#15 Jake

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Sans perdre une seconde de plus, je plonge en elle. On a bien assez attendu et mes nerfs ne tiennent plus.

Putain c'est si bon !

J'attends ce moment depuis la première fois où je l'ai revu au Evy's. J'ai rêvé de cet instant même  depuis que je l'ai quitté à Camden. Bien avant de comprendre que je ne voudrais plus jamais m'éloigner d'elle. Avant de savoir ce que je ressentais. Comment pourrais-je me passer d'elle ?
Il n'y a que là que j'ai envie d'être, dans ses bras. Il n'y a qu'elle qui a se pouvoir indescriptible sur moi. Le pouvoir de m'ouvrir les yeux.  Le pouvoir de faire ce qu'elle veut de moi.

Elle gémit au rythme de mes va-et-vient. Ses ongles se plantent dans mon dos à m'en faire mal. Mais je m'en fous. Je veux prendre tout ce qu'elle est disposée à me donner. Je la regarde alors qu'elle se cambre une dernière fois en criant mon nom, avant de m'abandonner à mon tour.

Tous les deux haletants, nous restons allongés sur le plan de travail de ma cuisine de luxe. Moi, toujours entre ses cuisses, la tête nichée dans son cou. Elle, silencieuse, ses mains caressant mes cheveux. Je ne sais pas ce qui l'a faite changer d'avis, elle qui me repousse depuis que l'on s'est revu, et à vrai dire, je m'en tape. Je suis tellement heureux de l'avoir retrouvé. Toute cette incompréhension face à mes sentiments nouveaux prend tout son sens à cet instant. Je sais que je suis fou amoureux de cette fille. Même si je pense qu'Alie n'est pas prête à l'entendre.

— Tu m'as manqué... dis-je doucement la tête dans ses cheveux.

Ne voyant aucune réponse de sa part, je relève la tête et observe son beau visage. J'entrevois une larme glisser sur sa tempe qu'elle s'empresse d'essuyer du revers de la main. Je me redresse alors pour m'accouder de chaque côté de son visage.

— Qu'est-ce qu'il y a bébé ? dis-je en chuchotant et laissant mes doigts s’entortiller dans ses mèches.

— C'est rien, ça va...

Je repose ma tête sur sa poitrine, perplexe.Je n’arrive jamais à savoir ce qu'elle cache au fond d'elle. Ça me rend triste de constater qu'elle ne me fait toujours pas confiance. Ma main erre doucement sur son corps, la faisant frissonner. Mes yeux s'arrêtent ensuite sur l'encre qui parcourt sa peau claire. Un nouveau tatouage est apparu tout le long de ses côtes à droite. Une phrase, qui se termine à la naissance de sa cuisse.

« Never let the shadows of yesterday obscur the light of tomorrow ».

Ne laisse jamais les ombres d'hier obscurcir la lumière de demain.

Mes doigts glissent sur sa peau lettre après lettre. Cette phrase reflète tellement sa vie, et toutes ses chutes. Après tout ce qu'elle a traversé, elle trouve encore le moyen d'avancer sans jamais baisser les bras. Se relever après la mort de ses parents doit être une épreuve tellement douloureuse que je n'essaie même pas d'imaginer sa souffrance. Heureusement qu'Evelyn était là pour veiller sur elle et l'aider à grandir.
Mais maintenant que sa grand-mère est partie à son tour, Alie est seule au monde, mais continue de se battre et de garder la tête haute. Et même après ce que lui a fait subir Dave, elle a trouvé la force d'avancer.

Dave Harrison, un pourri de première qui mériterait que je lui éclate la gueule jusqu'à ce que mort s'en suive. J'ai finalement lu le dossier que le cousin de mon assistante m'avait envoyé. J'ai un peu honte de l'avoir fait, mais c'est trop tard maintenant. Sans nouvelles d'elle depuis plusieurs semaines après mon départ, j'ai pété un câble. Je ne pensais qu'à elle, sans arrêt. J'étais obsédé, possédé par elle.  Alors je me suis raccroché à la seule chose qu'il me restait d'Alie : son histoire. J'en ai encore des frissons dans le dos. J'ai été tellement choqué de ce que j'ai lu qu'après ça, j'ai tout effacé pour ne pas prendre le risque de relire ces mots une seconde fois. Si Dave Harrison n'était pas déjà en prison, je l'y aurai mis moi-même. Quand je pense que « Connard » est le nom que lui donne Alie, je me dis que cet adjectif est bien trop faible pour caractériser cet enfoiré de putain de fils de pute ! Un mec comme ça ne mérite que la prison, et surtout d'y rester.

Je la regarde se rhabiller et enfiler ses chaussures sans un mot.

Qu'est-ce qu'elle fait ?

— Tu t'en vas ? dis-je inquiet.

— Ouais... Je me lève tôt demain, annonce-t-elle sans m'offrir un regard.

— T'es sérieuse là ? demandé-je indigné.

Alie attrape son sac, toujours sans me regarder.

— On a baisé il y a à peine trentes secondes et tu te casses ?

Putain je suis choqué !

— Bah c'est un peu le principe d'un plan cul nan ?

Alie ne me décroche pas un regard une fois de plus, hautaine et froide.  Je la regarde aller de droite à gauche pour chercher la sortie. Une fois dans l'entrée, elle me balance un « à bientôt » et claque la porte.

Euh... j'ai loupé un truc ou quoi ?

Je me retrouve là, à moitié à poil, seul en plein milieu de la  cuisine. Moi qui pensais l'avoir enfin retrouvé, voilà qu'elle m'échappe encore pour s'éloigner un peu plus de moi. À cet instant, Alie ne m'a jamais semblé aussi inaccessible. Elle pense qu'elle est mon plan cul, mais elle ne sait pas à quel point elle se trompe. En y repensant, je ne l'ai même  jamais considérée ainsi. Elle a toujours été plus que ça, malgré que je ne m'en sois rendu compte que récemment. Et puis, c'est peut être moi le plan cul en fin de compte...

Quand elle est arrivée ce soir, Alie était tendue comme jamais. Mais elle a enfin lâché prise, accepté la situation. Je pensais qu'elle avait compris ce qui nous liait.

Elle s'est jetée sur moi putain !

Je n'arrive même pas à exprimer ce que ça m'a fait. C'était tellement bon de la retrouver, de l'avoir contre moi. J'ai naïvement pensé que ça lui avait fait « quelque chose ». Apparemment, je me suis trompé, et j'en suis fou de rage. Comment peut elle repousser ce qu'elle ressent ainsi ?

Lorsque j'ai vu les larmes dans ses yeux il y a quelques minutes, j'ai cru que c'était... Enfin je ne sais pas trop, mais je crois que j'ai voulu me dire que c'était plutôt bon signe. Je ne vois pas pourquoi elle aurait pleuré si j'avais été seulement sa distraction. Putain ! J'ai subitement l'impression que les rôles se sont échangés.

C'est moi le passe temps bordel !

Je regarde ma canette de bière sur le plan de travail et me dis qu'elle ne me suffira pas pour m'enlever cette horrible sensation qui m'emporte. Je m'habille et sors pour rejoindre le bar le plus proche de chez moi. J'ai besoin d'une bonne cuite au Rock'n'Shots.

***

J'arrive au bar de Kraig et commande un double whisky sans glace. Ce dernier me sert en me demandant qui sera ma cible ce soir. Kraig à l'habitude de me voir traîner ici, avec Gordon entre autre, et il a été témoin de toutes nos parties de chasse. Il s'en amuse et lance souvent quelques paris.

— Pas de chasse ce soir, dis-je après avoir bu mon verre cul sec.

— T'as de la fièvre Jaky ? se moque-t-il.

— Un autre !

Kraig me ressert sans me contredire et sans tenter d'en savoir davantage. Pas envie de parler ce soir. J'ai juste les boules et je veux qu'on me laisse ruminer tranquille. Tout seul. Comme un con. Avec mon verre.

Je dois en être à mon huitième whisky quand je décide de me mettre à la bière en charmante compagnie. Cassie... Kaysie... Ou autre chose...

Une belle brune aux yeux noisettes qui m'a fait du rentre dedans pendant des heures. Sa voix m'agace. Son rire me hérisse les cheveux. Et son intelligence... Non parlons d'autre chose...

Elle a un cul magnifique et une belle paire de seins. Le dos cambré et une bouche « glossée » à mort. Le cliché parfait de la bimbo que je ramène lors de mes soirées chasse. Une belle proie facile attiré par le fric et les belles voitures. Ça va être rapide et efficace.

J'embrasse fougueusement cette pétasse siliconée sous les yeux de Kraig, qui rit en disant qu'il aurait dû parier sur le fait que je ne peux pas tenir une soirée ici sans chasser. J'avale un shot de Vodka que ma tendu Christie... Cassie... ou je-ne-sais-qui et prends mon téléphone qui est au fond de ma poche. Il est quatre heures du matin quand je compose le numéro de Miss-brise-moi-le-cœur.

Aime-moi [Tome 2 Supplie-moi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant