20 : Le duel

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Nous sortons.
    - Mais... je n'ai pas d'épée...
    - Pas grave. On va prendre des branches de cerisier.
    - C'est quand même dommage que Skye m'ait donné un arc... j'aime mieux les épées...
    Elle réfléchit un moment.
    - Tu sais quoi ? Je pense que c'est mieux au contraire. Cela permet d'infliger des dégâts plus nets et précis. Et à distance, en plus... par contre, il faut faire preuve de patience quand on apprend.
    - Justement, quand on se nomme Arya et que l'on aime pas apprendre... Ouais enfin... on va commencer, hein !
    - Tu as raison. EN GARDE !
En une fraction de seconde, elle se place impeccablement. Nous commençons à croiser le fer, ou plutôt le bois. D'abord lentement mais la cadence augmente rapidement. De plus en plus...
Mes mouvements se font de plus en plus désordonnés. Je serre les dents. Elle esquive et pare mes attaques sans sourciller. À croire que c'est un automatisme, elle le fait presque machinalement. Un oiseau me regarde attentivement. On dirait qu'il veut me déconcentrer... il y arrive. Cette seconde d'inattention aurait pu me coûter la vie si je n'étais pas en duel amical : d'un seul coup, Aelia me désarme, cassant mon "épée". Je ramasse les morceaux. Je les ressoude en appelant la Terre. Je contrôle mes pouvoirs de mieux en mieux maintenant...

Je me fends afin d'aller la toucher mais elle esquive et me touche avec son bâton en pleine poitrine. Je tente une botte sur le côté. Elle recule, réalise une magnifique pirouette, revient à la charge mais lâche son arme au dernier moment. Elle dégaine ensuite son poignard à une vitesse ahurissante.

Aelia : 10, Arya : 0

Nous restons dans cette position pendant de longues secondes.
    - T'as gagné. T'es la plus forte.
Elle rougit modestement :
    - Oh, tu sais... Mère l'était cent fois plus.
    - Oui mais... c'est un cadeau des dieux que tu as ici !
Aelia me répond gravement :
    - Non Arya. C'est des années d'entraînement. Les dieux (elle est parcourue d'un rire mauvais que je ne connais pas) ? Laisse-moi rire. Ce ne sont que des minables. Inutile de les  juger trop importants. Ils se fichent complètement de savoir si nous vivons bien ou mal. De toutes façons, leur monde est bien plus simple : avec leurs pouvoirs sans limites, tout est à leur disposition. Nous sommes les acteurs du monde qu'ils ont créé pour se divertir. En fait, si tu veux mon avis, nous ne sommes rien de plus que des marionettes. C'est eux qui mettent le "piment" de notre vie.
     Wahou. Elle a du cran Aelia, de briser ainsi un tabou.
    - Donc, si Mère est morte...
    - C'était sa destinée, ils nous diront. Ils nous diront toujours cela. Exactement comme nous, nous expliquons que la pluie et le beau temps sont dus à leurs humeurs. Mais... écoute Arya. Je peux te confier un truc ?

    - Vas-y.
Elle se penche vers moi, sa bouche près de mon oreille.
    - Les humains, Elfes comme hommes... Ils pensent que le temps changeant s'explique grâce aux dieux... mais je sais que ce n'est pas ça... je... tu le répètes à personne, hein ?
    - Personne. En ancien langage.

L'ancien langage est notre langue d'origine. Celle qui était parlée il y a des centaines d'années. Aujourd'hui, on l'utilise pour des serments solennels. Voire très solennels. Si jamais quelqu'un fait une promesse en ancien langage et qu'il a le malheur de ne pas l'honorer, il sera maudit jusqu'à la fin de ses jours. Donc, je prends un certain risque...

    - Hum... je crois que je vais bientôt... rentrer.
    - Oui, dit-elle tristement. Au revoir.

Moi aussi ça me serre le coeur de devoir la quitter.

La Quête d'Arya [Tome. 1 : Une Vie Bouleversée ] TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant