Chapitre 7 : Tension et suspicion

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Le lycée m'ouvre pour la deuxième fois sa porte, je suis une fois de plus accompagnée de Vincent, « mon cousin ». Dans la cour, Arthur et Angela sont installés sur un banc, mon meilleur ami me fait signe de les rejoindre. C'est alors que j'aperçois le garçon de la boulangerie qui me dévisage de loin, il est seul adossé à un arbre l'air sûr et confiant. Je détourne le regard mal à l'aise et prend la main de V. Qu'est-ce qu'il me veut ? M'a-t-il lui aussi reconnue ?

-Qui est l'élu de votre classe ? Questionne Angela.

-Tu veux dire mademoiselle Jourdain ? Notre professeur principal ?

-Oui ! Pour ma classe, c'est monsieur Jerila, réplique-t-elle. Je suis vraiment désolée pour vous par contre, un sourire narquois se forme au coin de ses lèvres.

-Sinon, ça va, il y a des gens sympas dans ta classe ? Demandé-je.

-Je ne sais pas trop... Pour le moment je suis toute seule mais ça va aller. En plus, j'ai déjà remarqué quelqu'un qui a l'air cool et vous ?

-Rien de spécial...

Arthur me coupe la parole.

-Tu rigoles, tu n'as des yeux que pour le nouveau !

-Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? M'écrié-je exaspérée.

-C'est juste que toutes les filles le matent et je n'avais pas l'impression que tu étais exclue.

-C'est le beau gosse qui nous regarde depuis tout à l'heure ? Réplique Angela en lançant un coup d'œil vers le garçon adossé à l'arbre.

Je baisse la tête gênée. En plus il n'est plus seul maintenant Lisa et mon amie de primaire l'ont rejoint.

-On y va, Vincent voudrait aller aux toilettes avant le début des cours, dis-je.

Aux côtés de mon Leprechaun, je saisis mon crayon de papier et commence à effectuer l'exercice de mathématiques donné par Monsieur Acajou. Mais au bout de plusieurs heures de cours, V s'impatiente et commence à le manifester.

-Je ne peux rien y faire V, murmuré-je le plus discrètement possible durant la pause.

Il tape du pied et s'agite provoquant en moi une légère colère. Je l'avais pourtant prévenu que ce ne serait pas une partie de plaisir de rester dans mon monde. Je l'entraîne loin des salles et des œillades et caché près de la cage d'escalier au sous-sol il se calme.

-J'ai besoin de tes vœux, me supplie-t-il d'une voix triste. Il faut vraiment que je rentre chez moi.

-Il n'y a vraiment pas d'exception dans votre règlement ? Répondis-je de plus en plus embêtée par la situation que j'engendre en refusant les trois vœux.

-Non, enfin il y en a bien une mais ce n'est pas le cas.

-Comment ça ?

Je n'ai pas le temps d'écouter sa réponse que des claquements de chaussures se font entendre dans l'escalier. Nous nous élançons vers la grande porte verte celle où il est écrit « sortie de secours » avant de nous faire repérer. J'ai cru comprendre qu'ils étaient plusieurs. Heureusement, nous nous sommes sauvés à temps. V sert ma main intensément tant il a eu peur tandis que je réponds au message d'Arthur qui ne cesse de me demander où je suis.

-Mais où est-ce-que tu étais passé ? S'exclame mon meilleur ami lorsque je refais mon apparition.

-Vincent voulait me parler, sa mère l'a appelé.

-Les trois nouveaux garçons sont venus me parler, ils parlaient de toi et de tes manières excessives auprès d'eux, m'informe-t-il. Comme je n'étais pas au courant, je me suis fait humilier. La prochaine fois que tu craques pour un mec ne m'inclut pas dans l'histoire ! Tu peux m'expliquer maintenant ?

-Quel garçon ? Je ne craque pour personne et je n'ai pas parlé de toi à qui que ce soit. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Dis-je désorientée par ces paroles.

-Et ce Yanis Macléone c'est qui ? Ses deux amis étaient si irrespectueux que je n'ai pas pu en placer une.

-Yanis est l'ami de ces deux imbéciles ? Répliqué-je. Je comprends mieux maintenant pourquoi il me semblait familier quand je l'ai vu à la boulangerie, soufflé-je sans prêter attention à Arthur.

-Mais tu le connais ? M'interpelle Arthur alors que je m'en vais vers le prochain cours.

Vincent ne semble pas comprendre non plus, il se contente de baisser le nez timidement et de me suivre en laissant Arthur sur sa faim.

Alors Yanis était le troisième garçon à l'intérieur de la décapotable hier. Sa discrétion l'avait rendu invisible contrairement aux deux autres garçons. Quelle idiote ! Il savait qui j'étais lorsqu'il m'a rendu mes pièces à la boulangerie et ce matin quand il me regardait depuis son arbre, il devait rire. Qu'est-ce que je suis bête, lâché-je énervée contre ma propre personne. En ce moment même, je viens de refaire une deuxième bêtise, le professeur d'Anglais relève la tête de son tas de copie et les élèves qui effectuaient leurs exercices me dévisagent perplexe. Aurais-je pensé un peu trop fort ?

-Je confirme, tu n'es pas perspicace ! S'exclame une personne.

-Sammy, on ne t'a pas sonné ! Dit Vincent agacé sans contrôler sa voix à peu trop vieillotte pour un enfant tout à coup.

-Qu'est-ce que c'est ce monstre ! Réplique Tristan à son tour.

Je commence à paniquer, Arthur ressent mon malaise et intervient mais ma décision est prise je m'en vais. Yanis est lui aussi très attentif à ma réaction mais il semble quand même plus concentré sur mon cousin. Pourvu que personne n'est compris ce qu'est la réelle race de Vincent.

-Ania ! S'écrit une voix à l'autre bout du couloir que je viens de traverser. Ton cousin a laissé tomber cet écusson. Il est magnifique alors je me suis pressé pour lui rapporter.

Sur l'écusson est brodée une botte en cuir brun, on devine que le tissage de l'objet est fait main. Toutes les couleurs de l'arc en ciel sont disposées tout autour de l'écusson. V laisse ma main et saisie son porte bonheur fermement en gardant une expression désagréable envers Yanis.

-Il n'est pas très poli ton cousin, s'essaye le garçon.

-Et tu crois que tes deux amis le sont ? Répliqué-je sur un ton peu sympathique.

-Je suis désolé je n'aurais pas dû...

-Tu n'aurais pas dû quoi ? Coupé-je. Regarder tes amis dire des horribles choses, laisser tes potes embêter mon meilleur ami ou me regarder l'air de rien à la boulangerie ?

-Mais tu l'as dit toi-même ce sont mes amis qui t'ont dérangé ce n'est pas moi. Alors arrête de t'énerver comme ça contre moi ! Je ne t'ai rien fait à ce que je sache, ni à ton frère ni à toi.

-Tu n'as rien fait c'est ça le problème, tu savais qu'ils n'étaient pas convenables mais tu les as laissé faire, répondis-je en sentant ma gorge tirer un peu trop fort.

-Voilà à force de t'énerver tu te fais mal, ajoute le garçon en remarquant ma gêne. Et pour tout te dire Sammy et Tristan je ne les considère pas comme mes amis, loin de là. Je viens d'arriver de Dublin et je ne connais personne, Tristan est l'un de mes voisins et il m'a donc présenté. Tu comprends que je n'avais pas vraiment mon mot à dire après avoir passé une seule journée avec eux.

Je regarde Vincent confuse, le leprechaun semble être d'accord avec lui, je me suis emportée. Mon visage se détend petit à petit et je reprends avec une voix plus douce.

-Je m'excuse, sous cet angle je peux comprendre tes agissements, dis-je sans parvenir à le regarder dans le blanc des yeux comme je le faisais il y a deux minutes.

-Tu t'en vas vraiment ? Interroge Yanis au moment où je m'apprête à repartir.

-Oui, c'est le dernier cours de toute manière, ce n'est pas si grave si je le rate.

-Je te prendrai le cours, m'annonce t'il sans me donner le temps de répondre. Mais avant je voulais juste te dire que l'écusson que ton cousin possède ressemble à une histoire ancienne que l'on me lisait étant petit. Tu l'as trouvé où petit bonhomme ? Demande Yanis au petit garçon.

-Il est très timide, dis-je avant de m'éloigner.

Somewhere over the rainbows !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant