Chapitre 20

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PDV Y/N:

La porte d'entrée claqua, mon frère était parti chez  Sarah. Il était l'heure de dîner, et j'étais affamée. J'avais beau être en colère contre Sherlock, rien ne m'empêcherait de manger; il me suffirait de l'ignorer. Ma rancœur était puéril, je le savais. Il s'agissait, comme pour la majorité des disputes entre êtres humains, d'orgueil mal placé. Je savais que Sherlock n'était pas le genre d'homme à tomber amoureux, alors à quoi bon me bercer d'illusion? Je m'étais laissée embrasser, je m'étais laissée fondre dans le baiser. Je ne pouvais pas le lui reprocher. Je revêtis ma robe de chambre et, à pas feutrés me dirigeai vers le salon. Sherlock, assis en tailleur sur le fauteuil, semblait s'abîmer dans l'ordinateur posé de façon branlante sur ses genoux. Tant et si bien qu'il ne sembla pas m'entendre, ou peut-être était-ce la faute des voix braillardes des présentateurs de télévision qui sortaient de cette dernière. Quoi qu'il en soit, je le contournai, me glissai telle une ombre à quelques mètres derrière-lui. Proche, pour voir ce qu'il trafiquait mais pas assez pour qu'il ne me remarque. Que pouvait faire un homme comme Sherlock Holmes sur un ordinateur? Du porno ce n'était pas son genre, les réseaux sociaux n'en parlons même pas, son blog peut-être? Lorsque j'aperçus la page active, ma gorge se noua. J'eus l'impression qu'on m'enfonçait un pieu dans le cœur. Depuis combien de temps n'avais-je pas vu ce visage? Je pris une inspiration hachée, Sherlock tourna brusquement la tête vers moi, surpris par ma présence. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, commença à rabattre l'écran mais je l'arrêtai d'un geste de la main:

"J'ai vu, Sherlock, c'est trop tard pour cacher."

Il avait un air étrangement coupable; comme s'il savait son geste inconvenant. Je tentai de reprendre une contenance mais avais la douloureuse impression qu'au moindre coup de vent je me réduirais en cendres, tel un arbre calciné jusqu'à la souche. Je m'approchai lentement du fauteuil et me laissa tomber sur l'accoudoir avant de m'enquérir d'une voix plus tremblante que je ne le voulus:

    "Je peux savoir ce que tu fais sur le profil de Martin ?"

Sherlock s'était composé un masque de glace, et il répondit d'un ton neutre:

    "Je voulais juste voir à quoi pouvait bien ressembler tes anciennes conquêtes. Pour connaître quelqu'un, le mieux est de regarder ses anciens conjoints, John et Gavin ont eu le même traitement.

    -Greg, corrigeai-je."

Il me fixa, hébété et je levai les yeux au ciel tout en expliquant d'un ton patient:

"C'est Greg Lestrade et non pas Gavin Lestrade. Que va-t-il te falloir pour que tu l'imprimes?"

Sherlock sembla vexé et haussa les épaules d'un air désabusé. Mes yeux retombèrent sur la photo de Martin. Je n'allais jamais sur son profil pour cette raison; je détestais la sensation de tristesse qui me prenait alors. N'avais-je donc pas tourné la page? Pourquoi ne pouvais-je pas être comme toutes ces filles de série qui se remémoraient leurs souvenirs avec un sourire nostalgique aux lèvres? Moi, j'étais aussi brisée qu'une adolescente en pleine crise existentielle, et je n'avais qu'une envie, éclater en sanglots. Sur sa photo de profil, il se passait une main dans les cheveux, ses  yeux verts-bleus fixaient la caméra, et il arborait son parfait sourire. Le même qui m'avait séduite, le même qui m'avait accompagnée des jours durant, le même qui l'avait sûrement séduite elle. Sherlock se promena sur sa page, sur ses différentes photos, sous mes yeux, et tout en le faisant, il posa une main sur mon genou. Je la remarquai à peine, j'étais prise d'une immense envie de dégobiller le repas que je n'avais pas encore pris. Après plusieurs minutes à avoir observé les commentaires, et les descriptions de ses photos, Sherlock déclara simplement:

Sherlock x reader storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant