Chapitre 1 : Le sorcier du marché

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Bip Bip Bip.

Le réveil...

Chihiro se lève de son lit et donne un grand coup dans l'alarme pour l'éteindre.

Bip...bup...bup...

L'alarme ne s'arrête pas, mais diminue, laissant un bruit étrange et irritant englober l'atmosphère de la chambre.

— Saleté !

Elle prit le réveil à deux mains et le balança sur le sol, faisant ainsi un boucan énorme. La porte s'ouvrit à la volée, laissant apparaître la mère de Chihiro habillé d'un tailleur noir.

— Tu as encore cassé une alarme ?

Le visage de la jeune fille se tordit d'un sourire forcé, elle ne s'était pas rendu compte de la force qu'elle avait employé. Sa mère entra complètement dans la pièce puis elle dit les mains sur les hanches :

—Allez jeune fille ! Tu me ramasses les débris et les jettes à la poubelle. Je vais au travail, je t'ai laissé ton petit déjeuné sur la table de la cuisine. Bonne journée ma chérie !

Le silence revint après que sa mère ait fini de descendre les escaliers pour arriver dans l'entrée. Chihiro se dirigea vers son armoire avec lenteur, on était samedi et elle devait se préparer pour aller chez sa grande tante, Aemi. Devant le miroir elle fit un effort pour ne pas bâiller tellement elle était fatiguée, le soir d'avant elle avait prit du temps pour s'endormir. Elle ouvrit la porte de l'armoire et tira sur un bout de tissu qui dépassait des autres, une robe jaune décorée de fleurs roses lui resta en main. Elle referma la porte et s'habilla.

Le temps de se laver vite fait et de prendre son petit-déjeuner, il était déjà dix heures et Aemi détestait attendre. Chihiro se précipita vers la sortie de la maison et attrapa au passage ses chaussures. Elle monta sur son vélo et partit à toute vitesse vers le village.

La maison dans laquelle elle habitait avec ses parents était en haut de la colline et le village se situait dans la vallée. Ses cheveux virevoltaient derrière elle tant la vitesse était importante, mais ça ne faisait pas peur à la jeune fille qui avait horreur des freins. Elle écarta ses pieds de ses pédales et hurla de bonheur, c'était son moment préféré de toute la semaine. Sentir le vent lui caresser le visage, la vitesse faire bondir son cœur et le sentiment de liberté qui accompagne le tout. C'est le paradis.

Une fois arrivée en bas de la colline, la jeune fille freina d'une seule traite laissant derrière elle une trace encrée dans le sol. Son visage s'illumina lorsqu'elle s'aperçut que son amie Mahiru l'attendait sur le chemin du marché. Chihiro descendit de son vélo et l'attacha à la hâte sur le bord du trottoir avant de venir à la rencontre de sa camarade. Mahiru lui faisait un grand sourire étincelant de beauté, elles étaient heureuses de se voir.

— Alors tu ne t'es toujours pas envolée ?

— Envolée ?

Chihiro fronça les sourcils l'air sérieux.

— J'ai rêvé que je volais cette nuit, à dos de dragon...

Mahiru la toisa d'un regard interrogateur avant d'exploser de rire en se tenant les côtes. Après sa crise de fou rire la jeune fille finit par dire :

— Tu as vraiment beaucoup d'imagination toi...

Chihiro fut vexée par le comportement de son amie, elle croisa les bras sur sa poitrine et hurla :

— Je t'ai dit que c'était un rêve !

— J'avais compris Chi ! Répondit son amie.

Les deux jeunes filles avancèrent l'une à côté de l'autre vers le marché du samedi matin, mais elles ne pipaient mot.

Seulement, en arrivant devant un stand de bijoux, Mahiru sauta de joie, elle passait d'un pied à l'autre en se mordillant les lèvres. Elle attrapa un collier puis une bague et les présenta à son amie pour avoir son avis.

Au bout d'une trentaine de minutes à passer d'un stand à l'autre les deux jeunes filles s'arrêtèrent sur un banc. Mahiru demanda à son amie :

— À quelle heure dois-tu être chez ta grande tante ?

Chihiro jouait avec une mèche de ses longs cheveux châtains lorsqu'elle répondit :

— À 11 h 30 pour la faire sortir se promener dans le jardin.

Mahiru regarda sa montre et s'exclama :

— Il nous reste encore trente minutes !

Elle se leva et attrapa la main de son amie pour la traîner devant d'autres stands. Elles passèrent devant des fruits, des bijoux, des bougies, des statues, de la vaisselle et pleins d'autres articles que Mahiru dévorait des yeux.

Chihiro était moins enthousiaste à l'idée de regarder sans acheter, elle se demandait pourquoi elle avait accepté de venir. Puis soudain son regard fut attiré par un stand en particulier, celui de la sorcellerie. L'homme qui le tenait était étrange, vêtu d'une cape qu'il enfonçait devant ses yeux et de nombreux bijoux imposants. Elle s'approcha, laissant son amie devant le stand de friandises. Arrivé à la hauteur de l'étrange homme, Chihiro s'arrêta, elle sentit un pré-sentiment lui agripper le cœur. Elle savait que s'approcher du stand était dangereux, mais la curiosité la gagna et elle reprit sa marche. Le regard du sorcier se posa sur elle, un sourire terrifiant apparu sur son visage et il finit par lui dire :

— Bonjour Chihiro.

Le sang de la jeune fille se glaça d'effroi, elle porta instinctivement une main à son coeur, mais le sorcier lui fit signe d'approcher. Ses jambes bougeaient toutes seules, elle ne pouvait pas s'arrêter. Elle put s'arrêter à quelques millimètres du stand, son regard plongé dans celui de son interlocuteur. Il fit un geste de la main, tout autour d'eux disparu en un instant. Chihiro hurla de peur, tout était dans le noir complet, aucune forme, aucune lumière n'apparaissait dans cet univers glacial. Le sorcier n'était plus derrière son stand, mais il était debout devant elle, le visage orné d'un sourire frustrant. La jeune fille se retourna vers lui et cria :

— Où sommes-nous ?

L'homme la contourna en se grattant la barbe, puis il se retourna et répondit :

— Nous sommes dans le vide, celui que je créer pour passer des entretiens privés avec mes amis chers.

Chihiro lui infligea une baffe avant de se précipiter dans une direction, elle ne savait pas où elle allait vu qu'elle ne voyait strictement rien. Mais le sorcier lui hurla :

— Kohaku !

La jeune fille se figea, le cœur battant à tout rompre. Alors elle n'était pas folle, il existait réellement, Haku...

Son souffle se faisait court et bruyant, elle s'était arrêtée en pleine course juste en entendant le nom de celui qui hantait ses rêves depuis plusieurs mois. Elle se souvenait à présent, tout revenait en bloc, son voyage au monde des esprits. Ses parents transformés en porc, sa rencontre avec Haku, la sorcière Yubaba, le vieux Kamaji, Lin, Bô le gros bébé, les trois têtes Kashira, Zeniba, le sans - visage, tous les employés du grand bain et leurs clients. Ses souvenirs lui donnèrent mal à la tête, elle tomba à genoux et finit par pleurer.

Maintenant qu'elle avait vingt ans elle se persuadait que toutes ses images n'étaient que des rêves d'enfant dont elle ne pouvait se défaire. Mais maintenant qu'elle était confronté à un sorcier, c'était autre chose.

Les pas silencieux et légers de son kidnappeur se faisaient de plus en plus proches, mais Chihiro n'avait pas la force de se lever. Il dit d'un ton inquiétant :

— Tu te souviens à présent.

— Chihiro ! Chihiro !

La voix de Mahiru arrivait à peine aux oreilles de la jeune fille. Elle ouvrit lentement les yeux et sentit une forte douleur sur sa tête. Tout autour d'elle redevint normals, elle était allongée en plein milieu du marché, plusieurs visages inquiets se penchaient au-dessus d'elle. Mahiru s'était agenouillée à ses côtés, elle la tenait par la main et la soutenait. Chihiro se releva et jeta un œil vers le stand de sorcellerie, le sorcier lui fit un clin d'œil glaçant. La jeune fille sentit un frisson horrifiant lui traverser le corps, ce n'était pas un rêve.

Haku ? (Histoire Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant