Chapitre 17

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Une heure plus tard, nous étions à Scotland Yard, et Sherlock exposa son raisonnement à Lestrade. Pour lui, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute: Le même poison avait été utilisé pour Carl Powers mais cette fois, dans la dose de botox quotidienne injectée à Connie Prince. Grâce à son historique internet fourni par le ministère de l'intérieur, dont Sherlock s'était fait un ami, on pût aisément prouver les faits. Sherlock posta la solution sur son blog en un rien de temps. Quelques secondes plus tard, la sonnerie du téléphone rose retentit. La voix éraillée de la vielle femme se fit entendre dans la salle aux aguets:

"Aidez-moi...Je vous en prie !

-Dites-nous où vous êtes. Votre adresse.

-Il était si... Sa voix était...

-Ne dites rien sur lui, ordonna Sherlock, subitement alarmé.

-Il avait la voix si... douce."

L'instant d'après, je lus sur le visage de Sherlock la nouvelle avant qu'il ne nous l'annonce. Il n'y avait plus personne au bout du fil. Il n'y avait même, plus rien... Ce fut vaincus que, ce soir-là, nous rentrâmes à Baker Street.  Au dîner, un silence lourd régnait entre nous. Sherlock jouait avec ses légumes d'un air morose, tandis que John serrait sa fourchette tellement fort que ses jointures en devenaient blanches. Je n'arrêtai pas de penser à la voix usée de la vielle femme et avec quelle violence elle avait juste cessé d'être en un clin d'œil. Elle avait sûrement une famille, des amis, et nous n'avions pu la sauver. C'est idiot mais j'avais la douloureuse impression de l'avoir tuée. Nous avions peut-être résolu l'énigme mais n'avions pu sauver la victime. Après le repas, Sherlock saisit son violon, John enfila son manteau et partit se dégourdir les jambes tandis que je m'assis dans le fauteuil de Sherlock, prétendant me reposer. En vérité, j'écoutais Sherlock composer. C'était une mélodie douce et mélancolique. Rien qu'en entendant les première notes, je sentis mon cœur se gorger d'une tristesse ineffable. Sherlock était tellement beau; il se tenait droit, il fronçait légèrement les sourcils, tout absorbé à son dur labeur. J'aurais pu rester là pendant des heures à l'admirer. De nouveau, mon esprit dériva vers la femme qui, aujourd'hui avait péri. C'était donc à cet intense sentiment de culpabilité qu'un inspecteur devait faire face? Tout à coup, le violon cessa et je levai la tête vers Sherlock qui me fixait, inquiet:

"Tout va bien Y/N? Tu me sembles perturbée."

Je bafouillai un début de réponse mais ma voix mourut au creux de ma gorge. Sherlock s'avança vers moi puis s'agenouilla à ma hauteur. Dans ses yeux, dansait une lueur d'anxiété qui me rasséréna quelques peu et me donna la force d'expliquer:

"Je n'arrête pas de penser à ce qu'il s'est passé aujourd'hui, et à la vie que nous n'avons pu sauver."

Sherlock parut désarçonné, comme s'il ne se doutait pas une seule seconde de la raison de ma peine. Il ouvrit la bouche, puis la referma, interdit. Il ne m'en fallut pas davantage pour comprendre qu'il n'y avait pas pensé une seule seconde et qu'il était bien loin de ce genre de considération. Gênée du silence, je me relevai en balbutiant:

"Je vais aller me coucher, pardon je suis épuisée. Je ne devrais pas t'embêter avec mes histoires.

-Non attends!"

Sherlock saisit ma main d'un mouvement vif et, avec une douceur infinie, m'attira dans ses bras. Ça avait beau ne pas être la première fois, je sentis un frisson me parcourir l'échine. J'avais l'impression qu'à chaque fois qu'il m'enserrait, un vide se comblait en moi,  je me sentais moins seule, moins en danger, je me sentais en sécurité. Je me blottis un peu plus contre lui et, sentant les larmes me monter aux yeux,  les retins. Il était hors de question que je me mette à chouiner. Mon esprit se vida complètement, j'avais l'impression de plus penser à rien. Ni à hier, ni à aujourd'hui, ni à demain et encore moins aux problèmes que ce dernier amènerait. Sherlock s'écarta de moi pour m'attirer sur le canapé. Délicatement, il m'incita à m'allonger. Je cédai avec délice et posai ma tête sur ses genoux. Il passa ses doigts dans mes cheveux, me caressa la nuque, les bras, il s'égara parfois même dangereusement près de ma poitrine. Je me sentis apaisée à un point inimaginable, et flattée que Sherlock Holmes prenne du temps pour s'occuper moi. Je ne cherchais pas à savoir s'il nourrissait de quelconques sentiments à mon égard, non. Je ne voulais pas prendre le risque de tout gâcher. J'enfermai à double tour toutes mes questions au fond de mon âme et me délectai simplement de toutes ses attentions. Je m'endormis sur le canapé ce soir-là, sous les tendres cajoleries de Sherlock.

Sherlock x reader storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant