ton précédent établissement?

    - De quoi parles-tu, au juste? Lui demandai-je ne comprenant plus rien

       - De la sortie que nous allons entreprendre demain....

      - Il y a une sortie demain? M'étonnai-je surprise.

      - Jusqu'à preuve du contraire oui, acquiesça Romi avec une pointe d'ironie. C'est une sortie annuelle que nous nommons Sortie Forêsgore. Cette sortie est destinée uniquement aux élèves du niveau Létoulerr et se fait par sept équipes dont une équipe est constituée de sept personnes. Cette excursion se passera dans une grande forêt située non loin d'ici et qui a été conçue exclusivement pour cet exercice et dont énormément des pièges variés ont été mis en place...

     - Et quel est l'objectif de cette expédition?

     - Dans cette jungle sont cachés sept enveloppes métalliques et notre objectif est d'en trouver le maximum. Pour cela nous devrons faire face à des obstacles divers et variés. Le pire dans tout cela, n'est pas de faire attention seulement aux pièges qu'avaient posés les Observateurs mais également à ceux des autres équipes. Bien évidemment, certains qui n'aiment pas se prendre trop la tête attendent que les autres aient trouvés les enveloppes à leur place et puis, ils se contentent de les voler.

   - Ont-ils le droit de faire cela?

   - Malheureusement oui et je ne parle pas de voler gentiment, je parle de combat réel. Certaines personnes prennent un malin plaisir à torturer les plus faibles. Bien sûr, il n'y aura pas de mort mais cet exercice peut vraiment être cruel. Il faut juste faire attention si tu ne veux pas devenir le maillon faible dans ce combat, être rapide et surtout utiliser ton cerveau. De toute manière, je suis sûr que M. Walker te communiquera certainement  tous les détails, les règles etc...

Je fis une grimace rien qu'en entendant le nom de cet homme que je méprisais du plus profond de mon être, ce qui fit rire Romi aux éclats.

Quelques minutes s'écoulèrent et la conversation continua de plus belle mais la sonnerie mit fin à notre bavardage.

Je suis née pour protégerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant