- VINGT QUATRE -

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Je passe un moment plutôt agréable, je crois. Jack Johnson m'a proposé de passer du temps avec lui, ce qui est vraiment gentil, vu que nous ne sommes pas amis. Je gare ma voiture sur le parking du bowling. Je ne suis pas trop bowling en temps normal, mais je veux bien faire un effort. Parce que je reste cloîtrée dans ma chambre à pleurer toutes les larmes de mon corps la plupart du temps. Nous entrons dans le bâtiment et réservons une piste. Le type nous file des chaussures vraiment laides que nous enfilons en grimaçant.

— Alors dis-moi, Olivia Reeves, quels sont tes secrets ?

Je penche la tête sur le côté. Mes secrets ? Mais tout le monde les connaît, mes idiots de secrets.

— D'accord, c'est vague. Je commence. La première fois que j'ai embrassé une fille, c'était en CM2.

Il me sourit. Quel idiot. Je secoue la tête en rigolant.

— À toi, m'encourage t-il.

Je réfléchis un instant avant de trouver une anecdote inutile et ridicule sur moi.

— J'ai fait pipi au lit jusqu'à dix ans.

Il fait mine d'être offusqué. C'est ça, moque toi. Je lui tire la langue pendant que j'attrape une boule pour tenter de faire un strike. Loupé. Je ne fais même pas un spare. Je grogne avant de m'assoir. Johnson ne se lève pas tout de suite et porte son index à son menton en tapotant ce dernier.

— Je ne ronfle pas.
— Oh, menteur !
— Non, je te jure ! Je suis une personne calme !
— Mon œil ouais !

Nous rigolons comme des idiots pendant qu'il va sur la piste accompagné d'une boule. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ri comme ça. Bien sûr, j'adore passer du temps avec Jack. Il est gentil, attentionné, doux, mais nous ne parlons pas beaucoup. On reste les bras dans ceux de l'autre des heures durant. Et c'est foutrement agréable. Johnson fait un strike et nous nous tapons dans la main. À mon tour. Je lance ma boule et c'est la rigole direct. Je baisse la tête de désolation. C'est vraiment pas mon truc le bowling.

— Allez Jayjay, je l'encourage pendant qu'il se lève.
— Eurk, m'appelle pas comme ça.
— Pourquoi ?
— J'aime pas. Pas du tout.
— Ouh, Jayjay pourrait-il se mettre en colère si je continuais à l'appeler comme ça ?
— Je porte une boule de bowling dans les mains, ne me cherche pas, Reeves.

Je lève les mains en signe de paix. Puis je lui tire la langue pendant que lui roule des yeux. Il lance et fait un spare. Argh. J'étais très douée au bowling sur la wii. Il a du s'entraîner la dessus.

— À toi de me dire un truc, Olivia.
— Hmm... voyons voir. En primaire, accroche toi bien Johnson, j'ai rasé mes cheveux. Une partie en fait. C'était monstrueux.
— Oh. Mon. Dieu ! Je m'en souviens !
— Non !
— Mais si ! T'as porté une perruque pendant plus d'un mois.
— Ah nan ! Il se souvient.

Il éclate de rire. Moi aussi. C'était l'idée la plus idiote que j'ai jamais eu. J'étais énervée et je voulais montrer à ma mère que je pouvais faire ce que je voulais. Mais ce fut un échec. J'ai tout de suite regretté.

— Ton tour Johnson.
— Je porte des lentilles.
— Ah bon ?

Il hoche la tête.

— Je pensais que tu mettais tes lunettes de temps en temps seulement.
— Ouais, mais je porte le plus souvent mes lentilles.

Je hoche la tête et nous nous fixons un instant.

— Alors, toi et Jack ?
— Quoi, Jack et moi, je fronce les sourcils.
— Bah tu sais, c'est ton copain maintenant. On va se faire des rendez-vous à quatre ?
— Tu brules un peu les étapes, là ! Je dois m'habituer à ma vie en couple, ça faisait belle lurette que je n'étais sortie avec personne, donc, voilà...
— Il te plait vraiment, hein ?
— Bah, évidemment.
— Non, je veux dire, plaît plaît plaît.
— Quoi ?
— Tu l'aimes ?

Je considère un instant sa question. Est-ce que j'aime Jack ? Aussi étrange que ça, je ne suis pas sure de savoir comment répondre à ça. Parce qu'en ce moment je traverse pas mal de trucs et que mes sentiments sont tous un peu mélangés.

— Je... il se pourrait que j'ai des sentiments pour lui, mais... je sais pas, j'ai peur de tout foirer.
— Tu ne vas rien foirer, il m'assure.

Je penche la tête sur le côté. Comment peut-il être sûr de ça. Je suis une sorte de boulet ambulant et j'ai merdé avec bon nombre de personne ces derniers temps, vraiment merdé je veux dire. J'ai peur que l'ancienne Olivia prenne le dessus et dise des trucs que je ne pense pas et du coup, je vais blesser Jack.

— Je peux te poser une question ?

Je plonge mes yeux dans les siens.

— Oui, vas-y.
— Sans vouloir te vexer, tu m'agaçais avant, et maintenant, c'est comme si je te voyais pour la première fois.

Je hoche la tête, comprenant plus ou moins son raisonnement.

— Je voulais savoir ce qui te faisais être... euh... toi ?

Je laisse échapper un rire jaune. Bonne question, Johnson.

— Ça, je peux y répondre. Bon, j'ai toujours, ou presque, vécu avec ma mère. Mon père fait... faisait parti de l'armée, et il n'était pas souvent à la maison. Ma mère travaillait beaucoup pour nous garder la tête hors de l'eau, parce qu'elle voulait m'offrir la meilleure vie qui soit, je crois. Alors j'étais souvent seule à la maison, et personne ne s'occupait vraiment de moi. Hazel et moi on se connaissait déjà et quand on est rentré au lycée, c'était logique pour nous d'agir comme ça. Je n'avais, pour ainsi dire, aucune confiance en moi et je pensais que si les gens m'idolâtraient, ils ne verraient pas qu'au fond, j'étais juste... comme eux. Mais maintenant... maintenant ils parlent de moi comme si j'étais une sorte de bête de foire, je sais pas.

Il hoche la tête et pose sa main sur la mienne.

— T'es une bonne personne, Reeves. Mais, laisse moi te poser une question qui risque d'être méchante... Pourquoi tu étais... si...

Il semble chercher ses mots. Et je vois où il veut en venir. Je vois complètement.

— Si salope ?

Il hoche la tête.

— Je... je crois que ça a à voir avec mon père. Pas que ce soit une sorte de gène ou quoi, mais ça le concerne plus ou moins. Il était soldat, et toujours en déplacement dans des pays en guerre, où je ne sais quoi, à partir du moment où je suis rentrée dans la puberté et tous ça. Mais le fait est qu'il n'était pas souvent la. Je vivais donc juste avec ma mère... comme maintenant, sauf que c'est... définitif désormais. Je crois que j'avais besoin d'attention. Ma mère travaillait à l'hôpital et n'étais pas non plus souvent à la maison. Chez moi, c'était juste moi, et il fallait, dans ma tête, qu'on s'intéresse à moi pour que j'existe. Et voilà comment est née la grande Olivia Reeves.
— Être authentique ça te réussit, Olivia.

Je souris et nous décidons de sortir du bowling, parce que notre partie est assez nulle et qu'on a mieux à faire ailleurs. Nous nous rendons tous les deux chez Jack, qui nous a demandé de passer pour je ne sais quelle raison. Mais du moment que je le vois, je suis contente.

hello les amigos :)ce chapitre n'est pas ouf, mais je veux que johnson soit plus présent :)j'espère que ce chapitre vous aura plu quand même

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hello les amigos :)
ce chapitre n'est pas ouf, mais je veux
que johnson soit plus présent :)
j'espère que ce chapitre vous aura plu quand même.
on se retrouve pour la chapitre
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