SEULEMENT TROIS MOIS (sous contrat d'édition)

2. La rencontre

En média : Just The Way You Are - Bruno Mars

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Adam

3 ANS PLUS TÔT

— Chauffard !

Je ris dans ma barbe – inexistante, mais je sais que dans pas si longtemps j'en aurai, ce n'est qu'une question de temps – et retire mon casque.

­— À plus, chérie !

Amélie laisse sortir un doigt d'honneur de sa fenêtre. Elle joue les vexées, mais elle et moi savons comment se dérouleront les choses quand on se retrouvera. Elle ne va pas se lancer dans une grève du sexe ou un truc du style alors que je lui ai simplement brûlé une priorité. Intentionnellement, certes, mais elle a fait comme si je n'existais pas quand on s'est retrouvés côte à côte en attendant le feu vert. Il fallait bien que je lui manifeste ma présence d'une manière ou d'une autre.

Quand je tourne la tête, je me rends compte qu'une petite brune à lunettes avec un paquet de prospectus entre les mains me fixe, affichant un air réprobateur qu'elle ne cherche clairement pas à cacher. Je descends de ma moto en défiant la brunette du regard, mais elle ne cille à aucun moment.

— Un problème ? fais-je, tout en me doutant qu'elle n'arrive désormais plus à détacher son regard de ma jolie frimousse.

— Tu sais qu'à l'adolescence, la conduite d'un cyclomoteur ou scooter est le principal risque d'accidents, puisque cela occasionne 38% des tués dans cette tranche d'âge ?

Je fronce les sourcils. Cette fille est bizarre. Je veux dire, elle ne doit pas être plus âgée que moi, et elle se permet de me donner des leçons ? Je suis sûr qu'elle est le genre de nana hyper coincée à vouloir tout maitriser et qui attend désespéramment le bad boy qui la remarquera elle, la fille timide, pour X raison. Mauvaise pioche, car je ne suis en aucun cas un « bad boy » dont les couilles disparaissent soudainement quand il tombe amoureux de la fille invisible. Non, moi, je suis juste un petit con. Et on peut dire que je le vis bien.

— T'es quoi au juste, une bénévole de la sécurité routière chargée d'avertir tous les jeunes de ton âge sur les risques que nous encourrons quand on fait les fous-fous sur la route ? Je te rassure, j'ai eu mon code, et du premier coup !

Contre toute attente, elle sourit, et je jurerais qu'elle se moque de moi.

— Tu sais que le taux de réussite au code de la route en France est de 70% ? Ce n'est donc pas un exploit d'avoir réussi, surtout quand on doit choisir entre écraser un piéton ou attendre qu'il traverse.

Réflexion faite, cette brunette est loin d'être coincée. J'aurais plutôt tendance à dire qu'elle manque de filtre.

— Les statistiques c'est ton truc, hein ?

Je m'appuie contre ma moto, commençant à apprécier cette altercation. Cette fille a quelque chose de... rafraîchissant. C'est ça, elle est une réelle bouffée d'air frais, pour moi qui me fais chier dans ma vie en ce moment.

Elle vient s'appuyer sur ma moto à côté de moi, naturellement, comme si on se connaissait depuis toujours. Et en plus, elle est sans gêne.

— Ouais, je crois. Je retiens facilement les chiffres, il suffit que je les lise pour qu'ils soient ancrés dans ma mémoire.

— Eh bien, il doit y en avoir là-dedans.

Je tapote le haut de son crâne, geste qui la fait sourire en baissant la tête. J'ai l'impression qu'elle sourit tout le temps. Mais c'est quand elle relève le menton que je comprends pourquoi Dieu a fait en sorte qu'elle sourit autant. Quand cette petite brune sourit, c'est splendide. Le genre de sourire dévoilant une rangée de dents blanches, et qui illumine instantanément un visage. Ce simple étirement de lèvres suffit à la faire rayonner, si bien qu'on ne peut pas s'empêcher de l'admirer.