FEARLESS (Tome 2)

Chapitre 4

NATE

-Allez, Ivy, motive-toi, un peu ! hurlé-je depuis l'autre bout du terrain.

Mon amie me montre son majeur en retour, avant de faire rebondir son ballon de basket sur le sol. Elle fait preuve d'une mauvaise foi exécrable, depuis que nous sommes arrivés à la salle de sports. D'abord, elle a râlé à propos de l'odeur, puis parce qu'elle ne voulait pas s'échauffer. Elle disait qu'elle préférait me regarder plutôt que de faire elle-même du sport. Honnêtement, sa mauvaise volonté est à mourir de rire.

Son comportement est l'exact opposé du mien. J'étais réticent à l'idée de reprendre ce sport, qui appartient à ma vie d'avant, à la personne que j'étais avant – avec une histoire incomplète et pleine de secrets. Cependant, je dois avouer que c'est tout le contraire. Depuis que j'ai remis les pieds sur le terrain, tout à l'heure, je me sens de nouveau à ma place, entier, et bien.

La balle vibre sous mes doigts, tandis que je cours jusqu'au panier et saute afin de la lancer. Le ballon y rentre avant retomber au sol, alors que je reprends mon souffle. Cette sensation m'avait manqué. Je ne m'en étais pas rendu compte tant que cela, auparavant, mais c'est la vérité. Courir et marquer des paniers m'a terriblement manqué.

Je rattrape la balle avant qu'elle ne s'éloigne trop, au moment où Ivy me rejoint. Sa moue boudeuse ne l'a toujours pas quittée, c'est hilarant. Elle se poste devant moi et me tend son ballon d'une main ferme.

-Tu vois, ça te fait du bien, commente-t-elle, l'air satisfaite. Je vais rentrer, je commence à avoir froid, ici.

-Tu veux déjà y aller ?

La déception m'envahit. Maintenant que j'ai retrouvé la sensation qui me faisait vibrer, il y a un an et demi, je ne veux pas partir. Pas encore. J'aimerais pouvoir marquer des paniers encore un moment.

-Tu n'as qu'à rester, propose la rousse.

-Ou alors, tu n'as qu'à faire des paniers avec moi, suggéré-je.

-Même pas en rêve. Je suis nulle.

J'éclate de rire. C'est sûrement l'argument le plus ridicule qu'elle m'ait fourni depuis un moment.

-Si tu t'entraînes, tu deviendras meilleure, tenté-je avec un sourire.

-Ça ne m'intéresse pas. Et j'ai des épisodes de série à rattraper.

Oh, pitié. Quelle autre excuse a-t-elle en stock ? Ivy tourne les talons, les mains enfoncées dans les poches de son sweat-shirt trop grand. Enfin, je dois dire que je ne l'ai jamais vue avec. Je fronce les sourcils, avant de hausser les épaules et me dire que ce n'est rien. Jusqu'à ce que l'inscription de l'université marquée au dos me fasse tilter.

-Pourquoi tu as un pull de Harvard, au fait ? Je croyais que tu n'aimais pas cette fac.

Mon amie s'arrête et lève une épaule, toujours dos à moi. Son absence de réponse me fait lever les yeux au ciel – si cela continue, je vais prendre la même manie qu'elle.

-Ne me dis pas que c'est celui de Björn, quand même ? me moqué-je.

Elle fait volte-face, et je jurerais que ses joues sont plus rouges qu'à l'ordinaire.

-Ses parents donnaient ses affaires, il y a plusieurs mois, tu ne te souviens pas ? J'ai récupéré celui-là parce qu'il tient chaud.

-Menteuse.

Elle m'adresse à nouveau son majeur, et j'éclate de rire. Quelle enfant...

-Continue à t'épuiser au basket, Monsieur Moralisateur, rétorque-t-elle, changeant ainsi de sujet.