La Quête d'Arya [Tome. 1 : Une Vie Bouleversée ] TERMINÉE

29 : Machinations

Bonne question. Excellente question. Le silence se fait. Aelia n'a sans doute pas pris en compte ce fâcheux inconvénient. La voix triomphante de Gloria rompt le calme :
    - Aha ! Je savais bien que son plan avait une faille !
    Je lui réponds vertement :
    - Le plan d'Aelia a une faille. Seulement, le tien en avait plusieurs, Mademoiselle-je-me-vante-mais-je-fais-pas-mieux !
    Ma "vraie" sœur reprend la parole :
   
    - Alors... nous allons planter de très hauts pieux surmontés de métal pour attirer la foudre. Pour encore plus de précautions, il faudrait espacer ces nouveaux habitats. Je m'explique : si les habitations sont espacées en "blocs" et que la foudre touche un seul arbre, l'impact risque de projeter des débris enflammés qui vont sans doute toucher tous les autres arbres et qui par la suite calcineront plusieurs hectares de notre territoire sylvestre.
    - Mais si cela ne suffit pas ?
    - Si cela ne suffit pas -comme les jours de fortes tempêtes- il faudrait creuser des abris souterrains. Je... nous ne pouvons pas tester les améliorations tant qu'il ne s'est rien passé. J'ai désormais fini de vous exposer mon programme. A partir de maintenant, à vous d'exprimer vos choix en désignant l'une de nous deux.
    La foule commence à s'animer.
    - Arya, me chuchote Aelia, je te charge de comptabiliser le nombre de voix pour moi et pour Gloria. Il y a cent personnes. A partir de maintenant, déclame-t-elle, je vous laisse cinq minutes pour réfléchir ! 
    Des chuchottis parcourent la centaine d'Elfes rassemblés pour cet événement. Cinq minutes plus tard, je prends la parole :
    - Ceux qui veulent choisir heu... Gloria lèvent la main bien haut et ne l'abaissent pas tant que je n'ai pas annoncé le score final !
    Plusieurs mains se lèvent, d'abord timides comme si elles avaient peur de faire le mauvais choix.
Je les compte. Leur nombre m'effraie. Une, deux, trois, quatre... trente, quarante, cinquante... et un.
    - Cinquante et un pour Gloria !
    Je fais le compte pour Aelia. Cinquante. Oh misère. Mais pourquoi, pourquoi Gloria ?
Quel déshonneur, quelle honte pour le peuple.
    - Gloria a... gagné, dis-je, non sans amertume. Je tourne la tête : Aelia... Je suis désolée...
    - Laisse, c'est le jeu. On n'y peut rien.
    - Il y avait cent Elfes qui sont rentrés. Cinquante plus cinquante et un égal cent un. Autrement dit, il y a eu...
    - Machination.
    J'interpelle un Elfe que je crois connaître :
    - Hey, vous, là ! Venez ici ! Tout de suite !
    - Voyons, c'est insensé ! On ne parle pas ainsi à son propre père ! Je... heu... oups.
    Et voila. Ça devait arriver. Il s'est trahi, mais il s'est trahi lui-même, cet imbécile !
    Aelia tend le cou vers (mais non, elle ne met pas la table !) le dessous de l'estrade.
    - Attends Arya... Il y a quelque chose de louche là-dessous.
    Elle revient quelques secondes plus tard, chargée d'une belle pile de vêtements. Ils sont rouges, bleus et dorés. Je les reconnais immédiatement car nous, les Elfes, nous portons du blanc, du vert, du brun, du beige ou du gris. Pas de soie ni de satin mais du lin, du chanvre, de la laine ou encore du cuir. Ces vêtements, ce sont ceux de Père. Il s'est fondu dans la masse pour rajouter une voix à Gloria.
    Je m'adresse au peuple, qui aimerait bien en finir :
    - Voyez-vous, il y a eu tricherie. Ce n'est pas très loyal de sa part. Une reine qui fait des manigances ? Il y a une autre possibilité de choix. A vous de la saisir. Je répète : qui vote Gloria ?
    Là, c'est clair et net : deux mains se lèvent. Gloria est dans les choux. Je risque un coup d'oeil derrière moi : la seule chose qui empêche Gloria de me mettre en pièces, c'est le fait qu'elle ne veut pas salir encore plus sa réputation. Même si je doute que ce soit encore possible, à ce stade...
    - Père, dis-je, couronne Aelia.
    - Je ne peux pas.
    - Dommage pour toi. Tu l'as juré en ancien langage.
    - Je sais seulement... Il se trouve que... Je l'ai perdue. On l'a volée.
    Oh non. Malheur, malheur de malheur de m...! Ce n'est pas un très joli mot, certes mais il se trouve que c'est le seul qui me vient à l'esprit pour l'instant.
À moins que...
    - Skye !
    - Tu m'as appelé ?
    - Retrouve la couronne.
    - Et le mot magique...?
    - Heu... s'il-te-plaît Skye.
    - ...Ma louve que je vénère. Allez, c'est d'accord. Mais tu viens avec nous !
    Que... quoi ? C'est qui nous ?