DESESPEREMENT SEULE

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                                                                           VI

LAURENCE

Vie palpitante et grise ! Le vide sidéral !

Je m'abreuve, je me saoule de ce vide, de cette solitude. Je ne mérite pas mieux ! Mais, je suis vivante et apaisée. J'ai du temps pour réfléchir sur moi, sur mon histoire maintenant, beaucoup de temps. Je déroule le fil de ma vie conjugale sans fin. Je l'examine dans tous les sens, sous tous les angles.

Je vois ma vie conjugale sous un angle plus positif. Je m'aperçois que j'ai été très heureuse avec lui. Enfin avant elle.  Il m'aimait. Il veillait sur moi. Il était toujours plein d'attentions, de gestes de tendresse. Prêt à faire une grande partie de mes caprices.

Et moi de mon coté, je veillais sur ses angoisses et m'occupais de lui au quotidien. Avec nos filles, cela faisait un tableau intimiste quelque chose de plein et de doux . Il avait essayé de nous rendre heureux tous les quatre, et moi, j'étais rentrée dans cette histoire et m'étais installée bien confortablement dans mon cocon. J'étais faite pour cette vie là et il me l'avait offert.

Çà, c'est la version à l'eau de rose de mon mariage. Tout à l'heure je vous ai servi la version trash. La vérité est entre les deux. Et les responsabilités sont bien partagées. Manque de communication et de sincérité. Faux semblants et lâcheté de mon coté. Silence et terreurs du sien ! L'amour avait été présent.

Maintenant, j'ai une petite vie tranquille, grise et routinière. Je n'ai pas beaucoup d'argent mais je n'ai pas beaucoup d'envies. Je me gave de livres grâce à ma librairie. Je commence à connaître des gens et participe à des réunions de lecteurs. Cela reste sans saveur. Je m'oblige à vivre cette vie parce qu'il faut que je me débrouille un peu toute seul, que je grandisse . Que j'existe sans aide - évidente. Il est derrière à agir dans l'ombre, si jamais j'en ai besoin.

Il commence à me manquer sérieusement. C'est l'image d'elle qui me retient. Souvent je prends le téléphone et je vais l'appeler, lui demander de revenir. Je vais jusqu'à faire le numéro mais je raccroche avant. Il n'a pas essayé de me revoir depuis ma sortie de l'hôpital.

Comment vas t il ? comment çà se passe avec elle ? Je vois de temps en temps mes filles.

Quand elles ont découvert notre vie à trois, elles ont été horrifiées. Mais c'est sur moi, qu'elles sont tombées à bras raccourcis.

Qu'est ce que j'avais fait à leur père pour qu'il prenne une copine ? Çà devait être grave parce que ce n'était pas son genre. Finalement, je ne devais pas me plaindre, il ne m'avait pas jetée dehors !

Quand on part à la dérive, c'est dur à entendre de la prunelle de ses yeux. Je ne me suis plus plainte. Anne les a séduite très rapidement, et voyant leur père rayonnant à ses cotés, elles ont accepté la situation telle quelle.

Ma tentative de suicide a été un coup de tonnerre dans cette mécanique bien huilée. Elles ne m'ont vue qu'après ma sortie - puisque je refusais toute visite -, elles m'ont soutenue sans restriction mais elles ont bien séparé leur père et leur mère. Enfin de mon coté.Je suppose qu'elle informe leur père sur mon état. Lui a tout les droits. Elles sont évasives : ils vont !

Le temps passe, bien lentement à mon sens dans cette vie monotone. A réfléchir, j 'en arrive à cette époque du trois : je me rappelle ses paroles. C'est vrai je l'ai laissé. J'ai laissé une place pour elle. Lui qui a peur en permanence, terrifié d'être abandonné, de ne pas être aimé.

LE TROIS DE MOI A TOITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant