Chapitre 10

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IVY


Après l'annonce du «  concours  », comme le professeur l'a appelé, les choses se sont enchaînées. Hier, nous devions rendre les œuvres de la deuxième sélection  ; les résultats ne sortiront qu'à la rentrée, en novembre. Et je dois avouer que même si je ne suis pas de nature compétitive, cet enjeu me stresse et me donne envie de faire ressortir le meilleur de moi dans ce que je crée. Je m'attelle encore plus qu'avant à peindre, à laisser les émotions m'envahir, tout en cherchant de nouvelles techniques.

Entre temps, dans les autres cours, les leçons et les contrôles se relaient. Le rythme est rapide, difficile, le niveau demandé est de plus en plus élevé. Nate et moi, nous avons l'air de nous en sortir, alors que certains élèves ont déjà abandonné l'école. Je trouve cela dommage, mais certains trouvaient ça trop dur.

Lorsque la dernière sonnerie de la journée se fait entendre, au loin dans les couloirs, je pousse un soupir de soulagement, tout en étirant mes muscles engourdis. Cela fait plusieurs heures que je suis penchée sur ma dernière toile, et je n'en peux plus. Il me reste seulement la peinture à faire – enfin, «  seulement  » est un bien grand mot. C'est le travail le plus minutieux, à mon avis, celui qui prend le plus de temps. Mais pour l'instant, ce n'est pas dans mes priorités. Il s'agit d'un travail à rendre pour la rentrée, alors j'ai le temps.

Je me lève, m'étire une nouvelle fois, dans le but d'atténuer mes courbatures au dos, avant de remballer mes affaires. La pièce dans laquelle je me trouve est vide, et c'est pour cette raison que je suis venue. J'avais besoin de calmer pour travailler, alors dès que j'ai trouvé cette pièce sans personne à l'intérieur, je ne me suis pas fait prier. J'aime bien peindre à l'appartement, mais à l'école, il y a plus de place. Et, il faut le dire, le cadre est plus qu'agréable.

Une fois que je suis dans le couloir, je m'aperçois que tout le monde est déjà parti. J'ai dû traîner un peu plus que prévu, tout compte fait... Mon carton a dessin sous le bras, je me hâte de rejoindre la sortie. A mon avis, Nate doit être déjà à la salle de sport, avec Hanaé. Je ne l'ai jamais vue, alors qu'il la fréquente depuis presque un mois, à présent, et ma curiosité est à son comble. Mais il semble que mon ami ne veuille pas me la montrer.

Resserrant mon manteau autour de mes côtes, j'accélère encore le pas. L'appartement n'est pas très loin de l'école, mais il fait si froid, à cette période de l'année, que je suis déjà gelée, après à peine quelques minutes passées dehors. C'est dans ces moments-là que j'envie Björn  ; il doit avoir chaud, là où il est...

Malgré le souffle glacial du vent, je ne peux m'empêcher de marquer une pause en passant devant la salle de sport. D'après Nate, très peu de personnes viennent là, surtout en hiver, puisque la salle n'est pas chauffée. Hanaé et lui ont donc un accès totalement libre, presque tous les jours de la semaine. Honnêtement, je pense que ces deux-là sont malades, à faire du sport alors qu'il fait trois degrés dehors, et à peine plus dans une pièce non chauffée.

Habituellement, je passe mon chemin. Mais aujourd'hui, je me décide à pousser la porte d'entrée. Aussitôt, une odeur étrange me fait plisser le nez, un mélange de sueur et de talc, propre au lieu. Mes pas résonnent sur le carrelage, tandis que je traverse le bâtiment pour rejoindre la grande salle. Il me semble que c'est ici que s'entraîne Nate. Tout du moins, c'est là qu'il m'a emmenée, quand il m'a forcée à venir avec lui jouer.

Dès que je pousse la porte, les bruits de ballons se font entendre. Je m'approche, m'accoude à la barrière, qui surplombe le reste du terrain de basket. Il n'y a que deux joueurs, devant moi  ; Nate, et une fille aux origines indiennes que je ne connais pas, que je devine comme étant Hanaé. Elle est grande et fine, athlétique. Et elle est en train de mettre la pâtée à Nate.

FEARLESS (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant