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Moi je suis la fille aînée. J'ai vingt ans d'écart avec maman. Dans mon enfance, elle paraissait si jeune qu'on pensait que c'était ma grande sœur. Maintenant j'ai l'impression d'être plus vieille qu'elle, tant elle a encore son caractère de petite fille.

C'est ainsi que mon père la voulait. Épouse dévouée et maman poule. Elle nous a assuré une enfance choyée et protégée. Normale !

Grace à elle, nous avons fait des activités sportives, culturelles. Nous avons eu une vie amicale et sociale avec des goûters, des soirées pyjama et même des barbecues. Elle nous a envoyées en camp de vacances et séjours linguistiques. A l'adolescence, en weekends chez les parents des copines pour qu'on puisse sortir dans les soirées de lycéens.

Elle avait réussi à convaincre mon père que nous étions des élèves studieuses et qu'on passait nos weekends à réviser nos cours. Papa était autoritaire et possessif. Mais surtout avec maman. Nous, les filles étions ses princesses à qui il n'osait rien refusé, enfin jusqu'à notre puberté. Quand nous avons eu l'age de plaire aux garçons, il est devenu plus soupçonneux, moins facile à manipuler. Les subterfuges de maman nous ont sauvé la mise.

Après le bac, il était évident que nous devions prendre le large. Mon père était trop exclusif.

Maman nous a carrément envoyées à l'étranger pour des études de langue et de communication. De si loin, il ne pouvait pas nous surveiller et nous ne rentrions qu'à Noel et pour les grandes vacances. Comment maman y est-elle parvenue ? Elle devait avoir usé de bons arguments – sur l'oreiller !!

J'avais dix huit ans et Camille dix sept ans. A deux c'était plus facile ! Camille a toujours été très sérieuse et organisée. C'est grâce à elle que j'ai réussi mes examens. Je passais plus de temps dans les soirées et dans les bras des garçons que dans les cours. Ceci dit pour approfondir ses connaissances en langue étrangère, c'était efficace !

Si Camille était plus assidue que moi, c'est aussi qu'elle a connu son premier et grand amour dans les premiers mois de nos études : Matthieu, même age et caractère qu'elle. Un petit couple de tourtereaux adorable mais ennuyeux et prévisible. Collés l'un à l'autre. C'est devenu son compagnon et le père de ses enfants.

On savait que l'état de santé psychique de papa était préoccupant. Mais à cet age, on ne veut surtout pas savoir ce qui se passe pour ses parents. On était entièrement tournées sur nous même et notre petit univers. En plus, maman ne voulait pas nous inquiéter.

Après deux ans passés hors de France, nous devions intégrer une école de commerce Camille, Matthieu et moi dans notre région d'origine, à cinquante kilomètres de la maison. Papa était d'accord pour payer l'école, l'appartement pour nous deux et notre entretien. Autant dire qu'on ne pouvait pas trop se permettre de se mettre mal avec lui.

Rentrées pour les grandes vacances et prises par notre installation dans une nouvelle école, une nouvelle ville et un nouvel appartement, nous sommes tombées de haut. Papa avait installé sa maîtresse à la maison  avec maman.

Waouh!!!! Nos parents ne nous avaient pas habituées à çà. C'était un couple très traditionnel, père autoritaire, mère au foyer et docile  mais très uni. Papa avait toujours une main posée sur maman ou un mot doux pour elle et il la couvait du regard en permanence. Maman ne savait pas quoi faire pour lui faire plaisir.

 Ils avaient une très grande intimité. On s'en est rendues compte dès qu'on a eu l'age du collège. Ils nous avaient mis une télé dans notre chambre pour qu'on les laisse tranquille dès le dîner terminé.  Je ne parle pas des soupirs et cris étouffés entendus en traînant dans les couloirs - on est curieuse à cet age quand on ne comprend pas encore, encore plus quand on ne comprend que trop bien - et à l'heure de siestes crapuleuses le weekend ou pendant les vacances . On était sensées lire dans notre chambre à ce moment là. Ils étaient chauds bouillants les parents !

LE TROIS DE MOI A TOITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant