LES FILLES SONT PARTIES

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                                                                                          III

LAURENCE

Je me relis. C 'est le compte rendu opératoire des vingt ans de ma vie de couple.Juste pour que vous voyez de quoi on parle. La réalité est plus complexe et bien moins glamour.

Déjà moi, j' étais une petite jeune fille de la classe moyenne inodore, incolore, sans saveur. Vilaine !! Pas tellement au physique, juste invisible ! Mais au mental. Mon niveau intellectuel et mes centres d intérêt ? Nullissime  !!!  Par n'importe quel bout qu'on m'attrape : aucun intérêt !

Qu'un bel homme comme lui, d 'un milieu supérieur au mien, pose les yeux sur moi et s'y arrête, c'était suspect ! Un quatre heures pour occuper quelques semaines de sa vie sexuelle ?

J 'ai plongé avec délice dans les plaisirs du corps. Je n'y connaissais pas grand chose, il a été un excellent professeur et moi une excellente élève ! Physiquement, nous deux çà a été une évidence : la fusion des corps, l'intensité des sentiments dans l'intensité de la jouissance.

Au sommet de mon orgasme, il insistait :

- Regarde moi !

L'ocytocine est l'hormone du plaisir et t'attache à ton partenaire ! En y réfléchissant, lui a continué avec moi, peut être grâce à cette entente physique et hormonale.

Il y avait des choses qui clochaient. Il était bizarre, discret sur son passé, sa famille, sa profession et ses amis. Il était seul, très solitaire et sombre.

Pour éviter mes questions, il m'a étourdie sous les gestes d'affection, les cadeaux, les surprises et les activités ludiques. Trop d information cache l'information.

Je me suis contentée de ce qu'il me laissait à voir.J'étais une petite princesse dans un parc d'attraction, saturée de plaisirs sentimentaux et sexuels .

 C'était trop ! Trop beau pour être vrai ! Pour être normal. J'étais jeune, inexpérimentée et follement amoureuse.J'ai refusé de voir les clignotants d'alerte.

Que dire sur nos premières années de vie commune ? J'ai été enceinte deux fois en suivant, sans le temps de souffler entre les  deux.

La première comblée par l'enchantement de découvrir l'aventure de la naissance et de devenir mère. C'est le rêve de la plupart des femmes. Il était là. Il m'aimait.

Traduction : il était dans le contrôle permanent et m'enfermait dans le rôle de maman.

Quand on veut coincer une femme, on lui fait des gosses, plusieurs, c'est plus efficace !

 Se sentir une femme dans les yeux de son homme et l'image des étreintes avant la grossesse, j'ai plongé, totalement négligente sur une éventuelle contraception.

Pas de retour de couches, un deuxième bébé, direct ! 

Et là, je me suis laissée complètement allée. Il a pris un peu plus le contrôle sur notre vie et m'a infantilisée un maximum.Je n'étais bonne qu'à rester couchée et à me reposer.

La deuxième naissance a été pénible. Mon état physique était dégradé. Et le mental, c'était la « morne plaine ».

Je me suis enfoncée dans une dépression noire.Je restais couchée la plupart du temps. Il a été parfait comme d 'habitude !  

Le temps fait bien les choses, et grâce à lui certainement, je suis sortie de la déprime et des idées noires.

 Il était content d'avoir une épouse et bonne mère à son écoute, docile et aimante.

LE TROIS DE MOI A TOITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant