chapitre 24

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Cela ne fait que trois mois et je n'arrive plus à supporter cet endroit. Vous l'avez deviné le verdict est tombé et j'allais être  emprisonné à 10ans de prison pour "tentative d'homicide involontaire", heureusement mon avocat est très doué il a réussi à utiliser ma maladie à mon profit, et ma peine a été réduite à 5ans de prison avec un an de sursis. Mais franchement je ne sais pas à quoi ça sert puisque je ne sais même pas si je vais passer la nuit .

Amine mon ami venait me voir de temps en temps, il me rendez compte sur ma situation financière, il gérait mes fonds, c'est un grand gestionnaire...
Je regardais son visage, je me souvenais des moments incroyables qu'on a passé ensemble, je me souvenais de nos délires. Il y'a de cela quelques années, on était ensemble à l'école, on était inséparables, et aujourd'hui il est devenu quelqu'un et  pendant ce temps moi je croupis en prison.

Mouhamed quant à lui il essayait à tout prix de m'aider, il se pliait à quatre pour me faire sortir de cette prison, mais entre son boulot d'avocat, son poste à l' ONU et son rôle d'ami la tâche devenait de plus en plus ingerable, j'ai essayé de le raisonner d'accepter mon sort mais c'est une tête de mule.

Mes frères venaient me rendre chaque semaine, je les regardais, et les moments qu'on a eu à passer ensemble jeunes me revenaient, je les regardais des souvenirs traversaient mon esprit. Mon petit frère Madou venait d'avoir son diplôme, j'étais tellement fier de lui...

Mes parents aussi venaient me rendre visite très souvent et la c'était les moments les plus durs avec ma mère qui fondait en larmes et mon père qui me demandais de m'accrocher à ma religion et de prier, ces moments là sont les plus durs car je voyais dans les yeux de mes parents de la souffrance, ils souffraient à cause de moi.

Et la nuit quand je repensais à tout cela, quand je pense à mes amis avec qui j'ai fait mes études et qui sont devenus des cadres aujourd'hui, quand je pense à mes frères pour qui j'étais un véritable modèle, quand je pense que j'étais le plus doué le plus prometteur, le fils prodige de la famille et que aujourd'hui c'est moi qui suis derrière les barreaux, là,  on est obligé de croire à  l'ironie du sort.

J'étais ce jeune plein d'énergie et ambitieux, j'étais ce jeune rêveur et brillant, j'étais ce jeune travailleur et déterminé, j'étais ce jeune qui avait planifié son avenir jusqu'au moindre détail, mais ce jeune à  oublié une chose, ce jeune a oublié qu'il n'était  pas maître de son destin.

Et le destin en a décidé que ce jeune ambitieux, que ce jeune homme sera là dans cet endroit dégoûtant, cet endroit qui sent la rance, qui sent le moisi, ce trou à rat immonde qui lui sert de prison.

J'étais ce jeune homme qui s'est battu toute ta vie mais qui au final  finira en prison, Ironique non !!

J'étais dans cette prison, mon état de santé se dégringolait de jour en jour, je faisais la navette entre l'infirmerie et ma cellule, je n'avait plus de vie sociale, les seuls moments où je me sentais vraiment vivant c'est quand je dispensais des cours de lecture à mes codétenus, je les donnais des cours en arabe et en français pour quelques uns, au moment des promenades, tout le monde se precipitait vers moi, il aimait les "khissa" ( histoire des prophètes ) que je les racontais, ils étaient passionnés par la persévérance des prophètes à faire passer leurs messages malgré la souffrance que leur peuple leurs infligeait.....

J'étais apprécié dans cette prison même par les gardes, il y en avait une d'ailleurs c'était une femme elle s'appelait Awa, on l'appelait "awa la dure" une femme très caractérielle.
Dans notre société on a tendance à diaboliser les femmes pratiquant ces types de métiers, sans doute à cause de la mollesse de la chaire, mais elle, elle était différente, elle voyait les choses différemment, c'était une vraie dure, d'où le surnom.

Le sexe n'a pas été un frein pour elle, c'était une femme mais elle a réussi à se faire respecter par les détenus, elle était plus respectée que ses pairs d'ailleurs.

Souvent elle venait s'asseoir parmi les détenus elle écoutait l'histoire  de chacun d'entre nous, c'était une femme très raisonnable et ouverte d'esprit.

On s'asseyait souvent ensemble on discutait, elle aimait faire des commentaires sur ma vie sur mon vécu, elle me disait souvent :

- tu es un victime du destin.

Cela  me faisait rire, mais m'a fait réfléchir, j'ai réfléchi et j'ai pensé à ceux qui sont comme moi, ces personnes avec un avenir brillant, ces personnes douées, ces personnes qui ont déjà tracé leur avenir, ces personnes comme moi, ont ils déjà pensé au destin ? Savent ils qu'ils ne sont pas maître de leurs ?

Peut être oui peut non, mais comme dit l'adage " il vaut mieux prévenir que guérir ".

J'ai décidé alors de rédiger mon histoire, de l'immortaliser.
J'en suis aujourd'hui à mon 3em année de pénitence et alhamdoulilah je suis toujours en vie, l'oncologue que mouhamed m'a trouvé par la suite  est un vrai professionnel, je ne suis pas guéri mais mon cancer n'évolue plus c'est déjà ça.

J'écris ces lignes aujourd'hui et je ne sais si je les terminerai parce que je sais désormais que mon destin n'est pas entre mes mains, il ne l'a jamais été d'ailleurs.

Je ne sais pas si ce livre se terminera, je ne sais pas s'il sera publié, j'ignore s'il sera lu, je ne sais rien en ce fait sur ce qui arrivera, je ne je ne prévois rien, je ne fais que espérer.

Alors j'espère, j'espère terminer ce livre, j'espère qu'il sera publié, j'espère qu'il sera lu, et j'espère que ceux qui le liront, comprendront, j'espère qu'ils comprendront qu'on peut essayer de tout contrôler sauf le destin, et qui ne contrôle pas son destin, n'a le contrôle sur rien, Sénéque l'a dit " Le destin régit le genre humain"

On ne régit pas notre destin, on est régi par notre destin.

                                                                                             
                                                                    Fin ( du livre de Ladji )

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Chers lecteurs et lectrices voilà une nouvelle partie pour vous, elle est très courte,  j'espère que vous avez aimé, vous aurez votre épilogue plutard et surtout merci à vous tous. Particulièrement à AichaDiallo125 et RassoulNdiaye pour votŕe aide.
A bientôt  😉.

#chronikeurom pour vous servir

Cruauté du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant