Haku ? (Histoire Terminée)

Chapitre 20 : Un dernier rêve

Elle ouvrit les yeux, le soleil levant lui piquait doucement le visage, la caressant d'une douceur inouïe. Apaisée et calme, était les deux mots qui lui venaient à l'esprit. En tournant les yeux, elle comprit que quelqu'un était allongé près d'elle, deux billes vertes la toisaient d'un regard tendre.

Il était là.

Elle se collait contre lui avec toute la douceur qu'elle pouvait offrir, son pouls accéléra tant ce moment était parfait. Le souffle chaud du jeune esprit roulait dans son cou, leurs cheveux châtains entremêlés dans l'herbe verte. Elle posa sa main sur son torse et se laissa bercer par les battements de son cœur, il ne pouvait pas être si près d'elle et pourtant elle se persuadait que c'était la réalité.

Mais soudain la vérité la frappa en plein cœur... Ce n'était qu'un rêve.

— Haku... Est ce que c'est vraiment toi ou ce n'est juste que mon imagination ?

Sa question résonna un moment dans le silence paisible de la petite clairière. Un sourire doux ornait le visage de l'esprit de la rivière, il posa son front contre le sien.

— Je suis vraiment avec toi, avoua-t-il sans bouger.

Chihiro sentit les larmes monter et elle ferma les yeux. Il venait de poser sa main sur sa joue avec une tendresse déconcertante.

— J'ai peur Haku... Peur qu'en me réveillant j'apprenne que le sorcier ait décidé de te tuer, confia-t-elle en sanglotant.

Il la tira un peu plus contre lui avant de soupirer, laissant trainer un souffle chaud dans les cheveux de Chihiro.

— Il ne me tuera pas tant que le portail est fermé.

Chihiro releva les yeux vers lui, la couleur miel de ses iris troublèrent le jeune garçon qui finit par lui sourire.

— Tu n'es qu'une monnaie d'échange pour lui ? Demanda la jeune femme inquiète.

Il acquiesça sans vraiment penser à ce dont elle lui parlait, il était tellement heureux de l'avoir si près de lui. Même si tout n'était qu'une projection astrale, il se sentait à nouveau guérit de toutes ses blessures physiques ou morales. Il était torturé depuis des années et la seule chose qui l'avait fait tenir depuis tout ce temps, c'était elle. Une humaine avec un cœur en or et un courage sans limite.

— Je suis heureux Chihiro... Bientôt, on se verra en vrai et je pourrais enfin te serrer dans mes bras, conclu t'il le cœur en larme.

Chihiro lui sourit, malgré le torrent salé qui s'écoulait de ses jolis yeux. Elle enfoui son visage dans le cou du jeune homme et reposa son cœur contre le sien.

Ils battaient ensemble, tremblaient dans un rythme effréné et chargé d'une tristesse mêlée au bonheur de cette perspective si resplendissante.

Elle releva un peu le tête et toucha de ses doigt délicats une mèche de cheveux qui appartenait à celui qu'elle aimait. Il fit pareille, comme si la vue de ces cheveux était une preuve qu'ils étaient bien ensemble pour cette longue nuit. Ils restèrent ainsi pendant un long moment, allongés l'un contre l'autre. Comme si le temps était éternel...

Haku donna un baiser chaud au creux de son cou, la faisant frissonner. Le simple contact de ses lèvres sur sa peau lui rappelait à quel point il lui manquait, depuis dix longues années, elle attendait de le retrouver. Un souvenir la frappa.

Elle se noyait, il était là et l'avait sauvé. Il était l'esprit de la rivière Kohaku, cette rivière qui n'existait plus dans le monde des humains, mais qui vivrait éternellement dans celui des esprits. Elle se rappela qu'une décision allait lui détruire son bonheur.

Quel monde choisir ?

Ses parents devaient être mort d'inquiétude, sa meilleure amie Mahiru lui manquait déjà terriblement. Sa grande tante Aemi était une femme si importante pour elle que jamais elle ne pourrais vivre si loin. Elle avait toujours rêvé de devenir une romancière et d'écrire ses aventures "imaginaires" dans le monde des esprits. Cependant quelque chose de si fort la maintenait dans ce monde-ci, elle avait des amis : Lin, Akiro, Bô, Zeniba, Kamaji, Ayumu. Et elle avait la deuxième partie de son cœur, Haku, qui vivait dans ce monde. S'imaginer vivre sans eux était atroce, c'était une torture.

Elle sentait son cœur se déchirer en deux.

— Ne pense pas à ça, dit Haku en se détachant lentement d'elle.

Les larmes montèrent et Chihiro sanglota sans gène devant lui. Il essuya ses larmes de ses longs doigts puis déposa un baiser sur son front.

— J... Je ne sais pas quoi faire Haku... J... Je veux rester mais ma vie là-bas est tout aussi importante...

L'esprit de la rivière sentit son cœur craqueler tant cela le déchirait de voir Chihiro dans cet état. Il caressa son dos avec douceur pour essayer de calmer ses pleurs.

— Tu n'es pas obligée de choisir Chihiro, affirma t'il. Tu peux vivre dans ton monde et venir nous rendre visite quand tu en auras l'envie.

Elle releva son visage et le toisa d'un regard humide.

— J'en aurais tout le temps envie, chuchota t'elle.

Il sourit, heureux de sa réponse.

— Alors tu peux faire l'inverse, vivre avec moi et aller dans ton monde quand tu en auras envie.

— V...vivre avec toi ? S'étonna-t-elle.

Il accentua son sourire, elle frissonna en comprenant ce qu'il voulait dire. Cette perspective la rassurait malgré tout, mais elle rompit leur échange en se relevant.

Elle s'assit en tailleur et examina le décor féerique du rêve.

De grandes collines couvertes d'herbe et de fleurs s'étendaient à l'horizon. Elle sentait le vent faire virevolter ses cheveux, et le soleil chauffer sa peau. Tout était si réel que c'était difficile de se dire que ce n'était qu'un rêve. Un doux rêve dont elle ne voulait pas s'échapper.

Haku se releva lui aussi, entoura Chihiro de ses bras et regarda les collines avec le même air nostalgique. Lui aussi ne voulait pas se réveiller.

Ils restèrent immobiles et silencieux, ne se souciaient plus de ce qui allait suivre. Leur réveil serait terriblement difficile, car une chose était possible durant cette bataille. L'un deux pouvait y laisser la vie et sans l'autre, ils n'étaient pas sûrs de vouloir vivre.

— Chihiro ?

— Oui ?

Il tourna le visage de la jeune femme du bout des doigts et lui sourit en voyant ses yeux noisette. Elle lui rendit son sourire.

— Je t'aime, avoua-t-il avant de déposer un timide baiser sur le coin de sa bouche.

Chihiro frissonna, elle savait pourquoi il lui disait cela. C'était au cas où il mourrait pendant la bataille.

Elle se jeta dans ses bras et le serra fort pour pas qu'il disparaisse, mais le rêve se dissipa lentement. Elle sentit une main sur son avant-bras, une main réelle et elle comprit que quelqu'un la réveillait. Son cœur s'affola tant elle avait peur que ce soit la dernière fois qu'Haku serait devant elle. Il lui souriait, mais lui aussi avait peur.

— Je te promet, fit-elle. Je te promets que je me battrais jusqu'au bout pour te revoir...