- QUATRE -

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Mes yeux s'ouvrent d'un coup quand je sens une odeur que je ne sens pas d'ordinaire chez moi. J'ai un mal de crâne atroce et je me souviens à peine de ma soirée d'hier. Je tente de puiser dans mes souvenirs. Je suis arrivée. J'ai vu Brennen. Je suis partie chercher Jack. Je suis tombée sur l'autre Jack. Puis plus rien. Si ! Je me souviens de l'avoir trouvé, je crois que j'étais complètement bourrée. Puis ensuite, je me suis retrouvée ici. Oh merde. Qu'est-ce qu'il va penser ? Qu'il me plait ? Ce n'est absolument pas ce que je veux. Je fouille dans mes poches à la recherche de mon téléphone. Je le trouve dans la poche de mon blouson. Je soupire en voyant que j'ai un tas d'appel manqué de ma mère. Je décide de l'appeler maintenant, avant d'oublier. Elle répond après la deuxième sonnerie.

Olivia ! Je t'ai attendu pendant longtemps ! Tu m'avais dit que tu ne rentrais pas tard.
— Je sais ! Je sais ! Mais... j'étais plus en mesure de conduire et j'ai décidé de dormir ici.
C'est chez qui ?
— Jack... Gilinsky.
C'est qui ?
— Tu sais, le grand brun, Laura et Molly, c'est ses sœurs.
Ah... ce Jack. Et tu as dormi où ?
— Dans la chambre de Molly. Elle n'est pas là pour le week-end.
Rentre immédiatement, je réfléchirai à ta punition plus tard.
— D'accord.

Je raccroche avant de sortir de la pièce. Mon mal de crâne ne me quitte pas. Je soupire et descends les escaliers. La maison est vide, maintenant. Aucun verre ne traîne par terre, une odeur de désodorisant remplit mes narines. Je passe devant la cuisine où je vois Jack, avec simplement un short de sport. Il s'avance vers moi, lentement, comme si il avait peur que je lui hurle dessus.

— Je vais pas te tuer, dis-je.
— Ah. Bonne nouvelle.
— Je me souviens de deux trois trucs mais merci... de m'avoir hébergée. Je dois y aller.
— À lundi.

Je le quitte pour aller chercher ma voiture, qui d'après mes souvenirs est à quelques maisons d'ici. J'arrive à l'emplacement où je me souviens l'avoir laissée. Rien. Aucune voiture. Un panneau rouge indique que les voitures sont interdites après huit heure du soir.

— C'est pas vrai !

Je cherche mes clés dans mes poches et déverrouille ma voiture. Rien. Nada. Pas un bruit. Même pas tout petit. Pourquoi toutes ces merdes n'arrivent qu'à moi ? Je fais marche arrière et frappe chez Jack. Il m'ouvre après quelques secondes d'attente. Il est toujours dans la même tenue. Je n'avais juste pas remarqué que le style je-viens-de-me-réveiller lui allait si bien. Je regarde ses yeux. Ses yeux qui me regardent d'une façon différentes depuis septembre. Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'un gars comme lui s'intéresse à moi ? Je reprends mes esprits et me concentre sur sa bouche. Qui ne me laisse pas non plus indifférente.

— Oui ?
— Heu... Je... ma voiture. Ils l'ont embarquée. Tu peux me ramener chez moi ?
— Ouais. Attends moi deux speed.

Je rentre à nouveaux chez lui et l'attends pendant qu'il monte se changer. Je sors mon portable pour prévenir ma mère que ma voiture est à la fourrière. Elle m'engueule et me dit qu'elle va la chercher. Jack redescend, vêtu d'un jean et d'un t-shirt blanc. Il attrape ses clés de voiture et nous sortons pour monter dans sa Jeep. Il démarre pendant que j'entre mon adresse dans son gps. La voix féminine qui sort des enceintes dicte la route à Jack. J'envoie un message à ma mère pour lui dire que je suis en route.

— Tu vis dans un appart' ?
— Ouais.
— Je savais pas.
— Maintenant tu sais.
— Pourquoi tu me déteste ?
— C'est pas que je te déteste... c'est juste... que tu m'énerve. J'en sais rien, c'est ta façon d'être parfait, et aussi de le savoir, c'est la façon dont tout le monde t'aime alors que je suis sûre que tu es un connard fini.
— Tu ne me connais même pas.
— Pas besoin. Ça se voit.
— Comment tu peux savoir que je suis le plus gros des connard alors qu'on ne s'est parlé qu'une seule fois.
— C'est toi qui voulais me parler.
— Parce que t'as changé. Mais qu'est-ce qui te fait penser que je suis un connard alors que je suis sûr qu'avant tu ne me trouvais pas du tout connard.
— J'étais une salope, j'ai changé, et je me rends compte quand les gens sont des personnes dans mon style.
— Mais moi je ne suis pas les gens, merde ! Ça se trouve que je suis quelqu'un de bien ! T'en sais rien ! Il s'est passé quelque chose cet été et t'essaie juste de mettre des distances entre le monde et toi, parce que t'as peur que les gens apprennent. C'est ça ? Tu te protège, pas vrai !
— Toi non plus, tu sais rien de moi.

J'étais tellement à fond dans la dispute que je n'ai pas remarqué que nous étions arrivés. Je détache ma ceinture et sors en trombe de la voiture, sans le remercier. Je claque sa portière et entre dans mon immeuble. J'entends un bruit de klaxon. Je suppose que c'est Jack qui tape son volant. J'arrive à mon étage et ouvre la porte puis la claque aussi. Je dépose mes clés et enlève ma veste. J'envoie à nouveau un message à ma mère pour lui dire que je rentrée puis je vais m'enfermer dans ma chambre. J'enfonce ma tête dans mon oreiller et hurle ma haine. J'ai envie de tout casser. De détruire tout ce qui se trouve près de moi. Mes larmes arrivent vite. Elles mouillent mon oreiller. Je me relève, essuie rageusement mes yeux puis vais ouvrir ma fenêtre pour aérer. J'attrape ensuite un jogging, un pull et de sous-vêtements avant d'enlever mes chaussures et de me diriger vers la salle de bains. J'enlève les tissus qui me séparent de la nudité puis les jettent par terre. J'entre dans la cabine de douche et fais couler l'eau. Je me mets dans un coin en attendant que l'eau se réchauffe, puis, quand c'est fait, je me positionne pile sous le jet. Je laisse l'eau couler pendant que je fais défiler mes idées dans ma tête. Tout s'embrouille un peu. Je suis effrayée. Effrayée parce que j'ai l'impression que Jack sait. Qu'il sait ce qu'il s'est passé cet été et qu'il me juge. Est-ce qu'il me juge ?

J'ai peur qu'il aille le dire. Qu'est-ce que les gens vont penser de moi ? Que je suis une pute ? Encore plus qu'avant. Mes larmes coulent encore. Je frotte les yeux pour enlever ce qu'il me reste de mascara. Je glisse contre la paroi et entoure mes jambes de mes bras en pleurant toutes les larmes que je contient depuis un moment déjà. Je suis pathétique.

Relève toi, pétasse.

C'est elle. L'ancienne Olivia. Celle qui n'avait peur de rien. Celle qui se foutait bien de ce que les gens pensaient. Ou est elle, maintenant ?

Je me relève, tant bien que mal, avec un mal de crâne qui, je suis sûre, n'est pas dû à l'alcool que j'ai consommé. Je respire fort, avec difficultés. Je suis devenue l'ombre de moi même. C'est tellement pathétique. Je verse du gel douche dans ma main et l'étale sur mon corps. Frénétiquement. Essayant encore une fois d'enlever toute cette crasse qui, j'ai l'impression, ne veut pas partir. Je me rince ensuite puis attrape mon shampooing et me l'étale sur les cheveux avant de faire des gestes circulaires. Je me rince à nouveau puis je finis par sortir de la salle de bain. Je m'entoure dans une serviette et m'habille avant de m'emparer de mon portable. Je l'allume et vois que j'ai reçu un message. Une photo, en fait.

Oh non. Je vais le tuer.

 Je vais le tuer

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gone // jgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant