Haku ? (Histoire Terminée)

Chapitre 2 : Un élastique magique

Après l'incident du marché Chihiro et Mahiru s'en allèrent vers la maison de retraite où vivait Aemi. La vieille femme commençait à perdre la tête ces temps-ci, Chihiro détestait la voir dans cet état, mais ses parents l'obligeaient à y aller. L'amie de la jeune fille la quitta devant la maison et disparu à l'intersection de la rue. Chihiro entra et fit un signe de main à la concierge qui lui répondit d'un hochement de tête. Elle n'avait même plus besoin de se présenter à l'accueil vu qu'elle venait chaque samedi depuis trois ans, depuis qu'Aemi était atteinte d'Alzheimer.

En entrant dans la chambre de sa grande tante, Chihiro fut surprise de voir une infirmière à son chevet. Son cœur battait tellement vite qu'elle sanglotait, l'infirmière se retourna vers la jeune fille et lui accorda un grand sourire. Le soulagement gagna la jeune femme qui s'était imaginée qu'Aemi était à l'agonie. Mais ce n'était pas le cas, elle avait juste envie qu'on lui lise une histoire. Le livre sur les genoux, l'infirmière fit signe à Chihiro d'approcher. Le visage de la vieille femme s'illumina en voyant sa petite-nièce à côté de son lit. Aemi se releva pour s'asseoir sur le lit et dire à Chihiro :

— Tu as quinze minutes de retard !

La voix de la vieille femme trahissait sa joie, elle était heureuse de voir Chihiro. Mais un sentiment de regret fissura le cœur de la jeune femme qui se justifia :

— J'ai eu un petit problème au marché. Mais ne t'inquiète pas, rien de grave.

L'infirmière se leva et donna le livre de contes à Chihiro avant de partir en faisant un signe. La couverture du livre était d'un bleu étincelant, elle était recouverte d'un dessin. Ce dessin Chihiro s'en souvenait, elle l'avait fait pour décrire Haku à sa grande tante. Elle sentit une larme perler sur sa joue, et Aemi lui dit le sourire aux lèvres :

— Je me souviens de ce jour-là... Cela faisait à peine une semaine qui vous aviez déménagé et tu ne voulais pas sortir de ta chambre. Tes parents commençaient à s'inquiéter et ils m'avaient demandé d'aller te voir. Quand je suis entrée, tu étais assise sur une chaise devant ta fenêtre et tu scrutais l'horizon, quand je t'ai demandé ce que tu faisais ta réponse fut brève mais concrète.

Chihiro continua le récit :

— J'attends Haku, il m'a promis que nous nous reverrions.

Aemi sortit de son lit avec difficulté, elle posa une main sur le livre et rétorqua :

— À l'intérieur se trouve le récit que tu m'as fait de ton voyage dans le monde des esprits. J'ai d'ailleurs gardé un objet précieux pour toi.

La vieille femme s'affaira devant sa table de chevet, elle déballait tout ce qui se trouvait à l'intérieur. Chihiro posa le livre sur le lit et partit ramasser tout ce qu'Aemi jetait au sol. Le sourire aux lèvres, la grande tante se retourna vers sa nièce et lui tendit une petite boîte noire. Chihiro attrapa la boîte et l'ouvrit avec délicatesse, elle émit un petit cri en voyant le contenant. C'était l'élastique que Zeniba lui avait offert, c'était la preuve que tout était réel.

Cela faisait maintenant deux heures que Chihiro et Aemi marchait dans les jardins de la maison de retraite, la jeune fille conta chaque détails de son aventure et au fur et à mesure elle s'en souvenait. Ses cheveux étaient noués avec l'élastique, maintenant elle le savait, elle allait partir à la recherche du monde des esprits. Elles se dirigeaient vers la chambre de la vieille femme lorsque celle-ci demanda :

— Et tu comptes retrouver l'esprit de la rivière ?

Chihiro fit un sourire narquois et répondit :

— Évidemment, maintenant que j'ai la preuve que tout est vrai.

Sa grande tante sauta de joie et commença une ronde avec sa petite-nièce, elles tournoyaient sur elles même en rigolant. La ronde finit, Aemi se tint au mur pour ne pas tomber, malgré le tournis, elle avait toujours un sourire radieux. Les deux femmes retournèrent dans la chambre pour se dire au revoir.

Il était presque quinze heure quand la jeune femme quitta la maison de retraite. Elle se dirigea vers l'endroit où elle avait attaché son vélo pour rentrer chez elle. Un sourire heureux ornait son visage, elle était toute excitée à l'idée de retourner au royaume des esprits et de revoir tous ceux qu'elle avait laissé là-bas. Sa main parcourra ses cheveux attachés en queue-de-cheval et arriva à l'élastique qu'elle chérissait tant, c'était lui qui venait de lui montrer la vérité.

Boum !

Chihiro se cogna violemment contre quelqu'un au croisement de la rue, elle tomba en arrière et posa sa main sur son coude. Elle venait de se faire atrocement mal, pourtant lorsqu'elle leva les yeux vers le mur humain elle se releva avec rapidité. C'était le sorcier de ce matin, elle le toisa d'un regard noir et rétorqua :

— Vous voulez encore m'emmener dans votre monde triste et sombre ? Il doit être à votre image !

Le sorcier eut un rictus sur ses lèvres. Est ce que cette jeune fille venait de lui manquer de respect ? Il leva sa main et projeta une brume rouge vers Chihiro qui était tétanisée par la peur. Lorsque le brouillard magique arriva près d'elle, un rayon de lumière intense se dégagea de son élastique. Le rayon dissipa la brume et projeta l'homme au sol. Chihiro hoqueta de surprise, elle n'attendit pas que le sorcier se relève pour se précipiter dans les rues du village. La peur lui nouait l'estomac.

Arrivée à la lisière de la forêt elle s'arrêta un instant avant de partir en courant à travers. Elle savait que le sorcier allait être encore plus énervé maintenant qu'il savait qu'elle détenait un objet sorcier. Elle courrait sans se rendre compte de la vitesse à laquelle elle allait. Son pied heurta une pierre et elle s'écrasa le ventre à terre. La douleur dans son coude la lança, elle finit par regarder la blessure et découvrit une plaie en sang. Elle s'était ouvert le coude.

Un sifflement étrange vint la sortir de ses pensées, le sorcier arrivait. Elle se releva et courra de nouveau. Le cœur battant et le souffle court elle se précipita à travers les bois. Elle finit par atterrir sur un chemin étrangement familier, une centaine de petites maisons en bois recouvraient le sol.

— Les maisons des esprits... Chuchota Chihiro.

Elle courra maintenant sur le chemin et ne put s'empêcher de rire. Elle était sur la route du royaume des esprits. Ses pas se faisaient plus rapides et moins douloureux, comme si elle commençait à voler. Le temps de la course, elle repensa comment elle devait s'y prendre pour arriver au pays. Elle s'arrêta net devant le tunnel, c'était le même, il était toujours là.

La voix forte et grave du sorcier arrivait jusqu'aux oreilles de la jeune fille. Il criait son nom, comme si elle allait lui répondre. Elle prit son courage à deux mains et s'engouffra dans le tunnel qui était toujours aussi terrifiant. Cette fois, elle était seule, ses parents ne pouvaient pas l'aider en cas de danger. La lumière à l'autre bout était minuscule et semblait si loin que la détermination de Chihiro en prenait un coup. Elle ne savait pas si cela méritait réellement qu'elle se mette en danger, ça se trouve le royaume des esprits n'allait pas s'ouvrit de nouveau. Elle allait être coincée devant le sorcier et il pourrait la tuer sans problèmes. La peur commençait à lui tenailler le ventre et elle se mit à courir.

La lumière s'agrandissait de plus en plus jusqu'à devenir assez grande pour que Chihiro reconnaisse le lieu de sa première visite. Toujours abandonné et sans aucune vie cet endroit était terrifiant et magique à la fois, il ressemblait à l'intérieur d'une église. Elle se retourna et vit une silhouette à l'autre bout du tunnel qui se tenait debout devant la lumière. C'était le sorcier, mais contrairement à ce qu'elle pensait, il fit demi - tour et disparu.