Chapitre 5 : Joker

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« Salut. »

Sherlock tourna la tête et mis quelques secondes à répondre.

« Salut.
- Écoute, faut qu'on parle Sherlock.
- Je ne vois pas de quoi.
- Arrête. Tu sais très bien de quoi je parle.
- Non.
- Hier soir. Tu ne vas pas me dire qu'il n'y a pas matière à discussion ?
- C'est toi qui veux en parler, moi je n'ai rien à dire sur ce qu'il s'est passé.
- Ah carrément. Tu n'as rien à dire ?
- Non. Mais vas-y toi, puisque tu as l'air d'avoir envie d'en parler. Je t'écoute.
- Putain, t'es insupportable !
- Je te laisse parler. Qu'est-ce-que tu veux que je fasse d'autre ? C'est toi qui a à t'expliquer.
- Parce que pas toi peut-être ?
- Je ne vois pas pourquoi.
- Tu ne m'as pas adressé la parole une fois Sherlock ! Pas une fois en une soirée !
- Je t'ai dit bonjour.
- Arrête de me prendre pour un con !Tu m'as ignoré toute la soirée ! Même pas un regard, rien !
-Pourquoi ? Tu avais envie que je te roule une pelle devant tout le monde ?
- Attends, il y a un juste milieu entre faire comme si je n'existais pas et me rouler une pelle devant tout le monde.
- Oh, tu en as déjà parlé à Lestrade, ça n'aurait pas changé grand chose.
- Quoi ?!
- Tu crois que je ne l'ai pas remarqué ? Pourquoi tu lui en as parlé ?
- Parce que j'avais besoin d'un avis.
- Pas capable de se faire un avis tout seul.
- Putain mais arrête ! Arrête Sherlock !Hier tu m'ignores, là tu me casses, dis-le si tu peux carrément plus voir ma gueule ! »

Le brun leva les yeux au ciel en guise de réponse.

« Tu m'emmerdes Sherlock ! Tu le sais ça ? Tu me rends dingue ! Pourquoi t'as pris Molly dans tes bras hier ?
- Il faut que je justifie mes moindres faits et gestes maintenant ?
- Tu crois que je ne sais pas que c'était pour me rendre jaloux ? Tu crois que je ne le sais pas ?!
- Pourquoi tu me poses la question alors ? »

John le regarda,bouillonnant de l'intérieur. Il fit volte-face et commença à s'éloigner. Il avait envie que Sherlock le retienne, qu'il s'excuse,ou qu'ils s'engueulent encore ... Tout sauf partir comme ça. Mais c'est pourtant ce qu'il se produisit. Sherlock ne bougea pas, et John s'éloigna. Sur le chemin du retour, son portable vibra. Un message de lui.

« Ce soir chez moi 20h. »

Non mais pour qui il se prend ?!Il croit vraiment que je vais revenir vers lui comme ça ?!

A 20h, le cœur battant, John sonna à la porte de chez Sherlock. Quelle ne fut passa surprise quand il vit une femme blonde lui ouvrir, sans aucun doute la mère de famille.

« Bonjour madame.
- Oh bonjour, vous venez sûrement pour ...
- C'est bon mère,pas la peine de faire la discussion, on y va. A plus tard ! »

Sherlock arriva,passa devant sa mère, et ferma la porte derrière lui.

« Désolé, elle ne peut pas s'empêcher de parler à chaque fois que quelqu'un sonne à cette porte.
- C'est rien. »

John ne put s'empêcher de le regarder. Toujours aussi bien habillé. Toujours aussi beau.

« Ce n'était pas prévu qu'ils soient là ce soir. Mais du coup, tant pis, on va bien trouver un endroit.
- Euh ... Mes parents ne sont pas là, si ... Si tu veux.
- Parfait. »

Le chemin jusque chez John se fit en silence. Une fois rentrés, il installa Sherlock dans le salon.

« Qu'est-ce-que tu veux boire ?
- Un café, si tu as.
- Ok. »

Quelques minutes,ils étaient tous les deux assis l'un en face de l'autre, leurs cafés à la main. Sherlock brisa le silence.

« Bon ... Je crois qu'on n'a pas fini notre discussion tout à l'heure.
- Possible.
- Et toi alors ? Pourquoi avoir embrassé Sarah ?
- Tu le sais très bien.
- ...
- Ça a été plus fort que moi. Quand je t'ai vu avec Molly j'ai ... J'ai eu envie que tu te rappelles que j'étais là.
- Je ne t'avais pas oublié. Et oui, je sais que je t'ai ignoré hier. C'était ... volontaire. Et puis, prendre Molly par l'épaule n'était qu'un simple test. Pour voir comment tu réagirais, à quel point ça t'atteindrait.

- T'as fait une expérience en fait ?
- C'est ça.

- Ok, parfait.

-Tu m'en veux ?

- J'en sais rien. En règle général, ça fait deux jours que je ne sais plus grand chose, j'ai l'impression.

-Bon ... Tu as encore des choses à me dire ? »

Tellement.

« Non ...
-Alors je ne te dérange pas plus longtemps, dit-il en se levant.
-Non attends ! »

Sherlock se retourna et le regarda.

« Tu dois vraiment partir ?
- Je ne suis pas obligé, non.
- Alors tu voudrais pas rester un peu ?
- Ça ne te dit pas qu'on aille marcher alors ?
- Si tu veux. »

Ils sortirent et marchèrent un long moment en silence. Arrivés devant chez Sherlock, celui-ci regarda John droit dans les yeux.

« Écoute John ... Tout ça, tout ce qu'il s'est passé ... Je crois qu'il faut que ça s'arrête. C'est mieux pour toi. »

John sentit son ventre se tordre, comme s'il venait de recevoir un coup de poing.

« Qu'est-ce-que tu en sais de ce qui est bien ou pas pour moi ?!
- Je me connais. Et je sais que je ne suis pas le genre de personne à laquelle il faut s'attacher.
- Arrête de faire ton mélodrame Sherlock ! Tu es ... Tu es quelqu'un de très bien.
- C'est mieux d'arrêter, avant que tu ne commences à avoir des sentiments John. »

Deuxième coup de poing.

« Ce n'est pas le cas, n'est-ce-pas ? »

Troisième. John plongea son regard dans l'immensité bleue de celui de Sherlock. Sa voix se brisa.

« Joker. »

John, sans se retourner, s'enfonça dans la nuit et disparut, bientôt, au coin de la rue.

A partir de ce moment-là, leurs relations furent cordiales, sans plus. John essaya de faire en sorte que toute affection disparaisse. Et tous les jours il souffrait de voir qu'ils s'éloignaient, mais il se rassurait en se disant que ça le ferait toujours moins souffrir que s'il avait continué à s'attacher davantage.  

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