5. Soirée tendue

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En média : Fetish - Selena Gomez, ft. Gucci Mane

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Victoire

Je me suis arrangée pour ne pas rentrer chez moi de tout le week-end. Seulement nous sommes dimanche soir, j'ai encore du boulot pour demain, alors je n'ai plus le choix : je vais devoir affronter Adam.

En poussant la porte d'entrée, je ne distingue aucun bruit dans l'appartement. Je reste un moment dans l'embrassure, à l'affut du moindre son, mais force est de constater que mon logement est vide. Mes épaules se relâchent et j'entre en lâchant un soupir de soulagement. En déposant mon trousseau de clés sur le meuble de l'entrée, je remarque un mot griffonné par mon frère et ses soins.

Je rentrerai tard, ne m'attends pas pour dîner. Je t'ai préparé des lasagnes pour ne pas que tu te sentes trop seule.

Fais de beaux rêves, ma Vicky.

- Le plus génial des frères.

Vicky. Vincent sait pertinemment que je déteste ce surnom qu'il est le seul à utiliser, et c'est spécialement pour cette raison qu'il me le répète à tort et à travers.

Mon frère a toujours été très secret. S'il s'est toujours mêlé sans scrupules de ma vie, je n'ai en aucun cas le droit de me documenter sur la sienne. Mais je commence réellement à être intriguée par ses absences récurrentes ces derniers temps. Je me demande s'il n'a pas rencontré une fille. Cette idée me réjouit autant qu'elle me fait peur : Vincent a toujours été un petit ami catastrophique. Disons qu'il n'est jamais bien impliqué, et qu'il privilégie souvent une soirée jeux-vidéos plutôt qu'un rendez-vous galant. Cela dit, ses dernières relations datent toutes du lycée et il n'a eu personne depuis : qui sait, peut-être a-t-il changé ; ses absences en sont la preuve. Il semblerait que cette fille retienne véritablement son attention pour qu'il lui dédie toutes ses soirées. Si mon hypothèse s'avère vraie, il a intérêt à me présenter cette conquête rapidement.

Je file dans ma chambre avant de me résigner à m'installer à mon bureau pour travailler. Au bout d'une heure d'activité cérébrale intense, mon ventre commence à crier famine. Il est temps d'apprécier les lasagnes que mon adorable frère m'a affectueusement préparées.

Je sors le plat du frigo avant de le mettre au four. À l'instant où je lèche la sauce tomate restée sur mes doigts, Adam apparaît dans l'entrée de la cuisine. Il s'arrête net en me découvrant, quant à moi, je m'arrête de respirer.

Son tee-shirt à la main, je devine qu'il vient de le retirer. Je n'ai pas le temps d'apercevoir ses pectoraux : ma mémoire fonctionne d'elle-même et les souvenirs de ses tablettes de chocolat me provoquent un mouvement de mâchoires involontaire : je me mords le doigt que j'ai toujours dans la bouche.

— Aïe !

Adam s'empresse de remettre son tee-shirt – comme si le fait de se retrouver torse nu devant moi le dérangeait, alors qu'il se baladait tranquillement dans cet accoutrement il y a deux ans de cela. Quant à moi, je me précipite vers le lavabo pour rincer mon pauvre doigt mordu.

Après m'être retournée, je m'appuie contre le bord de l'évier. Adam n'a pas bougé. Je vois son pouls battre dans sa tempe quand il passe une main dans ses cheveux humides, et sa poitrine se monte et s'abaisse rapidement, preuves qu'il vient de fournir un effort. Il était parti courir, à en juger par son espèce de machin sur le bras.

— Salut, lance-t-il, incertain.

Je n'aime pas ce regard qu'il pose sur moi. Celui qui me fait croire qu'il serait prêt à décrocher la lune pour moi, alors que tout ce dont il est capable, c'est fuir.

SEULEMENT TROIS MOIS (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant