Chapitre 5 : Une journée encore bien remplie

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-Enchanté Ania, s'exclame le petit bonhomme à la barbe rousse.

Qu'est-ce que, aurais-je perdu la tête ? Il y a vraiment quelqu'un qui me parle ? Pincez-moi ! Ma face doit être belle à voir, je ne voudrais pas être à la place du personnage qui se trouve devant moi, mes yeux sont si époustouflés, ils ressemblent à ceux d'un serpent qui voudrait hypnotiser sa proie. Mon corps bloqué en mode statut de marbre tellement il hallucine et pour terminer mes oreilles sifflent. Pourvu que je ne tombe pas en syncope, mon dieu ! Mais rapidement, mon cerveau redémarre, un peu comme si un ordinateur avait planté. Voici mon analyse :

« Comment peut-on croire que des petits êtres vivant au pied des arcs en ciel et passant leurs journées à réparer des chaussures qui d'ailleurs ne le seront jamais existent... ».

Toutes les personnes à qui j'ai révélé mon désir durant des jeux festifs et à qui j'ai donc raconté mon rêve de petite fille, m'ont prise pour une folle quand ils ont su qu'il s'agissait de rencontrer une créature fantastique comme celle-ci. Pourtant, jamais je n'ai arrêté de croire en l'existence des leprechauns et voilà que j'en rencontre un par le plus grand des hasards.

-Euh, ravie de te rencontrer... Balbutié-je nerveuse.

-Je n'ai pas beaucoup de temps à t'accorder je dois vite m'en aller, dis moi tout !

-Vous êtes pressé, mais allez-y je ne voudrais pas vous déranger, je suis déjà si heureuse d'avoir pu vous serrer la main !

-Mademoiselle, vos parents ne vous ont jamais conté notre légende ? Demande la créature étonnée.

-Si bien sûr ! Vous exaucez les vœux quand on vous surprend, vous êtes grincheux, matérialiste, solitaire et réparateur de chaussure.

-Parfaitement ! Alors vous devriez savoir qu'un leprechaun est retenu prisonnier jusqu'au moment où il a réalisé les 3 vœux de la personne qui la reconnu. Tout ça pour vous dire que vous n'avez pas l'éternité pour me demander.

-Comment t'appelles-tu ?

-Tu ne comprends pas ce que je te dis ? S'exclame-t-il en s'agitant.

-Mon petit monsieur, vous ne me devez rien et je ne veux rien vous demander, commencé-je. Les légendes n'existent pas, je vais me réveiller dans cinq minutes et vous aurez disparu, j'esquisse un sourire rempli de reconnaissance. Malgré qu'elle n'apparaisse que dans un rêve, cette rencontre m'aura semblé si réelle.

-Mon nom est Clovie mais appelle moi V, c'est plus moderne et beaucoup plus drôle.

Le leprechaun se baisse et fouille mon sac afin de sortir mon téléphone portable.

-Déverrouille ton engin, je vais te prouver que je suis réel, dit-il en me tendant le téléphone, il est très sérieux.

-Mais tu sais te servir de ce genre d'objet ? Interrogé-je

-Bien sûr ! Je ne suis pas old-fashioned ! Nous autres nous nous intéressons aux humains plus que tu ne le crois, explique-t-il. Mes promenades dans les environs me permettent d'en apprendre plus sur vos habitudes, jusqu'à maintenant personne ne m'avait repéré.

V se met à pianoter sur mon vieux Samsung un peu décapité, il lance un appel. Pourquoi appelle t'il mon frère ? J'essaie de lui retirer le téléphone des mains mais rien à faire il a déjà commencé à parler.

« Salut Alban ! J'ai besoin de toi, dit à ta sœur que tu entends ma voix. Je compte sur toi, je te la passe. »

Et effectivement, Alban me répond qu'il a très bien entendu la voix d'une personne. Je raccroche vite avant qu'il m'asperge de question. Ça craint pour ce soir, pensé-je.

-Tu me crois maintenant ?

-Oui, mais ça ne change rien, j'ai pris ma décision.

-Comment ça, quelle décision ? Demande le leprechaun en fronçant légèrement les sourcils.

-Je ne te volerai pas ta liberté, tu n'es pas prisonnier.

-Tu ne souhaite rien au plus profond de toi ? Insiste V. La réussite, le métier de tes rêves, rencontrer l'amour, vivre comme un millionnaire ?

-Évidemment, mais je pense que ces choses-là se méritent. Si je les obtiens en grillant les étapes, ce n'est pas une vie. La vie est faite d'embuches, il faut sauter par-dessus et les affronter coute que coute. Obtenir sans donner, ce serait me mentir à moi-même, les bonnes choses ça se gagne.

-Alors tu vas me laisser dépérir dans ce monde que je ne connais pas ? Égoïste ! Interrompt le leprechaun.

-Au contraire je pense à toi, je souhaite que tu rentres chez toi parmi les tiens, déclaré-je posément. Rien ne t'en empêche puisque ta maîtresse te le dit, n'est-ce pas ?

-Ce n'est pas si facile, je ne peux pas m'en aller c'est tout. C'est le règlement.

La sonnerie de mon Samsung retentit, c'est ma mère qui me cherche. Je salue mon rêve de petite fille en posant deux gros baisers sur ses joues rosies par le froid de la fin de soirée, puis cours vers ma bicyclette. Je manque de trébucher plusieurs fois tant je suis pressée, ce n'est pas très aisé de courir dans le sable vous me direz. Le temps m'a rattrapé, il se fait tard. Et tandis que je m'éloigne, je devine la colère de V, abandonné sur la plage, il est résolu à rentrer dans son monde.

A table, ce soir je ne parviens pas à sortir de mes songes, cette rencontre insolite ne cesse de refaire surface. Et si V ne peut vraiment pas rentrer chez lui, où est-il en ce moment ?

-A quoi penses-tu Ania ? Questionne Alban qui s'apprête à faire une blague en rapport avec l'appel qu'il a reçu en soirée.

-A demain, je pense à la reprise des cours, mentis-je.

-Oh je vois... Et tu crois que je pourrais réentendre la voix du garçon de tout à l'heure ?

- Que quoi ?

Je manque de recracher ma boisson.

-Quel garçon ? Tu veux dire Angela ? Déclaré-je en analysant la réaction de mes parents. Ils ont l'air dubitatif et curieux. Mon père arbore même un début de sourire.

-C'était Angela qui s'amusait tout à l'heure, on a fait ça à plusieurs personnes, dis-je en riant. Sur ce, je vais me coucher, continué-je sans rien ajouter de plus.

Il ne mesurait pas plus de 75 centimètres, la légende disait vrai. Un arc-en-ciel et un buisson sont des endroits idéals pour faire la connaissance d'un leprechaun ! La chance m'a souri. Enfin, c'est du moins ce que je croyais.

« Tout être humain apercevant l'un d'entre nous devient notre maître jusqu'à avoir reçu toute la magie de ses trois vœux les plus chers ».

Je tourne et retourne cette phrase dans ma tête sans parvenir à m'endormir. Est-ce-que j'ai fait le mauvais choix en le laissant seul au milieu de nulle part. Honnêtement, j'ai du mal à croire que ça me soit arrivé ? Pourquoi moi et pourquoi maintenant ? Tel est la question.

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Alors, comment trouvez-vous V ma créature irlandaise ?

Ah ! J'oubliais !

V se prononce (vi : comme "V" en Anglais)

Voilà, juste pour info !

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Somewhere over the rainbows !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant