Aime-moi [Tome 2 Supplie-moi]

#31 Jake

Les semaines défilent et mon amour pour elle est de plus en plus fort. Maintenant que nous vivons ensemble, même si nos boulots sont omniprésents, je savoure chaque minutes passées à ses côtés. Je sais que je ne pourrai plus la laisser partir. Alie est à moi, à jamais. Je me rapproche doucement du rêve secret que je garde en moi depuis quelques temps : faire d'elle celle qui partagera ma vie jusqu'à la fin. Je ne vois, et ne veux, personne d'autre pour jouer ce rôle. Je veux être celui qui lui donnera la réplique même lorsque je serai trop vieux pour lui dire encore clairement que je l'aime. Quand je lui ai confessé à l’anniversaire de ma sœur qu’un jour je l’épouserai, j’étais plus que sérieux. C’est avec elle que je regarderai vers l’avenir. Elle et personne d’autre. Je ne me suis jamais senti aussi vivant que depuis que j’ai rencontré cette femme, si parfaite, si belle, tellement sexy. Je suis devenu un autre homme à son contact. Moi qui pensais que, jamais je ne tirerai un trait sur Monsieur-zéro-sentiments avec ses plans cul sauvages, je me suis bien trompé, et tant mieux. En la regardant dans mes bras, endormie, je n’ai aucun doute sur mes sentiments. D’ailleurs, je n’ai jamais eu le moindre doute. Je l’aime. Comme un dingue.
Tout serait absolument parfait si elle osait enfin me parler de tout ce qui l'a tracasse. Il y a toujours cette part d'elle qui refuse de totalement s'ouvrir. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de lui donner raison d'avoir confiance en moi, et pourtant...

Ses nuits sont agitées depuis plusieurs jours, et je sens bien qu’elle est contrariée par quelques chose. Mais elle ne me dit rien. Comme d’habitude, elle préfère se ronger les sangs toute seule plutôt que de se livrer à moi. J’y suis habitué maintenant, mais ça me fait toujours mal. Moi qui me suis ouvert comme jamais pour elle, je regrette qu'elle ne ressente pas le besoin d'en faire de même. J’attends encore qu’elle fasse le premier pas. Pas assez courageux pour la brusquer et risquer de la fermer encore plus. J'espère seulement qu'elle n'a pas de problème trop lourd à gérer pour elle. Si seulement elle me laissait une fois de plus prendre les rênes, je pourrai la soulager.Elle fait d’innombrables cauchemars, toutes les nuits. Je suis toujours là, à la réconforter alors qu’elle me dit que tout va bien. Mais on ne fait pas des mauvais rêves chaque jour quand il n’y a rien qui cloche. La voir ainsi me terrifie. Entendre ses plaintes dans son sommeil me fait froid dans le dos et j'ai sans arrêt peur qu'elle m'échappe. Il va falloir sérieusement que je songe à porter mes couilles et lui demander ce qu’il se passe. Mais pas aujourd’hui. Je vais lui laisser quelques jours histoire de voir si elle me parle. J'aviserai ensuite.

***

Ça fait des jours maintenant que j'attends qu'elle vide son sac. Je la sens distante et anxieuse. Comme si elle me cachait quelque chose de tellement énorme que je ne mérite pas de partager avec elle. Moi qui donnerai tout pour qu'elle soit heureuse, je ne supporte plus cette situation pourrie dans laquelle elle nous enferme tous les deux. Il est grand temps que j'ouvre ma gueule et demande quelques explications. Mais attention, tout en douceur, je ne sais que trop bien comment elle peut réagir excessivement quand on la brusque un peu.

— Tu as l’air fatiguée, dis-je en lui déposant son café sur le plan de travail.

— J’ai mal dormi, dit Alie en remuant le sucre dans sa tasse sans me regarder.

— Je suis au courant, déclaré-je en essayant de capter son attention.

—    C’est un reproche ? demande-t-elle sur la défensive en me fixant.

Pour l'attention, c'est fait. Bordel, ça  s’annonce mal… Je fais le tour du comptoir pour la rejoindre et je laisse mes mains serrer les siennes doucement pour lui faire comprendre que je suis là.

— Bien sûr que non… J’aimerai juste que tu me dises ce qui ne va pas.

—    J’ai fait un cauchemar. Ça arrive à tout le monde.

— Pas toutes les nuits bébé… Ça fait trois semaines que ça dure. Parle-moi...

Alie repousse mes mains et se lève.

—    Je vais être en retard, dit-elle en me regardant avec froideur.

Et voilà, j’ai tout foiré !  Je savais que ça finirait comme ça, mais j’ai voulu m’entêter à fouiner. Mais il va vraiment falloir qu'elle me dise enfin ce qu'il se passe. Ça ne va pas pouvoir durer comme ça éternellement. Tout avait enfin l'air d'être parfait. Plus de secrets, plus de sentiments inavoués, juste elle et moi. Mais voilà que les nuages pointent maintenant dans notre direction. J'espère seulement que la tempête va vite passer. J'étais si heureux il y a encore quelques semaines et voilà que tout ce métier recommence. Je l'avais enfin retrouvé, espérant que c'était définitif. Mais voilà qu'elle fuit devant moi

Je passe ma journée de boulot totalement perdu entre mes dossiers et le visage heureux de Sven qui semble heureux comme jamais. Ça a l'air de rouler avec son Arthur, mais j'ai du mal à me réjouir pour lui en ce moment. J'espère que ça ne fait pas de moi un mauvais ami. Je serai vraiment navré que Sven me voit ainsi, mais c'est plus fort que moi.  Jake paumé, le retour ! Je pensais l'avoir perdu le jour où j'ai récupéré ma sushi girl, à croire qu'il a retrouvé tout seul le chemin.

***

En l’entendant rentrer à presque vingt deux heures, j’espère que ma belle rousse est calmée.  Je n’ai pas donné signe de vie de la journée, et je ne suis pas non plus allé au Evy’s après le boulot. Je voulais la laisser respirer pour ne pas qu’elle croit que j’insiste pour tout savoir. Même si le fait d’ignorer ce qu’il se passe me fait un mal de chien. La voir triste et contrariée me rend complètement fou. Et qu'elle garde le silence me détruit un peu plus chaque jour. Si elle n'a pas assez confiance en moi pour tout me dire, je ne vois pas ce que je peux faire de plus.  

Assis sur le tabouret de la cuisine devant mon ordinateur portable, je consulte les derniers mails de la journée, une bière à la main quand son beau visage apparaît dans la pièce.  Elle n’a pas l’air détendue. Mais alors vraiment pas. Je crois que j’aurai préféré voir « la Alie » de ce matin, elle me faisait beaucoup moins peur. Ses beaux yeux émeraudes sont durs et plus foncés. Avec le temps, j’ai appris que lorsque ses yeux sont de cette teinte, mon Alie est triste, et je déteste ça.

Elle s’avance vers moi et je fais pivoter mon tabouret de façon à la voir en face. Ma sushi girl colle sa tête sur mon torse et m’enlace par la taille sans rien dire. Je savoure son contact qui se fait rare ces derniers temps. C’est si bon de la sentir contre moi et profite de son élan pour la serrer dans mes bras à mon tour.

—    Sers moi plus fort, dit-elle dans un murmure.

Je m’exécute et resserre mes bras autour de son corps magnifique. Je n’ose rien dire de peur qu’elle ne s’écarte de moi, encore. Alie ne va clairement pas bien du tout, et je ne peux rien faire si elle ne se décide pas à me parler.

— Tu m’as manqué ce soir, déclare-t-elle.

— Tu me manques chaque seconde où tu n’es pas là, déclaré-je. Tu ne veux toujours pas me dire ce qu’il se passe bébé ?

— Tout va bien, dit-elle d'une voix à peine audible.