Chapitre 2 : "Appelle-moi Suga"

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EVIE

30/09/2012

-Tu ne comptes pas y aller comme ça, j'espère ? demande Mélanie en fixant mes vêtements avec un air dégoûté.

-Ne me saoule pas, déjà j'y vais à cette soirée. Si t'as cru que j'allais mettre autre chose qu'un jean et des baskets...

-Evie Ludmilla Sullivan-Galatea...

-Mélanie Charlotte Delarnon, je ne mettrai ni robe, ni talons, ni maquillage, est-ce clair? C'est soit ça, soit j'y vais pas du tout.

Faut pas abuser non plus.

Elle lève les mains en signe de capitulation.

-OK, OK. Je t'accompagne.

Je sens mon téléphone qui vibre : quelqu'un m'appelle. Je ne connais pas le numéro, alors je laisse sonner.

-Tu décroches pas?

-Nan je connais pas.

-Mais t'es conne, si ça se trouve c'est Nekfeu.

Je lève les yeux au ciel tandis qu'elle prend mon portable et décroche.

-C'est Mélanie... Ouais j'en étais sûre que c'était toi... Bah non elle décroche pas quand elle connaît pas... Ouais grave... OK je l'emmène... Nan j'reste pas, je dois prendre le train... Nan même pour Sneazzy je peux vraiment pas... Pour toi non plus non...

Je manifeste mon impatience à Mélanie. C'est bon quoi, trois heures pour une putain d'adresse!

-On arrive, à tout' !

Elle raccroche et me rend mon téléphone.

-C'est où?

-T'inquiète je t'emmène.

-Je connais mieux Paris que toi, je te signale.

Elle me donne l'adresse.

-C'est aussi dans le quinzième, c'est pas loin.

*

Quand on est arrivé devant l'immeuble, on entendait le bordel qu'ils faisaient depuis la rue.

-Allez monte, ma belle. À plus.

Elle me fait un bisou.

-Bon retour Méla.

-Cimer Suga.

J'entre dans l'immeuble et m'engouffre dans l'ascenseur en soupirant. Dans quoi je m'embarque encore ? Je sais même pas pourquoi je suis venue.

Je me le demande encore plus quand je rentre dans l'appart. Mon Dieu mais qu'est-ce que je fous là?

-Hey, t'es la meuf muette de la rue ? demande Sneazzy en s'approchant de moi. Tu es venue finalement.

-Appelle-moi Suga, ça suffira. Et je suis venue parce que j'avais pas le choix, ma belle-sœur / meilleure amie est une dictatrice.

-Belle-sœur? Releva-t-il, dégoûté.

-Elle sort avec mon frère. Soit pas triste, y'en a plein des filles ici, dis-je en faisant un geste circulaire désignant les gens autour.

Il fait semblant de bouder et je me moque gentiment de lui. Quand une fille vient l'aborder, je m'éclipse. J'observe les gens qui m'entourent puis, lasse, je sors sur le balcon qui est vide puisqu'ils fument tous à l'intérieur. Je regarde Paris, parce que c'est la plus belle.

-T'as l'air de t'emmerder sévère, dit quelqu'un dans mon dos.

-C'est le cas, répondis-je sans me retourner.

Je sais qui c'est.

-Ça fait bizarre de voir quelqu'un comme toi ici, ajoute-t-il.

-Dans ce cas, pourquoi nous avoir invitées? Je voulais pas venir, c'est Méla qui m'a forcée.

-Parce qu'on laisse pas filer les belles nanas qui nous demandent une photo dans la rue.

Je ne relève pas mais lève les yeux au ciel.

-Pourquoi on te nomme Suga? Je t'ai entendue dire à Sneaz de t'appeler comme ça.

-Mon nom de famille est Sullivan-Galatea. Comme c'est long, au collège mes potes m'appelaient Evie Suga ou juste Suga, et c'est resté.

-Et pourquoi pas Sulli tout simplement?

-Tu connais Monstres &Cie?

Il hoche la tête. Je me demande pourquoi il me pose cette question. En fait, je me demande pourquoi il est avec moi sur ce balcon alors que la fête bat son plein à l'intérieur.

-Tu parles pas beaucoup, dit-il après un silence de plusieurs minutes.

-Parce que j'ai rien à dire.

-Tu m'intrigues Suga. J'ai envie d'en savoir plus sur toi, c'est tout.

Je me retiens de lui rire au nez. S'il croit que ses disquettes vont marcher avec moi et que je ne connais pas sa réputation de tombeur, il se met le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Je sens sa main effleurer mon bras.

-Enlève ta main.

-Et si j'ai pas envie?

-Qui aurait cru que le grand Nekfeu serait aussi lourd? plaisantai-je.

-Je suis sûr que ça te plaît que je sois "lourd" avec toi.

Je hausse les épaules.

-Je m'en fiche.

-Donc tu détestes pas.

Il sort son fameux sourire de tête à claques.

-J'aime pas non plus, rétorquai-je. Je m'en fous, c'est tout.

-Et si je t'embrasse, tu t'en fous aussi?

-Tu n'as pas intérêt à essayer. J'embrasse pas n'importe qui moi.

-J'suis n'importe qui moi? s'indigne-t-il

-Le grand Nekfeu serait-il blessé dans son ego ?

Il lève les yeux au ciel, ouvre la bouche, la referme, regarde ses pieds, puis regarde Paris. Plus aucun de nous deux ne parle. Au bout d'un moment, je m'assois par terre parce que j'ai mal aux jambes, mais le sol est gelé et la nuit est fraîche, ce qui me fait éternuer.

-A tes souhaits, ma belle.

Il me fait un clin d'oeil accompagné d'un sourire ravageur.

Frère, j'suis hermétique aux dragueurs.

On discute de tout et de rien, puis vers cinq heures je décide de partir.

-Tu pars déjà ?

-Oui, j'ai cours demain.

-Ça va te faire une petite nuit non?

-Je suis pas une grande dormeuse. Je me dis que je dormirai tout le temps quand la mort m'emportera. À plus, Nek.

-À plus, Suga.

DésastreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant