Chapitre 30 : Amoureuse

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Mon premier vœu : Je voudrais une photo de toute l'équipe pour garder un souvenir de notre aventure. C'est très important pour moi de pouvoir nous voir réuni à tout moment.

V lève la tête, me regarde puis me fixe. Je remarque que ses yeux brillent et changent instantanément de couleurs.

-Prochain vœu !

Mon deuxième vœu : Je souhaite le meilleur pour moi et pour mon entourage. Ce n'est pas vraiment un vœu car il est trop général mais ça ne fait rien c'est quelque chose que je veux au plus profond de moi. Si quelqu'un pouvait nous protéger, briller au-dessus de nous. D'une certaine manière j'aimerai nous éviter les très mauvaises ondes et les hostilités de ce monde.

Mon troisième vœu : Je souhaite que l'on annule le maléfice lancé autrefois sur les leprechauns. Ils ont assez payé et les autres créatures aussi, à présent il est temps d'accepter le caractère égoïste de ces êtres aux chapeaux verts. Les sorts ne résolvent rien, ils ne font qu'empirer les choses.

A cet instant, la voix robotique de V intervient.

« Tous vos vœux ont bien été enregistrés, ils sont ou seront réalisés le moment venu. Je vous souhaite un bon retour chez vous. »

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A mon réveil, les fenêtres et l'air frais de l'hiver glace ma peau au point de faire surgir des poils hérissés sur le dessus de mes avant-bras. Comme pour poursuivre mon frère lorsqu'il s'autorise des blagues ridicules, je saute sur mes deux jambes et m'en vais vite refermer la vitre ouverte. Qui a fait ça ? Murmure ma voix intérieure réveillée et prête à mettre la pattée au coupable. C'est alors qu'un bruit atroce et désagréable se fait entendre, il semble provenir de l'extérieur. La première fois je n'y prête pas attention et continue mon brossage de dents mais à la seconde fois, la curiosité prend le dessus et je me dirige une fois de plus vers la vitre qui me sert d'observatoire. Des personnes s'agitent dans la rue puis vraisemblablement dans les voisines. Aurais-je oublié un événement important ? L'ambiance est si bruyante qu'elle m'interdit de penser que le froid est la seule raison de mon réveil aux aurores (en fait il est 8 heures). Des enfants puis des adultes jouent au tennis et ou au ping-pong devant mon jardin. Mais que se passe-t-il, pourquoi ces inconnues se trouvent-ils chez moi ? Papa ? Ouf ! Me dis-je rassurée par la présence d'un proche, je croyais rêver. Je le vois apparaître devant ces gens, il adresse un sourire reconnaissant aux pères et un mignon rictus aux enfants. Je ne parviens pas à entendre leurs conversations, seulement quelques mots par ci par là, mais pas de quoi en faire un résumé cohérent.

-Ania ! S'exclame maman qui vient d'entrer dans la pièce. Qu'est-ce que tu fais à la fenêtre ? Qui espionnes-tu ?

-Hein ? Non je voulais simplement la fermer, il fait froid... Répondis-je faussement sereine.

Elle ne frappe jamais avant d'entrer, l'intimité c'est un zéro pointé dans cette famille. Ma fois j'y suis si habituée, ce genre de choses ne m'impressionne plus.

-Pourquoi ne descendrais-tu pas déjeuner ? Ajoute ma mère, le visage à la fois tendre et nerveux, comme si quelque chose la préoccuper. Les ridules sur son front s'accentuent au fur et à mesure du temps qui s'écoule.

-Oui, je te rejoins dans 2 minutes, annoncé-je sans laisser paraitre le moindre doute.

Il se passe quelque chose, d'une part j'ai rarement vu ma mère ainsi, et d'une autre je trouve le remue-ménage du rez de chaussée assez imprévisible. Vous serez surpris du petit-déjeuner qui m'attend. Je file d'une traite vous racontez. Une seconde après avoir franchi le pas de la porte de la cuisine, une ambiance festive et joyeuse commence. La chanson tant attendue par les invités est chantée et les applaudissements fusent comme les pétards dans mon jardin. Mon père, mon frère puis ma mère viennent se blottir contre moi me chuchotant des mots d'encouragements, doux et réconfortants comme le pelage d'un nouveau chaton. Ils ne manquent pas de placer des mots tels que "Joyeux Anniversaire"; "Tu te fais vieille"; "Tu as bien grandie" ou encore de me jeter quelques détritus et papiers toilettes à la figure. Mise à part cela, je crois que la journée s'annonce chargée de bonheur, l'ennui n'interférera pas ou du moins pas dans la prochaine heure. Ma gourmandise acerbe et la vue de ces jolis macarons colorés nourrissent mon ventre affamé. La sensation de satiété n'approche pas, les doigts des personnes réunis aujourd'hui puis les miens ne terminent jamais leurs parcours aux fils des assiettes et des bols de sucreries.

-Tu as raison, à ton âge tout est permit ! Dit un vieil homme adossé à la table, il me fixe depuis un moment.

Ne sachant quoi dire à ce genre de bonhomme, manifestement seul, blagueur ou pire pervers et mal intentionné, je m'apprête à partir quand l'homme m'attrape le bras comme pour me retenir. Surprise, mon buste fait volteface et mes pupilles se plantent rien qu'une seconde dans ceux du vieux monsieur. Je ne me sens pas très bien, il garde sa main sur mon bras, un sentiment de malaise grossit. La tonne de gens autour de moi ne semble pas se préoccuper du reste, la musique est assourdissante et les jeux divertissent. Je regarde par intermittence mon bras, la veste brune de mon interlocuteur, son cou puis sa main ridées autour de ma peau et ne parvient pas à réagir. Nous sommes comme statufiés. Finalement libérée, une ou deux secondes après je me heurte à des paroles.

-Tu as un petit ami...? Profite en tant qu'il en est temps, le mien d'amour il s'est évaporé un soir de pleine lune lors d'un pique-nique nocturne, jamais il n'y a eu de suite. Ne lui lâche jamais la main, comme un enfant protège-le.

-Que voulez vous dire ? Murmuré-je pensive en fixant les yeux de l'individu.

Son corps s'agite, ses membres s'actionnent comme une ancienne voiture qui a rouillée, son dos se replis et comme une tortue sortant son bouclier, l'homme prend son bâton de bois et s'en va à petit pas. J'essaie d'éliminer cette sortie de scène et l'allusion du vieux monsieur, mais rien n'y fait je suis perturbée.

Yanis.

Plus tôt, je m'étais résolue à ne pas y songer de la journée, mais l'amoureuse que je suis n'a pas su cacher sa tristesse. Se rajoute à cela cet individu qui semble avoir tenté de faire passer un message.

Yanis.

La seule personne qui ne pointe pas le bout son pied, c'est avec elle que je voudrais fêter cette nouvelle bougie. Tout le monde est présent, mes amis, mes parents, mon frère et tout le reste de la famille pourtant tout cela me pèse. Je veux m'enfuir ! Pourquoi devais-tu partir ? Pourquoi ta mère nous fait elle ça ? Tu étais tellement mieux à la campagne, près des falaises et de l'eau, loin du stress et du bruit de la ville. Près des élèves que tu apprécies.

Dublin je te hais, voler l'être qui m'est le plus cher, aussi cruel tu ne peux pas. Malheureusement pour moi, c'est encore un triste événement à la fois un passage à l'âge "adulte" et un adieu incertain. Je voudrais juste reprendre une vie normale. Les aiguilles fines et blanches de l'horloge indiquent qu'il est 11 heures, la maison de mon ancien compagnon est vide. La voiture et le camion de déménagement sont partis, la porte ne s'ouvre plus quand je prononce le prénom de l'habitant. Cette famille est de nouveau partie.

-Ania... On voudrait te dire une chose, déclare unevoix amicale postée devant mon corps vide et muet.

Somewhere over the rainbows !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant