Somewhere over the rainbows !

Chapitre 21 : Sauver c'est aussi mettre toutes les chances de son côté

Nous flottons totalement entourés d'arbres, il y a même des branches au-dessus de nos têtes. On peut distinguer les racines des arbres et beaucoup d'algues verdâtres. Le groupe aborde une eau étonnamment colorée de blanc. Dans la barque, tout le monde se repose, je vais vous raconter la fin de l'histoire, celle que j'ai cessée de conter plus tôt.

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Yanis observait le corps inerte de son ami grincheux sombrer, il n'avait pas pris le temps de réfléchir, le courageux jeune homme s'était élancé comme un requin sur sa proie. V s'était retrouvé dans les bras musclés de mon ami. Bien calé contre le buste de Yanis, V se sentait en sécurité. Les jambes du sauveur s'agitaient furieusement dans l'eau, il avait besoin d'air. Par chance les rapides les avaient emportés si loin qu'ils accostaient sur une petite berge verdoyante, juste assez grande pour y poser un petit groupe de rescapés. Quelques minutes après, j'arrivais avec Olive et Esteban aux abords de cet endroit chaleureux. V était de retour au sec, aussi frigorifié qu'un homme dévêtu dans le grand Nord... Il grelottait de froid et ses vêtements dégoulinaient. A ce moment la chaleur était son plus grand plaisir. Une roche avait dû frapper le mollet de V, il était légèrement blessé, au début le sang coulait abondamment puis après quelque temps, il avait commencé à cesser de fuir. Il nous avait fallu soigner la plaie à l'aide d'un T-shirt à présent déchiré, j'avais bandé la blessure.

-Il faut le réchauffer, faisons un peu de feu, propose Olive.

-Je suis désolé les amis mais nous sommes encore trop loin du royaume des leprechauns, ici ce n'est pas adapté au camping, explique Esteban ennuyé.

Sans moufeter, Yanis retirait les vêtements trempés et décidait de donner une partie des siens.

-Mais... Et toi ? Tu vas prendre froid, bredouillé-je.

-Ne t'inquiète pas pour moi Ania, V en a plus besoin que moi en ce moment, avait-il répondu calmement.

-Non Yanis ! Tu en as tout autant besoin, ta baignade était tout aussi fraîche, je vais te prêter mon T-shirt, répliqué-je sur un ton convaincant.

Esteban nous interpellait en nous informant de l'existence d'une serviette à l'intérieur du sac. Souriante, j'offrais mon habit au sauveur du petit être ronchon et posait doucement le drap blanc sur les jambes de V qui s'était endormi. Tranquillement à coté de Yanis, je n'arrivais pas à me séparer de mes pensées. Je me trouvais pour la première fois à moitié dénudé devant lui, cela me gênait un peu. Pourtant, je ne disais rien, Yanis appréciait la chaleur de mon T-shirt sur sa peau froide et c'était tout ce qui comptait. Aujourd'hui, une de mes plus grandes peurs avaient eu lieu, deux personnes pour qui j'ai de l'affection avait manqué de mourir sous mes yeux, cette journée avait été bouleversante. La situation épouvantable que nous avons vécue ce jour m'aura une fois de plus fait mûrir, il faut toujours être prêt à tout pour les autres. Mais cette chose-là, Yanis l'avait compris bien avant de plonger pour sauver V. Ce qui compte c'est d'essayer, s'il avait été réellement impossible de sauver la victime de la rivière le moment venu, alors Yanis aurait sauvé sa peau. De plus, je remarque progressivement que ce jeune homme arrivé de Dublin est un très bon nageur pour un jeune des banlieues. Son caractère me plaît beaucoup, je n'ai jamais avoué, ni ressenti cela pour personne, mais, avec lui je suis sûre d'être entre de bonnes mains. Bien qu'il ne semble pas vraiment apprécier ce Leprechaun grincheux, Yanis a toujours été courtois et obéissant. Il a même fait preuve de courage et d'amitié. Il aurait pu laisser son unique et précieuse vie dans les profondeurs de cette grande rivière, alors je l'admire, lui qui donne gentiment sa veste alors qu'il ne supporte plus le froid, lui qui prend toujours soin des autres, et lui qui ne soumet aucune once d'égoïsme. Moi aussi j'aimerai lui ressembler mais j'avoue que ce n'est pas une mince à faire, ce n'est pas dans ma nature.