Chapitre 11 : L'histoire de la sorcière

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Chihiro attendait à l'écart des deux chênes royaux, ils débattaient pour savoir s'ils allaient l'aider dans sa quête. Elle jouait de son pied avec une branche cassée, puis arrêta en se souvenant que le bois de cette forêt était bien plus vivant que la normale. Du coup, elle finit par se balancer d'un pied sur l'autre en sifflotant.

L'attente fut longue et pénible, mais lorsque les arbres avaient fini de débattre Chihiro se précipita en oubliant le temps d'attente. Le roi arbre s'exclama :

— Nous avons décidé de vous dire où se trouve le médaillon mais à une condition !
La jeune femme se mordilla la lèvre inférieure, elle attendait la sentence avec impatience et anxiété.

— Vous devez nous promettre de nous aider à combattre la sorcière aux corbeaux le temps voulu.

Chihiro soupira de soulagement.

— Je vous le promet !

Elle mit sa main sur son cœur en le disant. Son destin était maintenant lié aux arbres, ils allaient l'aider, mais elle leur devrait en retour la liberté. Le bonheur de l'annonce fit sourire Chihiro qui semblait très heureuse de l'aide qu'allait lui apporter le roi des arbres. Celui-ci lui révéla :

— Le médaillon est en la possession d'Akiro, un jeune magicien dont la magie est encore très peu développée. Il l'a volé à la sorcière pour être sûr qu'elle ne lui fasse plus aucun mal, il lui fait du chantage, car son nom est gravé sur le médaillon et elle redoute qu'il soit révélé.

La jeune femme accumulait les informations dans son esprit en se remémorant qu'elle faisait tout cela pour Haku, il avait intérêt à être serviable après tout ça.

Elle sortit sa boussole et pensa fortement à Akiro dont elle ne connaissait que le nom. L'aiguille de la boussole s'affolait, elle tournait à gauche puis à droite, puis à gauche et encore à droite. Chihiro marchait tout de même devant elle sans savoir où elle allait, il fallait qu'elle s'en aille. Cette forêt était de plus en plus effrayante à force que l'on s'avançait, les arbres devenaient de plus en plus désespérés et cela rendait l'endroit sinistre.

En avançant la jeune fille ne se rendait pas compte qu'elle arrivait vers les rails du train qui mène jusqu'au village. Le nouvel hôpital est dressé en haut de celui-ci et il surplombe la vallée. Le monde semble s'effondrer sur sa tête, pourtant la boussole montre bien ce chemin. Akiro vit donc ici, dans le village des esprits.

Son cœur s'emballait déjà à la vue de l'hôpital. Elle n'avait pas tenu sa promesse auprès de Bô, elle était partie plus de deux jours alors qu'il ne lui avait accordé qu'une simple journée.

Malgré la peur, elle traversa le village avec la boussole, la flèche se figea devant un bar. Akiro, le détenteur du médaillon, était à l'intérieur.


Elle entra le cœur battant. Ses yeux dérivèrent sur tous les clients, ils avaient leurs regards rivés sur leurs boissons et leurs plats. Personne ne leva la tête vers elle, excepté le gérant de la taverne qui lui fit signe d'approcher. Elle entra le cœur battant. Le barman lui fit un grand sourire et avoua :

— Je sais que vous êtes Sen, notre chef monsieur Bô était très triste ces derniers jours, car vous aviez disparu vous aussi.

Chihiro se pinça les lèvres et demanda :

— Est-ce que quelqu'un ici a déjà vu un certain Akiro ?

Le regard du serveur se dirigea lentement vers un client qui se trouvait de l'autre côté du comptoir. C'était un jeune homme aux cheveux noirs et décoiffés, il avait le regard vitreux et fixait le fond de son verre en tournant sa cuillère à l'intérieur. Son visage était fin, triste et délicat. Habillé d'une chemise blanche, d'un veston et d'une cravate noire, il semblait venir du monde réel.

Les yeux de Chihiro le scrutaient avec intérêt, elle devait lui voler le médaillon ou lui demander gentiment. Elle ne savait pas si c'était une bonne idée de lui demander un bijou qui était aussi important pour une sorcière sanguinaire, et elle avait peur de voler un objet à un magicien.


Il releva les yeux et la fixa d'un air suspicieux.

— Il vient ici tous les jours, il demande un verre d'alcool, fume deux ou trois cigarettes et repart en laissant un petit pourboire, dit le barman.

Chihiro sentit le rouge monter à ses joues, le regard insistant du jeune magicien lui faisait froid dans le dos. Elle se demandait s'il avait lu dans ses pensées et avait comprit qu'elle voulait le médaillon.

— Depuis combien de temps vient - il ici ? Demanda Chihiro en baissant la voix.

— Oh... Deux ans maximum. Il est jeune et à ce que j'ai compris, il n'est pas connu dans notre ville.

Chihiro ferma les yeux, elle était dans une impasse et le seul moyen de s'en sortir, c'était d'y aller au culot. Elle se leva d'une traite et s'approcha du jeune homme. Elle s'assit à côté de lui et se présenta :

— Bonjour, je suis Chihiro ou Sen dans ce monde ci. J'ai fui un sorcier terrifiant et je suis arrivée dans ce village que j'avais quitté, il y a déjà dix ans. Après une longue histoire, trop longue à raconter, je me suis retrouvée face à la sorcière aux corbeaux et j'avais besoin d'une potion dont elle était la seule détentrice. J'ai fui un sorcier terrifiant et je suis arrivée dans ce village que j'avais quitté, il y a déjà dix ans.

Elle avait parlé si vite qu'elle eût du mal à reprendre son souffle. Akiro la dévisagea et finit par répondre :

— Je ne te le donnerais pas.

L'espoir infime de la jeune femme s'effondra avec fracas, elle sentit presque les larmes montées. Mais le visage d'Haku lui revint en mémoire et elle reprit confiance.

— Déjà on ne se tutoie pas ! Et puis de toute façon, vous me le donnerez d'une manière ou d'une autre parce que je n'ai pas l'intention de laisser tomber si facilement !

Les paroles de la jeune femme firent sourire le magicien qui commanda un deuxième verre pour sa nouvelle camarade.

— Très bien Chihiro, ou Sen, je n'ai rien contre toi personnellement mais cette terrible femme, comme tu dis, m'a fait la pire des trahisons et en détenant son médaillon j'ai un pouvoir immense sur elle. Je peux la tenir à distance des villes et villages et ainsi protéger les esprits de cette tourmente qu'est d'être l'esclave d'une sorcière mégalo.

Chihiro fut piquée en pleine curiosité.

— Quelle était cette trahison qu'elle vous a faite ?

Le visage du jeune homme se referma.

-Si on ne se tutoie pas alors je ne peux pas te révéler mon plus grand secret.

Chihiro sourit.

— Très bien Akiro. Qu'est-ce que T'A fait la sorcière aux corbeaux ?
Un sourire orna le joli visage du jeune magicien.

— Parfait ! Il prit une grande inspiration et avoua. Elle m'a abandonné à la naissance.

Le visage de Chihiro se décomposa.

— Tu veux dire que la sorcière aux corbeaux est...

— Ma mère, trancha Akiro.

Haku ? (Histoire Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant