- SEPT -

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Il pose le coton imbibé de désinfectant sur ma lèvre. Je sursaute et souffle un 'aïe'. Il s'excuse avant de continuer de tapoter ma lippe. Je regarde ses yeux. Ils sont concentrés sur mon visage et ses sourcils sont froncés. Il pose le coton sur le rebord du lavabo et attrape un pansement qu'il colle sur ma lèvre, exactement comme il l'a fait pour mon sourcil. Avec douceur. Je suis surprise qu'il soit si gentil alors que je lui ai mit deux gifles.

— Je ne te comprends pas, il commence.
— Pourquoi ?
— Tu m'as bien giflé tout à l'heure mais tu as refusé de te défendre contre Sam. Pourquoi ?
— Toi, t'es un mec, même si je te frappe, tu peux pas me frapper. Parce que je suis sûre que c'est pas tes valeurs, tout ça. Mais elle, c'est une fille. Et une petite voix à l'intérieur qui me disait que si je frappais, on allait toutes les deux avoir des problèmes. Il y aurait eu des témoins et... enfin là, aucun témoin, donc personne ne sait vraiment si je l'ai frappé où si c'est elle.

Il jette les cotons et les emballages de pansements dans la petite poubelle à côté du lavabo.

— Et toi, qu'est-ce que tu fais là, je lui demande.
— Eh bien, Sam hurlait à qui veut bien l'entendre que tu l'avais sauvagement attaquée, j'y ai pas trop cru.

Je hoche la tête. Je me lève du rebord de la baignoire. Il est quand même plus grand que moi. Je fixe ses yeux pendant que lui fixe les miens. Je ne sais pas ce qui se passe, mais je le sens mal. Une centaine de sentiments bizarre prennent possession de mon corps. Maintenant, là, tout de suite, j'ai envie de l'embrasser. Peut être parce qu'il a joué au docteur. J'en sais rien. C'est plus fort que moi. Je ne peux pas m'empêcher de le trouver irrésistible. Son visage s'approche du mien. Je suis supposé lui en vouloir. Pas vouloir l'embrasser. J'approche aussi mon visage du sien. Ses lèvres finissent par s'écraser contre les miennes. Je pose ma main sur sa joue et les siennes viennent se poser sur mes hanches.

— Aïe...

Il se recule.

— Mince, pardon.

Au lieu d'avoir une réaction rationnelle, j'écrase à nouveau mes lèvres sur ses lippes. J'ai mal à ma lèvre, mais je m'en fiche. Je ne peux pas faire autrement qu'apprécier le moment, ce moment où personne n'est déchiré. Ce moment où mes démons sont loin. Ce moment où c'est simplement lui et moi. Moi et lui. Mes mains se perdent dans ses cheveux. Il me plaque contre la porte de la salle de bain et ses mains se baladent sur mes hanches, sous mon haut. Qu'est-ce qu'on fout ? Avant que je ne le repousse, son téléphone sonne et il se recule avant de répondre. Il me tourne le dos. Ma respiration est saccadée, ma poitrine se lève et se baisse comme si je venais de courir un marathon. J'ouvre la porte et sors, pour le laisser seul au téléphone. Je vais m'assoir sur mon canapé et sors mon portable, pour faire comme si je n'étais pas totalement bouleversée par ce qui vient de se passer.

— Hmm... Il faut que j'y aille, Jack m'attend chez lui... Donc heu... à demain.
— À demain.

Je me lève pour lui ouvrir la porte. Je n'ai jamais vécu une scène aussi bizarre. Il attrape son sac et le met sur son dos avant de sortir. Je ferme la porte et souffle. Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il vient de se passer. C'est tellement... étrange. Je referme la porte au moment où le fixe sonne. Je vais le chercher et vois qu'il s'agit à nouveau de ma mère.

— Olivia ! Si tu savais comme je suis déçue par ton comportement ! Te battre ! Je croyais t'avoir apprit de meilleure valeur que... ça !
— Quoi ? Je comprends pas.
Le principal qui m'appelle pour me dire que tu as frappé une fille, c'est mon imagination, peut-être ! J'ai d'autre choses à faire que de m'occuper des problèmes de comportements de ma fille. Si c'est pour attirer mon attention, c'est réussi, bravo ! Sauf que je bosse, moi ! Je ne sèche pas ! Ça aussi, tu comptais me le dire un jour ? Tu as séché ce matin les deux premières heures.
— Je ne me suis pas battue ! C'est cette folle qui m'a frappé ! Je n'ai pas répondu !
Bien sûr ! Et les traces sur son visage, c'est quoi ? Du maquillage ? Ne me prends pas pour une imbécile ! Je ne suis pas née de la dernière pluie, Olivia ! On en parle ce soir.
— Je ne sais pas si je serai encore là.

gone // jgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant