8 : Le précepteur

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Une vive lumière inonde la pièce. Je referme les yeux puis, je les réentrouve. Flûte ! Le décor est le même. Il s'est passé tant de choses hier que je ne sais plus où je me trouve. C'est injuste. La dernière journée aurait simplement pu être normale... mes réflexions sont interrompues par un gargouillis sonore de mon ventre. C'est vrai que je n'ai rien mangé hier soir...
Je rougis, je commence à préparer des excuses mais je m'aperçois que je suis seule. Devant mes yeux se trouve un plateau couvert de victuailles jadoises. Profitant qu'il n'y a personne, je prends plaisir à faire la gloutonne en dévorant ce qui m'intéresse.
    - Mademoiselle Arya ? Êtes-vous réveillée ?
Je confirme en répondant :
    - Arrêtez de m'appeler " Mademoiselle " !
    - Etes-vous réveillée ?
Bon, cette fois, j'en ai vraiment par-dessus la tête de ces personnages de haut rang aussi stupides que leurs pieds. J'ouvre la porte et déclare à la Nymphe que je ne prends même pas le temps de regarder :

    - À votre avis si je vous parle ?
Elle ne répond pas mais se contente d'ouvrir de grands yeux ahuris. Enfin, elle articule :
    - V... votre petit déjeuner vous attend. Votre précepteur aussi. En haut de la tourelle Nord.
    - Et je suis obligée de répondre à son invitation ? C'est quoi un percepteur ?
    - Vous prendrez des cours au château le temps que vous y...
    - Arya, cesse d'importuner le monde et FILE ! tonne le roi.

Pas la peine de s'énerver. J'obéis au roi. Au fait, je ne pourrai jamais me résoudre à appeler cet homme " père " ou " papa ". Pour moi c'est le roi. Point. Voyons, qu'est ce qu'a dit la Nymphe ? Tout en haut de la Tourelle Nord ? C'est ça. J'arrive devant une porte. Et comme je suis un minimum polie, je dis d'une voix timide :
    - Excusez-moi, suis-je bien chez le percepteur ?
Rires. J'apprécie particulièrement cette ambiance très amicale depuis que je loge ici.
Un homme vêtu d'une tunique grise tenue par une cordelette dorée apparaît. Avant un simple " Bonjour ! ", il me corrige :
    - PRÉcepteur, petite. Tu es Arya n'est ce pas ?
La réponse semble tellement évidente que je lève les yeux au ciel.
    - Non. Je suis Tisyana, la guerrière que tout le monde connaît pourtant.
Puis, je me rends compte de mon erreur : tout le monde me dévisage avec un air hagard qui me met mal à l'aise.
    - Heu... non, j'essaye de mettre l'ambiance parce que... enfin vous voyez quoi...
Je souris bêtement mais le précepteur, lui, ne rigole pas du tout.
    - Va donc au tableau Arya. Ou plutôt devrais-je t'appeller Tisyana ?
Tout le monde rit très fort. Ben dites donc ! Quelle bonne blague ! Je n'ai jamais entendu quelque chose d'aussi drôle ! Mais sur ce, je reconnais notamment le timbre de... Gloria ! Gloups... je déglutis avec difficulté. Tout va bien. Obéissons au précepteur. De toute façon, les adultes savent ce qui est bien pour nous, non ?
Je prends la parole d'une voix mal assurée. Je n'ai jamais eu autant de difficultés d'élocution.
    - Je... je m'appelle Arya... j'ai six ans, avant je vivais ch... heu, à l'orphelinat et... c'est tout.
    - Est ce que tu te plais au château ?
    - Non.
Mon maître avale de travers.
    - Non ?!
Je retrouve soudain le sens de la parole :
    - Eh bien quand vous posez une question, attendez-vous à ce que l'on y réponde franchement ! Et faites attention à celles que vous posez car je suis une gamine très franche, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué !
    - Très... très bien. M... merci, nous avons compris comment tu fonctionnais. Hem... les enfants, sortez vos parchemins ! Toi, va t'asseoir tout au fond, sur une table vide.

Je n'ai pas besoin de savoir lire dans les pensées pour savoir que je l'effraie. Pour une fois, je lui obéis. Gloria, est assise seule à une table. Mais c'est parce que ses jupons et autres fanfreluches prennent trop de place. Elle au moins, elle est assise au premier rang... je ne l'envie pas sur ce point mais j'aimerais tout de même que l'on m'accorde quelques privilèges, du moins avoir droit à un minimum de respect.

   - Quelqu'un peut-il me citer les trois royaumes primaires de ce continent ? demande le précepteur.
Tout le monde lève la main sauf Gloria et moi. A croire que notre titre fait de nous d'ignorantes gamines.
   - Hum, reprend-il. Gloria, tu n'as pas révisé ta géographie, à ce que je vois. Pourrais-je avoir une explication ?
   - Je... et bien... en... en tant qu'héritière du trône des Elfes, d'autres devoirs m'attendent depuis ma naissance ! Ils sont plus importants que ceux-ci !
Je dois avouer que c'est la première fois que je la vois affirmer son caractère depuis mon arrivée.
    - Et toi tu ne sais pas ?
    - Déjà je m'appelle Arya. Ensuite, je ne suis jamais allée à l'école.
    - Et on peut savoir pourquoi ?
De vieux souvenirs ressurgissent d'un coup. Je ne suis plus dans cette banale salle de classe mais dans la forêt, le vrai habitat des Elfes. J'entends les cris assoiffés de terreur des enfants. Je sens les pierres frapper mon corps avec violence. Je revois ma mère, anxieuse, panser mes plaies.
C'est toute me vie que je revois, les yeux écarquillés. Un courant d'air me soulève les cheveux
et me rafraîchit la tête.
Attendez une minute... un COURANT D'AIR ?

Note de l'auteur : Désolée de vous avoir fait
attendre longtemps pour ce chapitre 8 ! Beaucoup de
suspense, oui je sais mais la suite va bientôt arriver, promis.
Nouvelle couverture ! J'espère qu'elle vous plait ! 😄
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La Quête d'Arya [Tome. 1 : Une Vie Bouleversée ] TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant