Chapitre 5 : "S'il a dit qu'il te voulait, il t'aura."

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EVIE

11/11/2012

J'ai passé la nuit dehors, à marcher. Je ne suis pas fatiguée, j'ai juste l'impression d'être vide, de flotter au-dessus du sol.

J'allume la cigarette que j'ai piqué dans le paquet de mon frère hier. J'ai pas cours de toute façon, c'est férié aujourd'hui. J'exhale la fumée, accoudée au Pont des Arts, évitant de regarder mon reflet dans la Seine.

-Depuis quand tu fumes toi?

-Je fume pas.

- Suga, t'as une cigarette dans la main gauche.

-Fous moi la paix, Framal.

Déjà, qu'est-ce qu'il fout ici à même pas cinq heures du matin? Je lui pose la question. Il soupire profondément.

-Ken est rentré tard hier soir et du coup sa meuf elle a pété un cable.

-Sa meuf?

-Ouais son plan cul quoi, elle est grave chiante et elle croit trop qu'ils sont mariés genre, elle casse les couilles à tout le monde.

-Pourquoi elle a pété un câble?

-Parce que Ken était pas là quand elle est venue chez nous et il a pas répondu quand elle lui a demandé où il était allé quand il est revenu. En même temps vu sa gueule c'est normal qu'il soit allé voir ailleurs...

-En fait il était chez moi.

-QUOI?

-Calme-toi oh! Je couche pas avec mes potes, ça va pas ou quoi?

-Ken n'est pas pote avec les meufs.

-Avec moi si.

Il hausse les épaules, l'air de dire "si tu le dis"

-Pourquoi tu me dis tout ça?

-Tu sais... Ken c'est mon reuf et je sais comment il est avec les meufs.

-Je m'en tape Fram, j'ai pas l'intention qu'il se passe quoi que ce soit avec lui.

-Toi non, mais lui?

-Non plus.

-T'es sûre?

-Oui.

-Il ne t'a jamais dit qu'il te voulait? Il a jamais voulu t'embrasser?

-Non, mentis-je.

La première soirée ne compte pas, on n'était pas potes encore.

Framal hausse les sourcils. J'en ai marre de pas savoir mentir.

-Il ne l'a pas fait, et puis on était pas encore potes, rectifiai-je.

-S'il t'a dit qu'il te voulait, il t'aura.

-J'ai une volonté propre Fram, tu sais. Si je veux qu'on soit seulement potes, on sera seulement potes.

Il commence à m'énerver celui-là, oh!

-Il fera tout pour t'avoir, et après il te jettera.

-J'te crois pas.

-Tu devrais, parce que c'est la vérité que je te dis.

-Pourquoi j'te croirai?

-Si tu veux pas me croire, libre à toi.

-T'essaies juste de foutre la merde.

-Non, je te dis juste les choses comme elles sont.

-J'pense que t'es juste un fouteur de merde. Parce qu'entre nous, Ken ne m'a jamais rien fait de déplacé alors que toi, la première fois que j'ai mis les pieds chez vous tu m'as regardé comme si j'étais une chose et t'as dit "elle est bonne" en parlant de moi.

Il affiche un sourire moqueur que j'ai très envie de lui faire ravaler.

-Tu fais trop genre, j'suis sûr que t'es une meuf à problèmes.

-QUOI?

-Non, rien.

-Vas-y, vas jusqu'au bout de ta pensée.

-Sous tes airs de meuf bien t'es une michto.

Je le frappe au visage plusieurs fois. Il a un œil au beurre noir et la marque de mes doigts sur la joue.

-Crève.

Je lui crache dessus avant de partir.

DésastreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant