SEULEMENT TROIS MOIS (sous contrat d'édition)

1. Surprise !

À tous les Adam du monde.

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En média : You Don't Know - Katelyn Tarver

Victoire

En tant que fille, j'imagine que beaucoup se sont déjà retrouvées dans la même position que moi, en ce moment. Mais oui, vous savez ! Celle où le garçon sur qui vous craquez depuis quelque temps vous ramène chez vous, suite à cette petite virée formidable qui n'a fait que confirmer que cet individu est bel et bien ce que vous recherchez. Il peut s'agir d'un dîner, ou tout simplement d'une sortie dans Paris, dans mon cas. Cette position où vous vous retrouvez tous les deux devant l'entrée de votre immeuble, silencieux. Oui, celle du baiser.

L'excitation remonte par tous mes membres. L'anxiété un peu, elle aussi. Cela fait bien trop longtemps que je n'ai pas embrassé quelqu'un... La dernière fois remonte à ce baiser honteux échangé avec un inconnu en boite, nous avions tous les deux un peu trop picolé. Ce baiser-là est à bannir de ma mémoire, définitivement. L'alcool présent dans mon sang n'a pas suffi à masquer le goût horrible de cigarette mélangé à Dieu ne sait quoi sur la langue de ce type. Je ne sais même pas pourquoi j'avais décidé de mélanger ma salive avec celle de ce mec. J'avais besoin de me divertir, et tout le monde en boite fait ça, non ?

Mais bon, ça ne sera pas pareil avec Guillaume. Son haleine mentholée m'assure que sa langue n'aura pas mauvais goût, et il est le genre d'homme à être doté de lèvres pleines qui ne réclament qu'à être embrassées. Mais si lui, il me trouvait mauvaise ? Si, sous le coup du stress, je ne savais plus comment faire ? C'est le genre de contact qui vient naturellement, je le sais. Sauf qu'il est rare que les choses viennent naturellement chez moi, tant je me pose de questions.

Est-ce qu'il va directement mettre la langue ? Ou pour notre premier baiser, m'embrasser chastement ?

Seigneur.

— Bon, eh bien, il est temps pour moi de rentrer, déclaré-je.

Traduction : dépêche-toi de poser ta jolie bouche sur la mienne.

— Oui, malheureusement.

Malheureusement ! C'est bon signe ça, n'est-ce pas ? Est-ce un message subliminal pour me signifier qu'il a apprécié ce moment en ma compagnie et qu'il aimerait me revoir, encore ?

Son corps se penche légèrement en avant. C'est le moment. Son visage approche lentement du mien. Il sourit. Je souris. Mes paupières commencent à se fermer, impatientes. Il faut dire qu'il me fait languir depuis un bout de temps. Nos nez se frôlent, enfin.

Et puis rien.

Il s'arrête à trois centimètres de mes lèvres. Trois putains de centimètres ! Sa bouche dévie de sa trajectoire et vient s'écraser sur ma joue. Il y dépose un baiser. Non, réflexion faite, nous ne pouvons pas appeler ça un baiser. Il s'agit d'un bisou, un vulgaire bisou, le style de bisou que je faisais à mon père quand j'avais cinq ans.

— À demain, Vic, lance-t-il avant de s'éloigner.

Je reste statufiée sur place en regardant Guillaume marcher tranquillement. Ce n'est pas possible, il va revenir. Au lieu de quoi il se retourne une dernière fois, m'adresse un minable signe de la main que je lui retourne, comme une abrutie. Puis il disparaît.

Je finis par réussir à désancrer mes pieds du sol, et regagne mon appartement, le pas traînant. Et comme si l'univers avait décidé de se payer la tête de Victoire Lebrun aujourd'hui, l'ascenseur est en panne. Je regarde d'un mauvais œil l'escalier à ma droite, celui sur lequel j'ai glissé le jour de mon déménagement ici. J'étais tout bonnement en train de le monter quand, pour une raison inconnue, ma semelle a patiné sur l'une des marches. J'ai dévalé tout un étage, jusqu'à ce que mes fesses atterrissent tout en bas. Comme si la situation n'était pas assez cocasse, je portais le carton rempli de mes culottes en tout genre. Bien sûr, du monde était au rez-de-chaussée, sinon à quoi bon toute cette mascarade ? Je me souviens très bien de ce garçon mignon qui s'est penché pour ramasser une culotte rose délavée avec un trou sur la fesse droite.