LE PORC, LA TRUIE ET LEUR ENFANT

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–Des nouvelles de Bérangère ?

–Non, mais tu sais comment sont les filles à cet âge ! Il n'est pas encore 21 heures, elle nous rejoindra au Coq.

–J'imagine qu'elle est encore avec cet Orc ? Je ne suis pas sûr de la compatibilité entre les deux, ma chérie ! Les Orcs ne possèdent pas la meilleure des réputations, comme tu le sais fort bien ! Et de plus...

–Et de plus... Quoi ? Arrête un peu avec tes histoires de compatibilité... Ils s'aiment, quel est le problème ? Baldur n'a peut-être pas de famille noble, mais les Orcs savent travailler les gemmes et sont d'excellents compagnons, de par leur loyauté et leur motivation ! Que crains-tu donc ? Mon cœur t'appartient, Jehan, mais nous n'étions pas non plus parfait en terme de compatibilité... Regarde aujourd'hui le résultat, nous avons un fils ensemble et ma fille t'apprécie de plus en plus.

–Les choses étaient différentes à l'époque, tu le sais fort bien, Aude. Allais-je te laisser dans le pétrin dans lequel tu te situais ou ai-je eu raison de courir à ta rescousse ?

–Était-ce de prime abord par bonté de cœur ou par obligation de contrat ? Hum, pense-y avant d'émettre des doutes sur le fiancé de ma fille.

–Je... Oui ! Je Je vais aller boire un verre à la taverne, le Vieux m'attend. Je vais aussi offrir un verre aux habitants, ils n'ont pas eu des jours faciles ces temps de par les innondations...

–Fais donc ça et nous te rejoindrons dans un temps que nous jugerons opportun. Avant de partir, tu as oublié deux choses, l'une importante si tu comptes consommer et l'autre plus encore si tu tiens à la vie.

Devant le visage sévère de sa femme, Jehan savait qu'il devait trouver les bonnes réponses à ses propos s'il ne souhaitait pas la voir s'enflammer. Il fouilla ses poches et s'aperçut qu'elles étaient vides. Il comprit qu'il avait oublié des pièces pour payer la soirée.

–Des pièces ! fit-il souriant. « J'ai oublié ma bourse. Quant à la seconde, je suppose qu'il s'agit de te laisser un baiser d'au revoir ? »

–Bravo ! Comme tu sembles intelligent ce soir ! répondit-elle ironiquement. Câline, elle se laissa cependant faire et sentit la chaleur bienveillante du souffle de son mari sur son cou, remontant son visage jusqu'à trouver ses lèvres. De ses mains, il lui avait pris la taille et entreprenait de les glisser délicatement le long de son corps. Satisfaite, elle s'exclama :

–Allez maintenant ! Vous pouvez disposer, Monseigneur le Baron ! Il fait frais ce soir, prends ta cape.

–Madame la Baronne ! répondit Jehan poursuivant le jeu de manières de sa femme.

Il s'enveloppa dans sa chaude cape, fabuleux présent de Sarith et referma la porte derrière lui. En effet, Aude avait raison : il faisait frais.


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Bérangère était allongée sur le sol froid, au côté d'un être musculeux à la peau brune, quelque peu terne. Il s'agissait d'un Orc, venu des lointaines contrées de Quarhûg-Tirâsh, le gigantesque pays de sable et de montagnes, dotés de villages majoritairement nomades et de petites villes autarciques. Quelques unes, cependant, s'étaient élevées à un rang important dans le monde du commerce, notamment grâce au savoir-faire exceptionnel des Orc quant aux artéfacts. Ces derniers étaient des objets non magiques possédant des vertus magiques grâce à l'enchantement, l'art d'incorporer des traits spécifiques dans un objet afin de lui conférer des pouvoirs particuliers. La race des Orcs était divisée entre plusieurs peuples, les Orcs des montagne, vivant à Râshag, une cité commerciale importante située au cœur de Volgum, le territoire montagneux de Quarhûg-Tirâsh. Il y avait les Orcs du désert, peuples nomades dont les racines venaient de Tragâsh et les Orcs du Sud, de Kerâsh.

Les Âmes PerduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant