8 - Lundi

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Cet après-midi, je suis passé chez lui. Je suis entré par le grand portail, pas par le fond du jardin, j'avais l'impression de faire une chose interdite. J'ai sonné à la porte, un homme d'une cinquantaine d'années est venue m'ouvrir, cet homme n'était pas son père mais le majordome. Il m'a demandé ce que je faisais là et ce que je voulais, je lui ai répondu : "je suis Paul Bertron un ami de Tyler et je suis venu le voir car il n'était pas en cour aujourd'hui et je voulais savoir pourquoi." Ce à quoi il m'a répondu, "Tyler n'a pas d'ami, merci de ne plus nous importuner" et il m'a fermé la porte au nez.

Je suis donc chez moi, devant mes devoirs et je me demande si ce majordome dit vrai, a-t-il vraiment aucun ami, même pas un ? Serait-il encore plus seul que je ne me l'imaginais ? Quand ma mère m'appelle pour le repas, je descends, on s'installe tout les quatre autour de la table, mon père, ma mère, ma sœur et moi. Ma sœur se nomme Pauline et on est jumeau mais on se ressemble pas du tout, ni physiquement, ni moralement, on a pas du tout les mêmes goûts. Mon père regarde les infos à la télé, le journaliste parle d'un crash aérien, un avion à destination de Sydney en Australie à perdu le contrôle au dessus du Pacifique, on a pas encore retrouvé l'avion et ils n'ont pas de nouvelles des passagers.

- Papa ?

Mon père se tourne vers moi et me regarde étonné, je ne parle jamais à table, en règle général je ne suis pas très bavard et je n'aime pas parler de moi.

- C'était quoi l'aéroport de départ ?

- Paris, il est partie samedi matin vers 11 heures, il devait atterrir à Sydney à 22 heures le dimanche. Les familles ont était prévenues dans la nuit.

Vous connaissez la sensation de pressentiment, celle qui n'est fondé sur rien mais qui te persuade que tu as raison ?, là, je la sens et elle est forte, très forte. Je regarde la télé puis mon père et me lève.

- J'ai besoin que tu m'emmène quelque part.

- Paul, on mange, ce n'est pas le moment.

- S'il te plait papa, c'est vraiment important, je dois aller voir quelqu'un.

Il doit voir dans mon regard que je suis inquiet car il se lève, regarde ma mère hausse les épaules, pour lui fait comprendre que lui non plus ne sait pas ce que j'ai et se dirige vers la porte d'entrée. Je récupère mon manteau et enfile mes chaussures avants qu'il sorte, je me dirige rapidement vers la voiture.

- Où va-t-on ?

- Propriété Lookwood.

Je vois à son attitude qu'il me trouve étrange, qu'il est inquiet pour moi et cette destination : propriété Lookwood, ne le rassure pas. Ce manoir est connu dans toute la ville, seul les habitants et les employés s'y rendent, la grille et la porte sont toujours fermées. Mais ce soir, j'y retourne une troisième fois, ce soir j'y rentrerais, peu importe l'avis du majordome car ce soir je dois le voir. Je tape sur mes cuisses, l'inquiétude et le stress sont des sentiments que je n'ai pas souvent l'occasion de ressentir, je ne sais pas vraiment comment je dois y faire face. La voiture finit par ralentir, elle s'arrête et je sors, sans un mot pour mon père. Je marche rapidement vers la grille, j'entends mon père descendre et me rejoindre. J'appuis sur la sonnette, le majordome ouvre un rideau, me regarde et le referme, il ne vient pas m'ouvrir.

- Tu n'as pas l'air d'être attendu, on devrait rentrer.

Je me retourne vers mon père, il semble vraiment inquiet mais pas plus que moi. Je le regarde d'un air déterminé et je lui réponds.

- Non, je dois aller le voir.

C'est la première fois que je lui tiens tête. Je retourne vers la voiture, il me suit.

Lui et MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant