Une adolescente, un adolescent. Des pensées en vrac, saupoudrées de philosophie, d'envies et de longs discours sur la vie. Un éloge de l'être humain, un réquisitoire contre l'incertitude de notre fin. Rien de bien différent de ce que l'on a l'habitu...
La discussion bat son plein, les deux adolescents s'écoutent et échangent leurs ressentis tout à fait humains. Sans se lasser des heures qui passent, de la nuit qui avance au rythme du temps et de l'espace. Ils peuvent presque se croire seuls au monde, tant ils sont absorbés par leurs échanges de paroles vagabondes.
– Tu aimes faire quoi ? s'enquit Nate, enchaînant sur un nouveau sujet de discussion.
– Regarder le ciel, que ce soit de jour ou de nuit. J'ai l'impression d'être ailleurs le temps d'une contemplation volée... Mais ce que j'aime par-dessus tout, c'est rêver. Et toi ? répond Judy, sur un ton enjolivé par la chaleur de ses mots.
– Penser à la personne que j'aurais pu être si mes parents m'avaient laissé l'être. Dans un sens, c'est comme rêver. soupire Nate.
– Et qui est cette personne ? demande Judy, sur un ton empli de curiosité.
– Un garçon qui assume ses choix et qui ose dire à ses parents qu'il ne fera pas une école de droit, mais qu'au lieu de cela, il écrira un scénario tout en étudiant le cinéma.
Nate avait débité ses mots avec conviction, et pourtant on sentait en lui un profond sentiment de déception.
– Tu veux devenir scénariste ? s'exclame alors Judy.
– Rectification : je voulais. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, et puis, c'est trop tard de toute façon.
Il baisse les yeux, son regard est alors empli du goût amer que laisse le regret après son passage, la déception de voir ses projets se figer net dans la peur d'aller de l'avant quelque sois l'âge.
– Ne laisse jamais tes parents te dicter ce que tu dois faire. C'est ta vie, pas la leur. Alors si tu le veux vraiment, tu peux changer ça, et foncer pour avoir une place en école de cinéma. Il n'est jamais trop tard, le rassure Judy.
– Oui, tu as peut-être raison, répond Nate doucement.
– Je crois surtout que le « peut-être » est en trop ! lui fait-elle remarquer en ramenant ses deux points sur ses côtes, mimant un air de désapprobation.
– Je te laisse le bénéfice du doute.
– Je ne reviens pas sur ma position. Le « peut-être » alourdit quelque peu ta phrase jeune homme !
Ils se taisent, se regardent, et soudain rient, se laissant porter par le doux fruit que leur donne à croquer la vie. Tant pis pour les actes manqués, c'est vers l'avant qu'ils doivent désormais se tourner. Car ils ont toute leur vie pour rêver, mais peu d'occasion d'en faire une réalité.
– Et toi, tu sais quel métier tu veux faire plus tard ? lui demande Nate, curieux de découvrir les projets futurs qui animent le coeur de Judy.
– Pour être franche, je n'en ai aucune idée, je n'y ai pas vraiment réfléchi. Je ne parviens même pas à me projeter plus loin que la fin de l'année tu sais. Je prends les choses comme elles viennent, et puis, advienne que pourra !
Une naïveté et un enthousiasme sans failles s'étaient dégagés de ses mots surmontés par la joie du moment présent. Judy n'était pas née pour se préoccuper des jours suivants, elle laissait le temps faire son oeuvre au rythme du vent.
– Tu vis dans l'instant, comme une épicurienne. lui dit alors Nate.
Instantanément, elle pivote sa tête vers l'adolescent, les yeux grands ouverts et pétillants, accompagnés d'un sourire aussi lumineux que la lune au milieu des cieux.
– Oui, même que Carpe Diem est ma religion ! s'exclame-t-elle.
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Musique en média : Sleeping at last - Pacific
NDA: Je tiens à m'excuser de ne pas être très présente sur Wattpad, les cours et tout le reste font qu'il est assez difficile pour moi de concilier boulot et écriture ces temps-ci... 😕 Mais je me remets dans le bain petit à petit, promis ! 😁😌
