Chapitre 2: Une première approche

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Je me dirigeai vers la bibliothèque d'un pas lourd et traînant, épuisée par cette matinée fatidique que j'avais dû affronter toute seule. En effet, lorsque ce fut mon tour de passer devant la classe pour montrer mon pouvoir qui se caractérisait avec mon collier, nommé Gaelia, les élèves avaient poussé des exclamations de fascination et d'admiration mêlées d'une certaine crainte. Il est vrai que j'étais la seule élève dans cet établissement à posséder cette particularité et sûrement l'une des rares personnes à avoir un collier à la place des tatouages symboliques qui habituellement caractérisaient chaque faculté de chaque habitant de Heray. Bien sûr, j'étais habituée à ces mêmes réactions de la part des inconnus qui pour la première fois avaient l'occasion de me voir utiliser mon pouvoir mais cela m'irritait tout autant. A cette occasion, j'étais toujours mal à l'aise et avais cette impression de n'avoir sa place nulle part. Après que j'eus rejoint ma place, les élèves m'avaient asséné de nombreuses questions et je n'avais pu répondre à aucune d'entre elles car ils parlaient tous en même temps. Si un jeune homme dénommé Ros n'était pas intervenu pour calmer la foule, je n'osais même pas imaginer la manière que j'aurais employée pour m'en sortir. Je lui en étais si reconnaissante que je ne pus que lui serrer la main avec effusion pour le remercier puis je lui avais demandé la direction qu'il fallait prendre pour se rendre à la salle de travaille de Létoulerr. J'avais besoin d'un peu de calme et de sérénité.

J'étais justement en train de monter les marches des escaliers quatre à quatre vers le bâtiment que Ros m'avait indiqué. Arrivée en haut, je fis face à un immense couloir qui à ma gauche débouchait sur une porte rouge dont une inscription en grosses lettres calligraphiques m'apprit que j'avais atteint ma destination. Je m'y engouffrai et fus soulagée de constater qu'il n'y avait pratiquement personne. Je slalomai parmi les nombreuses étagères qui comportaient des livres de tout genre. Au bout de quelques minutes de recherche, je tombai enfin sur le bon rayon et choisis le manga qui me parut intéressant après avoir lu le résumé. Je m'installai​ confortablement sur une des chaises autour d'une table ronde placée dans un recoin de la salle.

Je fus tellement absorbée par ma lecture, que je ne remarquai même pas l'arrivée de Romi, mon voisin de classe. Le jeune homme s'assit discrètement sur la chaise en face de moi et me lança:

- Comme ça tu aimes la lecture! Comme on dit, après l'effort le réconfort, n'est-ce pas ?

Je sursautai puis relevai brusquement la tête.

- Désolé de t'avoir fait peur, ce n'était pas mon intention, s'excusa-t-il un sourire contrit plaqué sur ses lèvres.

- Ce n'est rien, c'est une simple mauvaise manie dont j'ai pris habitude. Tu m'as posé une question à l'instant que je n'ai pas entendu, peux-tu me la répéter?

Romi me contempla en inclinant légèrement la tête comme s'il se concentrait puis réitéra sa question précédente.

- A vrai dire, la lecture est l'une de mes passe-temps favoris, je lui appris devenant soudain plus bavarde qu'à mon habitude face à quelqu'un que je venais tout juste de rencontrer. Plus précisément les mangas. Comment ne pas aimer ce type de livre? Et toi, que fais-tu ici au lieu de profiter de ce temps exceptionnel?

Un grand sourire fendit le visage doux du jeune garçon, qui semblait exprimer tout autant son contentement de pouvoir discuter avec moi, qui l'avait apparemment tant fasciné durant ma performance de ce matin mais également d'étonnement face à mon soudain besoin de me confier.

- Navré de te décevoir mais les mangas, ça n'est pas trop mon truc.

Romi ponctua son propos par un clin d'œil joueur ce qui me fis sourire.

- Et je suis ici malgré moi. À ton départ de la salle ce matin, M. Walker avait administré une sanction à la majeure partie des élèves qui t'avaient...disons... importuné.

Nouveau clin d'œil, cette fois accompagné d'un éclat de rire devant l'air horrifié que j'arborai.

- Je suis vraiment désolée!

- Tu n'as pas à t'excuser de quoique ce soit, répondit-il en levant les yeux de son petit cahier qu'il avait posé sur la table. C'est plutôt à nous de nous excuser devant toi logiquement. Ne t'inquiète pas, je n'ai eu que ce que je mérite et je peux t'assurer que venant de M. Walker, il a aujourd'hui montré un peu plus de clémence qu'à son habitude. De plus, la punition ne consiste qu'à copier mille fois les règlements intérieurs de Létoulerr.

Les yeux de Romi brillèrent soudain et son sourire s'élargit à tel point que j'eus peur que son visage ne se fendit en deux mais cela m'amusait tout autant.

- Il faut aussi reconnaître que tu as été sensationnelle. Ta démonstration de ce matin était tellement incroyable qu'aucune personne qui te verrait pour la première fois ne resterait indifférente.

- Merci, répondis-je tout simplement, un peu gênée par cette congratulation.

Romi me sourit avant de se replonger dans ses devoirs et moi dans ma lecture. Mais la sonnerie coupa le silence pesant qui s'était installé. Visiblement soulagée, je me levai et rangeai le manga à l'endroit où je l'avais pris quelques minutes auparavant. Je m'apprêtai à partir de la salle quand Romi lança:

- On se voit dans la salle de M. Darlo plus tard?

Je regardai mon emploi du temps puis levai mon regard vers lui tout en lui gratifiant un grand sourire et répondis:

- Oui, effectivement!

Puis je sortis presque en courant comme si j'avais le diable à ma trousse faisant ricaner gentiment Romi.

Je suis née pour protégerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant