Madeleine Repentante

Le siège

"Abel vous rêvez, gardez votre calme je vous en prie ! Abel, oh mon pauvre ami, Abel !"

J'avais rêvé, été replongé dans toutes les visions qui m'épuisaient désormais. L'Ichthus, les épreuves... et surtout Cadela qui s'éloignait encore de moi...

J'ouvris les yeux, j'étais en sueur, agrippé à la couverture du lit sur lequel je m'étais endormi. Madeleine était assise auprès de moi, elle s'inquiétait.

- Abel vous allez bien ?

- Oh bon sang... Ai-je beaucoup dormi ?

Elle me montra le petit luminaire qui nous éclairait, une chandelle toute neuve posée sur la table de chevet :

- La première a eu le temps de se consumer. Je dirais que vous avez dormi... près de deux heures. À vrai dire j'ai un peu piqué du nez moi aussi, mais vous m'avez réveillé en criant.

- J'ai crié moi ?

- Oui. Vous avez parlé de... Candela. C'est votre femme, Candela ?

Mon cœur s'agita à la mention du nom de ma femme. Elle me manquait et je venais encore de la perdre, de m'en éloigner.

- Oui c'est mon épouse, je crois qu'elle était dans mon rêve.

- Ça n'avait pas l'air joyeux...

- C'était très chaotique, mais comme toujours elle était là pour m'éclairer.

Une larme se fraya un chemin sur ma joue.

Je me ressaisis, me levai, marchai jusqu'à la porte encore fermée à clefs... "OHÉ ?!" criai-je, pour voir si le baron et sa meute se trouvaient encore dans les parages...

Des rires montèrent immédiatement, je les reconnaissais bien... Des beuglements de balourds, ceux des hommes du Baron. "Ooohééé !" firent-ils pour m'imiter. Et ils continuèrent de rire.

Madeleine s'était rassise à la table de chevet, les yeux perdus dans le reflet du miroir éclairé par la chandelle neuve. Elle dit alors, reprenant son fameux ton à la fois grave et lointain :

"Ils attendent qu'on craque. Ça les amuse, ce sont des chasseurs... S'ils avaient voulu casser cette porte ils l'auraient fait, mais ils trouvent du goût à rendre folles leurs proies. Et dire que ces scélérats détiennent Maxence et mon père, ça me met hors de moi !"

- Pour ce que j'ai dis tout à l'heure... Je m'excuse, je m'étais vraiment trompé.

- Quoi donc ?

- Épouser ce rejeton du diable ne vous aurait rien apporté de bon.

- Hahah, heureuse que vous me compreniez enfin !

- Croyez-vous qu'on puisse le berner d'une quelconque façon ? Il faut se débrouiller pour sortir, nous en tirer tous les deux sains et saufs.

- Franchement ?

Elle lâcha le miroir du regard pour me donner une réponse franche, les yeux dans les yeux ; et je sentais que ça n'allait pas être très positif...