Suite et fin

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Laurence

Le soir même, dans notre chambre Yann m'a remis les clés de mon ancienne voiture. Ce n'est pas qu'il souhaite que je sorte. Il pense que cela calmerait les inquiétudes de Anne et Léa. Il craint beaucoup sa fille et ses menaces.

Il me laisse le soin de prendre la responsabilité de rester à la maison pour lui, de mon propre chef. Selon ses paroles à :

- Tu me fais donc un peu confiance ?

Il a eu un sourire taquin :

- Pas du tout ! Mais si tu as décidé de faire une connerie, rien ni personne ne t'en empêchera, enfermée à double tour ou pas. J'ose espérer que tu m'épargneras un peu, que tu auras pitié de mes angoisses et terreurs. Je sais que tu m'aimes. Tu m'as défendu contre elles.

- Tu es très fort, Yann. En t'y prenant comme çà, tu me coinces complètement. Tu sais que je ne ferais rien sans ton accord.

- Je ne peux pas vivre sans toi "petite chérie".  

Il a une moue d'un enfant gâté, irrésistible !

Le fameux mercredi, Léa est arrivée pour le déjeuner. Anne a réservé un restaurant pour le midi, leur restaurant. Elle est excitée comme une midinette. Elle me remercie sans cesse d'avoir dénoué cette crise, sans que personne ne soit lésé.

Yann est plus réservé. Sa «trahison» (d'Anne) lui reste en travers de la gorge.Je lui ai expliqué que c'était une réaction de femme amoureuse et délaissée.Je connaissais si bien ! Il m'a promis d'être gentil et attentionné pour que leur relation redevienne agréable et paisible.

Ils nous quittent rapidement. Yann couvre Léa de recommandations me concernant.J'ai l'impression d'être un nourrisson. Elle lui jure d'envoyer des selfies de nous deux régulièrement. Une preuve qu'on ne met pas le pied dehors.

Je discute longuement avec ma fille. On n'a pas eu le temps de regarder la télé. Certainement, j'aurais du être plus discrète. Mais j'ai besoin de parler. Çà fait des mois que je suis cantonnée dans cette maison. Mon seul interlocuteur est mon psy. Ce n'est pas un ami mais un thérapeute orienté solutions.

Je n'omets aucun détail, y compris notre intimité. Léa peut tout entendre.Je la choque quand même à plusieurs reprises. Elle me demande si je suis certaine de vouloir endurer le contrôle possessif et tatillon de mon mari.

- Çà fait trente ans que je partage sa vie. Je fonctionne en miroir. Je me sens aimée quand il veille - me surveille - sur moi. Toutes mes tentatives de vivre autrement ont été des échecs. Avec lui,  çà me convient. Même la présence d'Anne me convient ! Elle souffre plus de la concurrence que moi. Il faut dire que la dépression, c'est super pour atténuer les émotions !

Léa me fait aussi ses confidences. Elle est débordée par ses trois gars et son ménage bat de l'aile. Fabien a repris ses sorties nocturnes. Elle ne peut plus le pister puisqu'elle est coincée avec les petits. Alors quand il rentre au petit matin, ils en viennent aux mains. Et çà monte en gammes avec les jours. Ils sont au bord de la rupture. Pauvre Léa qui ne peut même pas compter sur nous. 

Quand Yann et Anne rentrent, les yeux d'"elle" brillent comme des diamants. Ce déjeuner est une réussite. Yann est soulagé de me retrouver saine et sauve. Léa promet de revenir le mercredi suivant avec  son petit Axel, les deux autres étant au centre de loisirs. Anne applaudit, Yann soupire, il ne peut refuser.

Avec le printemps, il a admis que Léa vienne fréquemment avec les petits. On ne peut les garder sans elle car je suis encore trop fatiguée. Yann commence à me sortir s'il fait beau. On va se promener dans la campagne, en bord de mer ou dans les jardineries. Il évite les endroits trop peuplés.

LE TROIS DE MOI A TOITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant