SEULEMENT TROIS MOIS (sous contrat d'édition)

3. Les règles

En média : Sorry Not Sorry - Demi Lovato

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Victoire

Je me retrouve assise sur mon lit, Vincent accroupi devant moi, alors que le type que je hais le plus au monde doit se pavaner dans mon salon. C'est le coup le plus bas que mon frère pouvait me faire, de ne pas me prévenir qu'Adam allait débarquer. Bon, j'aurais certainement piqué une crise, mais la chute aurait été moins brutale.

— C'est notre appartement à tous les deux, Vincent. Je suis moi aussi en droit de décider de nos invités.

— Vic, il faut que tu m'écoutes. Et essaie de comprendre ma décision, s'il te plaît.

Sa décision ? Quelle décision ? 

J'ai la tête qui tourne. Le cœur lourd, semblant peser une tonne dans ma poitrine, et les yeux qui me piquent sans arrêt. À croire que ces deux dernières années ont été inutiles à ma guérison.

­— Adam m'a appelé, il y a quelque temps. Il m'a dit vouloir rentrer en France au plus vite, qu'il ne pouvait pas rester à Londres une semaine de plus. Mais il n'a plus aucun pied à terre ici, alors le temps qu'il se trouve un nouvel appartement, il m'a demandé...

— Non.

Il n'a pas besoin d'en dire plus, j'ai compris. Parmi toutes les connaissances qu'Adam a à Paris, il a fallu qu'il demande ce service à mon frère. Pourquoi ? Pourquoi revenir maintenant ? J'ai cru comprendre qu'il avait tiré un trait sur moi, et que ça n'avait pas été difficile.

— S'il te plaît, essaie de comprendre, répète Vincent. Il...

— Je ne veux pas de lui sous mon toit. Qu'il se démerde.

— Sa mère a été une connasse avec lui, Vic.

Je relève de grands yeux vers lui, déglutissant difficilement.

— Il n'a pas de mère.

Même si nos discussions au sujet de sa mère étaient très limitées, je sais qu'elle a disparu de la circulation quand Adam était très jeune.

­— Il l'a cherchée pendant deux ans, il la soupçonnait de vivre en Angleterre. C'est certainement pour ça qu'il est parti, d'ailleurs, même s'il ne me l'a pas dit clairement.

Si la raison du départ d'Adam était simplement de retrouver sa mère, alors la certitude que je ne le pardonnerai jamais est d'autant plus renforcée. Je ne vois pas ce qui l'aurait empêché de m'en parler, et surtout de me dire au revoir.

— Il l'a retrouvée ?

Même si je hais Adam Martel plus que tout, je ne résiste pas à l'envie d'en savoir plus. Simple curiosité.

— Oui, mais elle a refusé de le voir, alors qu'elle a élevé un autre enfant. Tu sais qu'il a toujours secrètement nourri l'espoir de renouer avec sa mère. Mais il était malheureusement le seul à le vouloir.

Je soupire. Le rejet est quelque chose qu'Adam vit très mal, et malgré ma colère, j'ai de la peine pour lui. Il faut croire que lui comme moi ne sommes pas faits pour avoir des mères dignes de ce nom.

­— Il ne m'en a pas dit plus, tu le connais. Mais je me dois de le soutenir et de l'aider à reconstruire sa vie ici maintenant qu'il a gaspillé deux ans à chercher une femme qui ne le méritait pas. Il a été plus là pour toi que n'importe qui à nos dix-sept ans, alors que j'étais incapable à l'époque de voir le poids sur tes épaules. Il t'a énormément aidée. Alors je sais que tu lui en veux d'être parti, mais je lui en dois une, et une bonne.