Aime-moi [Tome 2 Supplie-moi]

#4 Alie

Une vague de chaleur me submerge et j'ai la douloureuse impression d'étouffer. Je me rue vers ma cuisine pour échapper à la foule du restaurant et tente de contrôler ma respiration. La cuisine est vide. Nous y entreposons seulement toutes les préparations pour le bar à sushis, il n'y a donc personne pour me voir dans cet état. Les mains posées à plat sur le plan de travail, je tente de me maîtriser.

- Ça va ma belle ?

- Ouais Di c'est bon... donne moi deux minutes...

- OK, mais je suis là bébé, fait-il avant de quitter la pièce.

Diego me laisse seule dans ma cuisine. Il sait que ça ne sert à rien de rester avec moi. Il me connaît par cœur depuis que j'ai trois ans. Il sait, que j'aime être seule, que j'en ai besoin. Que je n'ai besoin de personne pour me tenir la main. Je gère.

Jake est là, chez moi. Lui, que j'ai eu tant de mal à chasser de mon esprit. Lui, à cause de qui j'ai lâché les premières larmes depuis des années.
Lorsque j'ai décidé d'effacer son numéro et tous ses SMS, ça m'a énormément fait souffrir. Mais c'était un premier pas nécessaire pour l'oublier. Je pensais ne plus jamais le revoir de ma vie. D'ailleurs, en arrivant à New-York, je n'ai pas pensé que je pourrai le croiser. C'est si grand et il y a tellement de monde. Les chances que je le vois dans mon club étaient très minces. On n'a clairement pas les mêmes occupations, ni de liens en ce qui concerne le travail, pas les mêmes amis... Rien ne présageait ce qu'il s'est produit ce soir.

Il y a sept mois, j'ai dû dire au revoir à Evelyn, mais aussi à Jake. Et lorsque que ce dernier est parti, j'ai laissé échapper toute ma souffrance en pleurant. Chose qui ne m'était pas arrivé depuis la mort de mes parents.
Je ne sais pas trop ce que je ressentais pour Jake. À vrai dire, la question ne se posait pas. Il était là pour une durée déterminée. Je le savais, lui aussi. Notre pseudo relation n'avait pas lieux d'être. Mettre un nom dessus aurait été ridicule. Tout ça, était ridicule. On a seulement pris du bon temps l'un avec l'autre. Mais la douleur que j'ai ressenti à son départ a été si forte que mon cœur a explosé.

Le sevrage a été très dur comme je l'avais pensé avant qu'il ne parte. Les premiers jours sans ma « dose de Jake » m'ont semblé atroces. Mais c'était le deal. Je savais que son départ serait compliqué, mais je ne le pensais pas si douloureux.

Alors le voir là, a fait remonter toute la souffrance que j'ai eu tant de mal à soulager. Et le regarder  avec cette pétasse de Carmen, ça m'a rappelé qu'il ne vivait pas dans la même sphère que moi, que jamais je ne serai à la hauteur face à eux. Qu'il a seulement fait « joujou » avec moi.

Tout ça ne devrait pas m'atteindre. J'avais juré ne plus me laisser toucher par un homme, je n'ai pas respecté ça, à cause de Jake. Je m'étais promise de ne pas me prendre la tête avec cette histoire sans lendemain, je n'en ai rien fait, à cause de Jake. Si j'avais su qu'à cet instant précis,  je me détesterai de n'avoir tenu aucune de mes promesses, je crois que je n'aurai jamais approché Jake Adams.

Je tente tant bien que mal de reprendre mon service en activant mon « mode OFF », pas très concluant, mais il faudra faire avec.

Vers minuit, le restaurant se vide. Terry et Jana m'aident à nettoyer la salle et je les libère ensuite. Il me reste la caisse de l'étage resto à compter. Et maintenant, je me rends au vestiaire pour ôter mon t-shirt blanc contre le t-shirt argenté. Il est l'heure d'aller porter secours à Luna et Tray au bar du sous-sol.

Le club est bondé, j'arrive à pique. Tray, ce petit blond à l'air intello, aligne les cocktails sur le bar. Il est très doué, et ses cocktails sont à tomber. Il s'en sert beaucoup pour draguer ce petit vicieux d'ailleurs. 
Mais qui peut lui en vouloir ? Tant qu'il ne met pas le bordel dans mon club avec ses groupies, il peut bien faire ce qu'il veut.