Affrontement final

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YANN

C'est le début d'après midi, après le déjeuner. Nous prenons le café dans le séjour. Laurence est assise sur le canapé contre moi. Elle est alanguie, détendue.Je sens qu'elle va s'assoupir. Anne s'est installée en face sur un fauteuil. Elle sirote sa tasse. Elle a l'air nerveuse, croise et décroise ses jambes, jette des coups d'œil vers les fenêtres. On dirait qu'elle attend quelque chose. Elle n' a pas prévu de sortir, pourtant ?

Depuis  plusieurs jours, c'est un peu tendu entre nous. Elle ne fait pas la tête parce que ce n'est pas son genre et elle sait que je ne le supporte pas. Elle est plus silencieuse, répond juste à mes questions, laisse la conversation retomber et ne propose rien pour remplir nos après-midis. Elle n'a pas allumé la télé par exemple.

Elle me reproche de ne plus accepter la venue des ses copines à la maison. Je les trouve trop intrusives dans notre vie privée. Qu'elle les voie dehors à sa guise, elle est libre de ses mouvements. Mais je veux garder le contrôle sur Laurence.

Laurence  est encore dans cet entre deux où tout peut basculer d'un coté ou d'un autre. Je ne suis pas sur que ce serait du mien. C'est pour çà que je la tiens encore un peu dans notre bulle avec moi. Il faudra bien la laisser sortir, un jour. Je nous donne un peu de temps pour consolider notre relation. Je sens que cela devient de plus en plus ardu. Anne ne va plus accepter cela très longtemps.

Heureusement, Laurence est plus compréhensive et accommodante. Elle n'insiste pas quand je lui refuse de sortir en dehors de la maison. Elle me sourit et me serre la main en signe d'assentiment.

Elle est si gentille et patiente mais elle ne m'aime pas ! Enfin pas comme je voudrais. Je prie le ciel qu'il me donne le temps de me l'attacher à nouveau. Comme avant.

Je comate doucement en rêvant d'une Laurence amoureuse et ardente, jouissant sous mes caresses, criant mon nom au sommet de son orgasme et me regardant les yeux débordant de ferveur.

Elle m'assure qu'elle a une véritable affection pour moi, qu'elle souhaite vivre à mes cotés. Elle met tout son cœur à notre relation mais je vois bien qu'elle n'a plus beaucoup de sentiments à m'offrir. La dépression lui a grillé le cerveau et ses synapses nerveuses.

L'illusion de son aveu après notre premier rapport intime, a fait long feu. Ce n'est pas"elle" qui me caresse et me susurre des mots doux. Ce n'est plus ma "petite chérie". C'est un succédané qui fait "à la manière de".

Je la sature d'attention, de sexe, de tendresse, pour réveiller son âme et son corps mais rien à faire. Je lui ai caché ma désillusion et feins de filer la passion parfaite. Même Anne ne l'a pas remarqué.

Anne prétend que j'ai des pensées paranoïaques. OK, j'ai des idées fixes, mais je suis lucide, extrêmement lucide : la nature a horreur du vide. Si Laurence ne m'aime pas, un autre prendra la place. Quelqu'un qu'elle rencontrera, quand elle reprendra une vie sociale sans moi. Peut-être que ce sera Maxime ! Encore une fois.

Et çà, ce n'est pas possible ! Je ne le permettrai pas, même si je dois l'enfermer et la menotter à moi.

Anne a pris un livre qu'elle feuillette distraitement, elle nous regarde subrepticement, peu amène.Je sens ses yeux braqués sur ma main qui tripote l'intérieur de la cuisse de ma femme.

Merde ! Elle est jalouse ! Mais pourquoi elle n'est pas venue s'asseoir à ma droite ? Elle aussi, je pourrais la caresser, si elle le désire. Pourtant, je lui prouve tous les matins, à chaque occasion dans la journée. Elle sait que je l'adore également. Et moi que c'est réciproque.

Oui ! Elle, je n'ai pas la terreur qu'elle me quitte. Elle est trop franche et stable pour dissimuler le moindre affaiblissement de ses sentiments. Bien sur, ils ne sont plus aussi passionnés qu'il y a dix ans.

LE TROIS DE MOI A TOITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant