Partie 2-18.

580 32 0
                                    

27/09/2019
Evie.

Alexis provoque Ken que je sens bouillir intérieurement à côté de moi. Ils se cherchent, tentent chacun de trouver la faille de l'autre, le petit truc qui les fera se sauter dessus pour se tabasser. On dirait deux fauves qui tournent l'un autour de l'autre avant de se déchirer. Je presse la main de Ken pour qu'on s'en aille mais il ne réagit pas. J'observe alors Alexis. Son visage est plus dur, son sourire plus sadique, ses yeux plus méchants. Je pense qu'il n'hésiterait pas une seconde à me faire du mal ou à en faire à ceux que j'aime pour se venger de l'avoir balancé. Je remarque alors un bracelet électronique à sa cheville, ainsi il est en liberté conditionnelle... Une bagarre serait donc du plus mauvais effet si tant est qu'elle ait lieu.

-Je croyais que t'aimais les vrais hommes, me crache Alexis. Regarde-moi cette greluche !

-Les vrais hommes, du genre qui frappent les femmes par exemple? Ironise Ken.

Les yeux d'Alexis se remplissent de haine et de rage et Ken se retrouve plaqué contre le mur. Ça devait être le "signal" qu'il attendait parce qu'il se mit à lui taper dessus comme jamais je n'ai vu quelqu'un taper sur une autre personne. Cependant Alexis lui assène un coup qui le sonne un peu, ce qui lui permet de ne plus être désavantagé. Je m'interpose alors entre les deux avant que ça ne devienne trop grave, mais je me prends un coup d'Alexis, si fort que j'ai la tête qui tourne et je titube sur le trottoir.

-EVIE ! hurle Ken.

Je m'efforce de prendre sur moi pour ne pas me laisser aller à la douleur et je frappe Alexis à des endroits stratégiques pour le maîtriser au sol, parce que j'ai pas la force mais j'ai la technique.

-Bagarre alors que t'es en conditionnelle, plus agression d'un agent de police, félicitations! Tu vas retourner en prison, dommage, ironisai-je.

- Tu paieras sale pute.

- Si j'étais une connasse de flic je rajouterai ces insultes à mon rapport. Mais attends... Je suis une connasse de flic! Pour toi du moins.

J'appelle mes collègues pour qu'ils s'occupent de ce connard, mais avant je lui glisse :

- Je me demande ce qu'en pense ta mère, que son fils chéri-adoré soit en prison.

Il blêmit. Je sais que si elle venait à apprendre cela, il serait la honte de sa famille.

- Je ne parle pas à ta famille, tu ne touches pas à la mienne, c'est aussi simple que ça. Si j'apprends que tu as approché n'importe qui, un de mes potes, Ken, Méla, mon frère ou qui que ce soit, j'envoie une copie de ton casier judiciaire à ta mère.

Son visage se décompose au fur et à mesure de mes paroles, puis il acquiesce. Je lui adresse un regard haineux, je rejoins Ken et on rentre à l'appart. Ses yeux sont fixés sur le bleu qui commence à apparaître sur ma mâchoire tandis que je nettoie ses blessures ensanglantées.

- Il ne t'a pas ratée ce bâtard.

-Ça va, répondis-je en regardant ses blessures.

Sa lèvre est fendue, il a saigné du nez et les jointures de sa main droite ont éclaté.

-T'es sûr que t'as rien au nez?

- J'ai plus mal, ça a juste saigné.

Je soupire.

-T'étais pas obligé de lui balancer ça, le réprimandai-je.

- Il me cherchait.

Je le regarde en mode « Tu me prends pour une conne? ».

-OK j'avais envie de le frapper jusqu'à ce qu'il crève.

-C'est bon Ken. C'est fini maintenant, il va retourner en prison.

Il m'attire à lui et plonge la tête dans mon cou.

-J'aurai voulu être là avant pour l'empêcher de te faire du mal.

Il me serre contre lui.

- Je n'aurai pas dû te faire du mal moi.

Il prend mes mains et entremêle ses doigts avec les miens.

-J'aurai dû être là chaque jour avec toi pendant toutes ces années. J'aurai dû être là pendant ta grossesse, j'aurai dû être là pour voir Chloé naître et la voir grandir.

Je sens les larmes me monter aux yeux et un sanglot m'étouffer.

-Tous les jours je regrette de t'avoir fait partir, parce que même si un jour tu veux bien de moi à nouveau, on ne rattrapera jamais ces années perdues.

« Je t'aime Ken ». Dis-lui Evie. C'est pas compliqué, J-E-T'-A-I-M-E. Je t'aime, je ne peux pas vivre sans toi. Moi aussi j'ai regretté d'être partie, mais j'avais peur de revenir, surtout quand j'ai su que j'étais enceinte. Ces mots sont prêts, déjà formulés dans ma tête, mais ma bouche refuse de les dire.

Je relève sa tête et je l'embrasse, doucement pour ne pas lui faire mal avec sa lèvre fendue. Je t'aime Ken, je t'aime je t'aime je t'aime.

- J'ai besoin de toi Evie, je ferais n'importe quoi.

Je sais, moi aussi j'ai besoin de toi. Pourquoi je n'arrive pas à lui dire? Je le serre contre moi une dernière fois avant de le lâcher.

- Il faut que je retourne travailler.

Je m'en vais sans lui laisser le temps de répliquer.

DésastreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant