Chapitre 9 : Démasqué

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-Et comment arrêter tout cela ? Continué-je tout en nous servant à dîner.

-Ma grand-mère me lisait toujours le soir avant de m'endormir l'histoire de la Réunification, explique le leprechaun. C'est la prophétie d'il y a 500 ans... A chaque fois les moyens et les gens changent, les outils évoluent et donc la manière de faire cesser la rébellion est différente. Seulement, elle m'a toujours répété que l'union faisait la force.

-Ce que tu veux dire par là... C'est qu'il faut que j'entre dans l'arc en ciel ?

-Oui de toute manière tu le devras, nous sommes comme enchainé l'un à l'autre jusqu'à ce que la prophétie s'achève. Deux options possibles, on stoppe la folie des miens avant que le pire survienne ou le temps nous rattrape et c'est la mort assurée. Je pense que la première chose à faire, c'est de trouver des personnes de confiance pour qu'ensemble on mène notre mission.

-Mais c'est absurde ! Quand je vais raconter ce problème personne ne va me croire ! M'exclamé-je.

-C'est sûr... Tu as raison, mais le problème ne se pose pas puisque nous n'avons pas besoin d'humain. Par exemple, les fées peuvent nous être utiles, le manuel d'Esteban dit qu'il faut juste trouver celle qui possède ces trois caractéristiques en même temps : curieuse, futée et bricoleuse.

-3 fées ?

-Non, une seule fée doit avoir ces trois caractères en même temps. Cependant, une fée ne connait qu'une seule de ses qualités, c'est pourquoi il faudra demander de l'aide à leur reine. Apparemment, elle peut le deviner.

-Comment sais-tu tout ceci ?

-En fait, je passe mes journées à lire les conseils du vieux Esteban.

-Mais qui est-il ? Interrogé-je de plus en plus ouïe.

-C'est le grand enchanteur des Leprechauns, il vit dans une de nos forêts roses et nous le considérons tous comme supérieur. Il est le plus futé et le plus talentueux des nôtres. En réalité, il est plus magicien que leprechaun. Tu te rends compte il arrive à réparer presque une chaussure entière. Moi je n'en fais que le quart !

Je rigole.

-Il n'y a pas de quoi rire ! Fit V contrarié.

Je rigole à nouveau.

-D'habitude je ne fais rire personne, avoue t'il.

-C'est normal, d'habitude tu ne rencontres pas de jeune fille qui rêve de rencontrer des créatures comme vous, dis-je si fière d'accomplir mon rêve.

-En attendant, cette jeune fille semble oublier qu'une journée chargée l'attend demain et qu'il faudrait qu'elle pense à aller se coucher, déclare V qui s'efforce de garder son sérieux face à mes manières que l'on peut qualifier de mignonnes.

-Donc, si je comprends bien nous partons chercher des amis ? Demandé-je une dernière fois.

-Oui, puis nous irons rendre visite à Esteban car du fait de sa race « magicienne » n'est pas devenu fou comme les autres leprechauns. Il doit d'ailleurs nous attendre avec impatience. Le temps s'écoule vite tu sais, c'est quand on souhaite l'arrêter, qu'il s'égrène encore plus rapidement.

Une prophétie, tu vas trop loin ma pauvre Ania. Qui suis-je pour croire que les leprechauns sont devenu fous au point de vouloir tout anéantir ? Ce n'est que mon imagination qui me joue des tours, ce n'est pas possible. V existe bel et bien, nous sommes d'accord mais de là à le suivre dans ses délires... Pourquoi les aventures drôles qui me viennent en tête, se cachent pendant tout l'été et surviennent en septembre quand je n'ai plus besoin d'occupation ? La vie est mal faite, les choses n'arrivent jamais quand on les souhaite. Elles attendent patiemment le moment qui leur plaît. Maintenant que je suis face à une réalité incertaine, ma décision est difficile à prendre : suivre ou ignorer ?

-Je propose de partir dès demain soir ? Dit V sans perdre de temps.

-Je ne peux pas partir comme ça, sans explications, que va penser ma famille ? M'exclamé-je surprise de cette décision soudaine.

-Ne t'inquiète pas pour ça, je t'expliquerai le système plus tard. Contente toi d'aller au lycée pour l'instant, déclare le leprechaun.

Bien que la journée qui suivit fut bonne, un énième problème m'est tombé dessus à la sortie du lycée : Yanis. Celui-ci s'est précipité vers moi au moment d'entrer dans le bus. Il voulait que je lui rende un service. Je n'avais évidemment aucun autre choix que d'accepter puisqu'il m'avait lui-même aidé pour les cours d'anglais les jours derniers. Pendant les cours, je n'avais pas cessé d'analyser la situation dans laquelle je m'étais fourrée. Quel est le système que V à brièvement aborder hier ? Y'a-t-il un moyen pour éviter que ma famille soit mise au courant ? Il faut vraiment qu'il m'explique.

Arrivée chez moi, accompagnée de mon nouvel ami et de son cartable plein de devoirs, je songe à l'empêcher d'entrer dans ma chambre. Yanis voudrait que je l'aide à réviser l'anglais mais je ne peux pas le laisser découvrir « mon cousin » habillé de son costume de leprechaun.

-Reste à la cuisine, je vais chercher mes affaires, déclaré-je sans laisser mon ami répondre, je m'enfuie déjà vers l'étage.

Je ne comprends pas très bien pourquoi Yanis s'est tout à coup pris d'amitié pour moi, je ne suis pas réticente face à cela mais s'il pouvait se pointer à un autre moment ça m'arrangerai. Pourquoi tout me tombe dessus en même temps ? Tout réfléchi, j'inspire puis expire plusieurs fois avant de redescendre sereinement les escaliers que j'avais dévalé deux minutes auparavant.

-Tu m'avais l'air perturbé tout à l'heure ? Dénonce Yanis en me voyant arriver calmement.

-Tu crois ? Répondis-je en triant les feuilles d'exercices et de leçons l'air de rien.

-Oui, on aurait dit que je te dérangeais, murmure-t-il à la façon d'un enfant honteux.

-Mais non pas du tout, je devais juste me noter quelque chose d'important avant d'oublier, raconté-je de peur qu'il continue à m'éclabousser de question.

La porte d'entrée claque, c'est ma mère et Alban qui viennent d'arriver. En entrant dans le séjour, ils ne nous manquent pas, la cuisine et le salon forment une seule et même grande pièce à vivre.

-Bonjour, s'exclame Maman gaiement.

Le sourire aux lèvres, je présente rapidement Yanis à ma mère en tentant naturellement de cacher ma gêne. Le jeune homme est au contraire très à l'aise devant ma famille et lance un regard de prince charmant à mon petit frère. Oh misère, l'enfer !

-Qu'est-ce que tu fais ? Murmuré-je en remarquant le sourire qu'affiche Alban après cela.

-Rien... Je sympathise avec ton frangin, dit-il avec ironie.

-Je préférai que tu le fasses d'une manière moins mielleuse s'il te plaît, affirmé-je de mon regard de tueuse. On voit bien que tu n'as pas à subir les bêtises de tes frères et sœurs. Qu'est-ce que j'aimerai être enfant unique des fois.

-On fait quoi maintenant ? On reste ici ou on va travailler dans ta chambre ? Demande-t-il finalement.

-Tu ne dois pas rentrer chez toi ? Il se fait tard, improvisé-je au pied des escaliers.

-J'ai tout mon temps, mes parents ne rentreront pas de sitôt, déclare le garçon en montant les marches encombré de ses affaires de classe.

Et c'est à deux doigts d'ouvrir la porte de ma chambre que j'entends maman qui me crie depuis le rez de chaussé de terminer vite. Yanis et moi nous dévisageons un instant et finalement il m'annonce qu'il doit s'en aller. La tension que j'avais accumulée jusque-là redescend d'un coup suite à cette phrase devenue inespérée.

-Je dois quand même récupérer mon cours d'anglais, tu ne me l'as pas rendu, ajoute-t-il.

-Oui, je l'ai laissé dans mon sac de cours, je vais le chercher de suite.

J'extirpe la pochette de mon sac mais il est trop tard, Yanis est sur le pas de la porte la face médusée.

-Je... Qu'est-ce que... Ton cousin ? Bredouille-t-il.

La barbe de V n'a pas mis longtemps à repousser et il a repris l'apparence qu'il avait la première fois que je l'ai vu. Alors évidemment cela n'a pas échappé à Yanis qui est à présent au courant de mon secret. Je me précipite pour fermer la porte afin d'éviter qu'une autre personne découvre la créature que je cache précieusement.

Somewhere over the rainbows !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant