ANNONCE

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LEA III

J ai prévenu succinctement Anne et Maman que Papa était hospitalisé et que je rentrais à la maison pour leur donner plus d'informations .

A mon arrivée , elles m'attendent dans la cuisine autour de la table . Maman a ouvert un pack de soupe toute prête et a mis le couvert pour trois personnes. Dès qu'elle me voit , elle saute de sa chaise et se précipite sur moi et m'interrogeant de mille questions :

- Comment cela s'est passé ? Qu'est ce qu'il a dit ? Qu'est ce que le médecin a dit ? Est ce qu'il va rester longtemps là bas , comment il le prend ?.....

Elle se tord les mains en parlant et en tournant autour de moi , comme un chien qui accueille son maître . Sauf que c'est la peur qui l'anime et pas la joie.

Je leur décris rapidement les circonstances et l'enchaînement des événements . Ma mère est encore plus catastrophée :

- Tu l'as obligé à se faire hospitaliser .Il va m'en vouloir de t'avoir téléphoné. Tout cela est ma faute .Je ne devais pas t'en parler . Mon dieu, qu'est ce qu'il va me faire quand on va se revoir ?

Elle s'agite dans tous les sens d'un bout à l'autre de la cuisine et tient maintenant des propos inintelligibles ou que pour elle même. Je finis par l'arrêter dans sa déambulation en l'attrapant par le bras et en l'obligeant à s'asseoir .

- Maman , tais toi un peu . Tu n' y es pour rien . C'est moi qui prend la responsabilité de tout . Si Papa a quelque chose à reprocher , ce sera à moi . Nous étions ensemble dans le bureau de psy. Il a entendu notre conversation et ensuite, le médecin lui a bien expliqué . Il est monté tout seul dans l'ambulance . A la clinique , ils lui ont à nouveau bien demandé si il était d'accord pour suivre les soins . Il a signé l'admission . Il sait qu'il en a besoin . Il délire mais il a encore un peu de raison .

J'ai crié un peu plus fort que je n'aurais voulu et l'ai empoignée brutalement pour qu'elle s'assoit. .Surprise par ma violence, elle éclate en sanglots .

- Maman , fais je en essayant de la consoler maladroitement , excuse -moi je suis un peu brusque, mais j'ai eu une journée éprouvante . Ne pleure pas , tu as fait tout ce que tu pouvais. Papa va être bien soigné et dans quelques temps, il reviendra en ayant retrouvé son caractère habituel .C'est une très bonne clinique avec des méthodes innovantes .Puis, on va pouvoir lui rendre visite , très vite , d'ici une semaine .

- Je ne vais pas le voir avant une semaine ? Et elle sanglote de plus belle !

Elle aussi , elle aurait besoin d 'un séjour ! Elle est en train de perdre les pédales .

Anne s'est levée et l'entoure pour la rassurer :

- Yann est entre de bonne mains . C'était obligé  . Léa a fait ce qu'il fallait .On va pouvoir se reposer un peu toutes les deux , prendre des forces et remettre un peu d'ordre dans la maison. On sera en pleine forme pour lui rendre visite .

Elle est plus efficace que moi pour calmer Maman . Elle lui raconte le planning de leurs prochains jours et comment elles vont procéder . Elle ne manque pas d'air . Elle n'a pas été capable de lui donner le plus petit coup de main quand Papa était là et soudainement, elle va faire le grand ménage de printemps . Mais de qui se moque-t-on ?

Anne a passé ses bras autour des épaules de Maman et elle lui a pris les mains dans les siennes , elle lui parle doucement en la berçant .Je découvre une intimité , une complicité que je ne soupçonnais pas .J'en étais restée à la phase de la jalousie mal contenue et la paix armée sous le couvert d'une courtoisie forcée .

Cela m'oblige à revoir ma copie .J'étais à deux doigts d'exploser face à Anne et lui balancer toutes ces vérités qui me pourrissent la vie depuis si longtemps et que je retiens à cause de mes parents, par respect pour eux . La digue allait se rompre devant sa réaction mielleuse et hypocrite .

LE TROIS DE MOI A TOITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant